Mon grand-père ce héros / Part 2
Publié le 30 Mars 2010
Arrivé en Allemagne vers le 20 août 1940, au Stalag 6A où nous nous sommes retrouvés à 50 000 environ, j'ai cherché à rester au camp et tout en travaillant, je me suis procuré un faux cachet de fortune pour obtenir le dernier volet faisant foi de mon appartenance au service sanitaire, car je savais que de par ma confession religieuse, je ne pourrais rester longtemps avec mes camarades. Durant ma captivité il m'a fallu garder sous silence, avec beaucoup de difficultés, mes origines car beaucoup de mes camarades étaient dénoncés et envoyés dans des camps disciplinaires.
Fin janvier 1941, les Allemands, pour faire un contrôle aux soi-disant infirmiers, nous ont demandé quels étaient les soins donnés aux blessés. Mes séjours successifs dans les hôpitaux belges m'ont permis de passer ce contrôle sans trop de mal, car du jour où j'avais pu me lever, j'aidais dans le mesure du possible, les médecins qui étaient débordés et souvent j'assistais à des opérations et faisait des piqures à d'autres blessés.
Lorsque le 25 février 1941 je passais la Stadtkommandanture, je produisis un livret militaire avec de faux cachets prouvant que je faisais partie du service sanitaire. Il faisait plus vrai que vrai! Lorsque je fus renvoyé à Paris, je ne pouvais faire valoir mes faux papiers. Malheureusement mes parents m'ayant déclaré comme "juif" lors du recensement (pendant mon séjour en Allemagne), je ne pouvais prétendre à aucun travail officiel.
Un camarade resté au Stalag m'avait demandé si je réussissais à rentrer, d'aller voir ses parents pour leur donner des nouvelles. Le père de ce camarade, PDG aux Transports Calberson me procura un travail de manoeuvre à savoir décharger des camions de 9h du matin à 7h du soir. Etant donné mon état de santé, je ne pus continuer longtemps à ce rythme et je dus démissionner.
Le 27 décembre 1941 je me mariais. Les rafles organisées par les Allemands commençaient et je me retrouvais dans un autre enfer. A nouveau il fallut chercher un moyen pour se sauver. De fil en aiguilles, je trouvais un passeur qui nous fit traverser la ligne de démarcation à Paray-le-Monial près de Roanne, car nous étions toujours à la merci d'une dénonciation. Au bout de quelques semaines, les autres membres de ma famille vinrent me rejoindre de la même façon. Malheureusement mon père fut déporté à Auschwitz, en passant par Drancy, en avril 1944.
Après bien des péripéties, nous nous sommes retrouvés à Pouy de Touges, un petit village à 50km de Toulouse. Le Maire de cette commune étant un homme de coeur, mis à notre disposition une grange dans laquelle je me mis à faire de la réparation de vélos. Je sus que dans la région il y avait le maquis et je me mis en rapport avec mes FFI.
Elles avaient donc ma grange comme repère et nous passions des plis dans les tubes des vélos. Pour la population nous faisions des réparations car en plus du fait que j'étais réfugié, personne ne devait soupçonner notre véritable travail.
Inutile de raconter par quelle transe nous sommes passés car petit à petit, cette grange devint un dépôt clandestin de munitions. Chaque fois que l'on avait vent d'une rafle, nous allions nous cacher dans la campagne et je revenais après l'alerte car mon chef voulait absolument que je reste dans ce village, j'étais plus utile à faire les transmissions directement sur place.
Mon grand-père ce héros / Part 1