Lettre ouverte à la Mairie de Paris
Publié le 20 Septembre 2010
Cher Maire, Cher adjoint chargé de la petite enfance,
Aujourd'hui je suis triste et j'ai la haine. J'en pleure oui, j'en pleure quand ma belle-soeur me dit que si elle ne trouve pas du travail très vite, elle ne sait pas comment elle va nourrir ses enfants. Et pourquoi elle ne peut pas travailler à votre avis? Parce que mon petit neveu qui vient d'avoir 1 an n'a été pris dans aucune crèche malgré les nombreuses démarches effectuées, malgré une situation personnelle justifiant à mon humble avis, l'obtention d'une place.
Et là je me dis que vraiment tout fout le camp. Que l'attribution des places n'est vraiment pas adaptée. Et qu'on ne vienne pas me dire que toutes les places sont attribuées à ceux qui galèrent, on sait très bien qu'il faut des riches pour payer. Mais là quand même, comment sa situation ne peut-elle pas convaincre la mairie qu'il faut lui attribuer une place. Leur foyer a à peine les ressources nécessaires pour payer un loyer. Même pas en rêve, ils peuvent se payer une assistante maternelle, encore moins une nounou. Ils ont 2 enfants en permanence et 4 une semaine sur deux. Alors oui je pars d'une situation personnelle mais combien de personnes sont dans ce cas. Le nombre de femmes que j'entends me dire "Je n'ai pas eu de place parce que je n'ai pas de travail, je ne suis pas prioritaire..." Mais mince enfin, comment trouver un travail en ayant son enfant à la maison. C'est le serpent qui se mord la queue. Pourquoi les femmes qui ne travaillent pas sont mises de côté? Pourquoi? Et dire qu'il y en a qui financièrement ne sont pas obligées de travailler et qui ont des places en crèche.
L'attribution des places en crèche est opaque. Personne ne sait exactement comment sont attribuées les places, qui en profite vraiment et pourquoi il y a autant de pistons. Et ne me venez pas me dire le contraire. Désolée pour les profs qui me lisent, mais j'ai constaté de visu qu'à Paris, ils sont prioritaires même si ce n'est pas justifié ni crié sur les toits. Et pour appuyer mes dires, la semaine dernière une collègue de bureau qui vient de reprendre le travail après son congé maternité, m'a avoué qu'elle avait eu sa place parce que son mari enseigne à la fac. J'ai sûrement moi-même bénéficié du piston d'un élu, je n'en suis pas sûre mais dieu sait qu'à l'époque j'ai remué ciel et terre et tous mes contacts pour avoir le Saint Graal, une place en crèche.
Alors messieurs nos élus, j'aimerais tellement que l'augmentation importante des impôts locaux à Paris servent à financer des places en crèche et le personnel qui va avec.
Je me fiche de Paris Plage, je veux des places en crèche.
Je me fiche de la Nuit Blanche, je veux des places en crèche.
Je me fiche que vous refassiez la Place de la République pour des millions d'euros, je veux des places en crèche.
Je me fiche de la Philarmonie, énième salle de concert qui restera à moitié vide, je veux des places en crèche.
Alors bien sûr, les places en crèche font moins de bruit dans la presse que les événements cités, ça déplace moins les caméras et ça n'a pas d'écho à l'international. C'est beaucoup moins glamour. On en parle 5 minutes puis tout le monde oublie sauf ceux qui sont confrontés à la galère tous les jours ou ceux qui la vivent par procuration comme moi.
Je veux des places en crèche pour que ma belle-soeur et des centaines d'autres femmes puissent travailler pour nourrir leur famille et puissent éventuellement se sentir utiles à la société. Et je vous pose la question messieurs : il faut faire quoi pour avoir une place en crèche ? Parce que même si il n'y en a pas assez pour tout le monde, il y en a quand même...