Le Vent se lève [Avis cinéma Hayao Miyazaki]
Publié le 28 Janvier 2014
Synopsis
"Inspiré par le fameux concepteur d’avions Giovanni Caproni, Jiro rêve de voler et de dessiner de magnifiques avions. Sa mauvaise vue l’empêche de devenir pilote mais il se fait engager dans le département aéronautique d’une importante entreprise d’ingénierie en 1927. Son génie l’impose rapidement comme l’un des plus grands ingénieurs du monde.
Le Vent se lève raconte une grande partie de sa vie et dépeint les événements historiques clés qui ont profondément influencé le cours de son existence, dont le séisme de Kanto en 1923, la Grande Dépression, l’épidémie de tuberculose et l’entrée en guerre du Japon. Jiro connaîtra l’amour avec Nahoko et l’amitié avec son collègue Honjo. Inventeur extraordinaire, il fera entrer l’aviation dans une ère nouvelle."
"Le vent se lève, il faut tenter de vivre..." Cette phrase, extraite d'un poème de Paul Valéry "Le cimetière marin" est le leitmotiv du film. Elle résonne comme un mantra, une ode à la vie, l'espoir que l'on met à vivre.
Le film s'ouvre sur une scène symbolique d'un rêve partagé. Jiro rêve et se retrouve dans celui de Caproni. Avoir un rêve c'est beau et le partager c'est magique. Lors de ce rêve Caproni va dire à Jiro "Les avions sont des rêves merveilleux, ils ne devraient jamais servir à faire la guerre". Et pourtant toute l'ingéniosité de Jiro va servir à fabriquer des avions de chasse, quelle ironie.
Jiro est un jeune homme altruiste et d'une générosité sans pareille, n'hésitant jamais à aider son prochain en difficulté ou ses collègues de travail. Il passe sa vie à rêver de voler avec des avions qu'il aura imaginé. Il rêve au propre et au figuré et donne tout ce qu'il a pour son métier d'ingénieur en aéronautique.
Toute la première partie du film, Miyazaki prend le temps et s'attarde sur son héros, ses aspirations et sa passion. Jiro rêve, on rêve avec lui, on s'évade et on s'envole dans les airs tout en traversant des périodes difficiles de l'histoire du Japon.
La deuxième partie est plus romantique et apporte au film une dimension encore plus poétique. Une histoire d'amour tragique qui gagne en intensité au fur et à mesur que Jiro se rapproche de son rêve. Sa passion semble pourtant plus forte, elle vire à l'obsession et c'est là qu'il met enfin au point son avion parfait, le fameux Chasseur Zéro (que tous les fans de Pappy Boyington connaissent par coeur).
Il y d'autres choses encore sur l'engagement, sur la guerre, sur la liberté...
Le Vent se lève est un magnifique film testament de son auteur et esthétiquement on est ébloui encore plus que d'habitude par la beauté des images. La musique est sublime. J'ai bien aimé retrouver une figure connue des films de Miyazaki avec le visage de Castorp (nom du personnage pris chez Thomas Mann) qui ressemble à celui de la sorcière du Voyage de Chihiro ou de la chef de bande du Château dans le ciel ou encore de Sophie en vieillarde dans Le Château ambulant. Et il y en a d'autres des similitudes ou des références à toute la filmographie d'Hayao Miyazaki. Il faudrait revoir le film plusieurs fois pour tout retrouver !
Une phrase résonne encore en moi "L'atteinte à la vie privée est indigne d'un état moderne". A méditer surtout aujourd'hui n'est ce pas ?
Par contre le film n'est pas vraiment adapté aux plus petits. Je dirais qu'à partir de 8 ans c'est bien et encore l'enfant ne comprendra pas tout. Nina m'a dit avoir beaucoup aimé, surtout l'histoire d'amour, mais je pense qu'elle a trouvé le temps un peu long quand même notamment au début. En tout cas, le film a occasionné beaucoup de questions et nous avons eu de longues discussions sur des sujets aussi variés mais un peu tristes comme les tremblements de terre, la tuberculose, la guerre, le sacrifice par amour...
Voilà c'est fini en j'ai presque les larmes aux yeux en repensant au film, à la carrière de Miyazaki, à tous ces films magnifiques qu'il nous a donné, à toutes ses émotions suscitées depuis tant d'années...