Ma vie dans le train de banlieue
Publié le 25 Mars 2014
Ma vie a changé depuis que je n'habite plus à Paris et quatre jours par semaine je fais partie des milliers de personnes qui prennent le transilien pour aller y travailler.
Après plus de 6 mois de trajets, je peux parler de mon expérience et de mon ressenti.
On me dit "mais c'est long ton trajet" oui c'est long. 1h20 aller et 1h20 retour quand tout va bien c'est long c'est vrai mais en vérité ce n'est pas si long.
Déjà il faut savoir que prendre le train ça n'a rien à voir avec prendre le RER. Je plains vraiment les gens qui doivent prendre le RER tous les jours, là je pense que j'aurais pris dix ans avec la fatigue et la nervosité.
Rien qu'à Paris où je dois prendre le RER pour rejoindre mon boulot, c'est souvent du n'importe quoi, je jongle entre le D, le B et le A et il n'y a pas un jour sans problèmes...
Le matin j'ai toujours une place assise et idem le soir sauf si j'arrive deux minutes avant le départ du train ce qui n'a encore jamais eu lieu. Au pire des cas, au premier arrêt il y aura des places assises. Ce n'est pas le confort grand luxe mais qui dit assise dit tranquille et peinarde.
A partir de ce moment, j'ai une cinquantaine de minutes à moi, du temps uniquement pour moi, du temps que je n'aurais pas pris mais que je suis obligée d'avoir donc j'en profite. Je lis un livre ou des magazines, je regarde des séries, je joue à Ruzzle, je réponds à des mails, je twitte à peine car le réseau est très fluctuant et plus rarement j'écoute de la musique.
Sans ce trajet, je n'aurais ni le temps de regarder toutes les séries que je suis, ni de lire autant.
Le temps passe plutôt vite d'ailleurs sauf les jours de galères, ça va de soi.
Dans le train j'observe beaucoup. Je regarde mes contemporains lire, parler, se maquiller, travailler sur leur ordinateur, dormir, téléphoner, jouer à Candy Crush et parfois j'en vois un sur Ruzzle mais je n'ai pas encore osé dire "on se fait une partie ?"
Il y a les gens qui se connaissent et qui voyagent toujours ensemble. Je commence à repérer des têtes connues et je sais si je suis dans le bon train quand j'entre dans le wagon. On est plusieurs à avoir la stratégie du temps gagné, on se met dans le "bon" wagon pour arriver au bon endroit dans la gare. Pour moi chaque minute gagnée me rapproche de ma fille et me coûte moins cher en baby sitting. C'est valable pour le soir car le matin je m'en fiche, de toute façon j'attends toujours quelques minutes que la foule se disperse avant de sortir du train.
Je reste attentive au paysage que je ne connais pas encore par coeur, je ne lève pas toujours les yeux au même moment et j'ai vécu plusieurs mois d'allers-retours dans la nuit. En ce moment c'est cool, on part il fait jour et on rentre, il fait encore jour au début.
Je suis toujours scotchée par les levers et les couchers de soleil, ceux qui me suivent sur Instagram peuvent en témoigner. J'adore prendre des photos par la fenêtre du train, ça donne parfois des rendus incroyables.
Je regarde le paysage je me perds dans mes pensées. Plus on s'éloigne de Paris, plus c'est beau évidemment. Le train traverse la forêt de Fontainebleau c'est toujours mieux que les barres d'immeubles et centres commerciaux de la petite couronne.
Très honnêtement dans l'ensemble ça se passe bien, je serais de mauvaise foi si je dépeignais ma vie dans le train d'une façon très noire. Prendre le train pour aller bosser ne me pourrit pas la vie dans 90 % des cas. D'ailleurs, c'est plutôt dans le sens contraire, celui du retour que ça déconne. D'une manière générale, j'ai expérimenté beaucoup plus de soucis le soir que le matin et là j'enrage parce que plus je rentre tard moins je vois ma fille et plus ça me coûte cher en garde.
Je conçois qu'il y ait parfois des retards ou des accidents mais le plus énervant dans tout ça c'est la façon dont on nous informe. On nous dit rarement pourquoi ça ne marche pas et comment ça va s'arranger, les informations en gare sont souvent inexactes voire inexistantes et l'immense majorité des conducteurs de train est muette. Le train s'arrête ou reste en gare longtemps et le conducteur ne dit rien. On ne changera rien au fait qu'il y ait du retard mais ce serait tellement plus sympa si on nous parlait. Ce doit être en option dans la formation, la parole... En tout cas merci aux rares qui communiquent et souvent avec humour, ça fait du bien de se sentir considéré. Il y a notamment Conducteur de train qu'on peut suivre sur Twitter, qui répond aux questions qu'on se pose et qui tweete utile.
Parfois c'est le gros bordel à Gare de Lyon, plusieurs trains arrivent avec beaucoup de retard, on ne sait plus à quel train se vouer, les gens se précipitent en masse et là les hauts parleurs se réveillent pour dire "Ne traversez pas les voies" !
L'autre truc rageant c'est le manque de chauffage en hiver. Ce n'est pas systématique mais ça arrive souvent que le train parte avec du chauffage et hop à la première gare après Paris, fini, privés de chaleur. Je ne comprends pas pourquoi les trains ne sont pas tous chauffés du départ à l'arrivée. J'ai écrit à Transilien pour leur poser la question et bien entendu j'ai reçu une réponse qui n'a pas répondu à ma question, de la belle langue de bois comme je les aime.
Voilà, hormis la façon dont sont traités les usagers par Transilien en général, j'aime plutôt bien ma vie dans le train, une parenthèse divertissante dans mes journées de dingue. Je voyage vraiment sur les rails en m'évadant à travers les images et les récits...
Photo prise par la fenêtre du train ! "Ne pas sauter dans l'arc en ciel"!
PS : on a fait le choix de s'éloigner à cause de notre budget mais ensuite quitte à s'éloigner autant avoir quelques avantages. Etre plus proche de Paris peut aussi signifier qu'on voyage toujours debout et là ça devient usant...