Le Loup de Wall Street - Tel père, tel fils - Fruitvale Station / Revue de films
Publié le 26 Janvier 2014
Le Loup de Wall Street de Martin Scorcese - Interdit aux moins de 12 ans
"L’histoire de Jordan Belfort, courtier en Bourse à New York à la fin des années 80. Du rêve américain à l’avidité sans scrupule du monde des affaires, il va passer des portefeuilles d’actions modestes et de la droiture morale aux spectaculaires introductions en Bourse et à une vie de corruption et d’excès. En tant que fondateur de la firme de courtage Stratton Oakmont, son incroyable succès et sa fortune colossale alors qu’il avait à peine plus de vingt ans ont valu à Belfort le surnom de "Loup de Wall Street".
L’argent. Le pouvoir. Les femmes. La drogue. Les tentations étaient là, à portée de main, et les autorités n’avaient aucune prise. Aux yeux de Jordan et de sa meute, la modestie était devenue complètement inutile. Trop n’était jamais assez…"
On a du mal à croire que le film est adapté d'une histoire vraie. Pas que je sois étonnée que ça puisse se passer comme ça quand on est "pété de tunes" mais de voir ça matérialisé en images, c'est "ah oui quand même..." La scène de prologue du lancer de nains est délirante dans tous les sens du terme.
Scorcese a été jusqu'au bout du délire et s'en est donné à coeur joie. C'est assez rare finalement qu'un cinéaste se lâche à ce point, sans tabous, sans pudeur, sans morale et surtout sans à priori.
Le film démarre à 200 à l'heure avec un Mathew Mc Conaughey incroyable comme d'habitude dans une leçon de trading d'anthologie.
Puis le personnage de Léonardo Di Caprio / Jordan Belfort prend de l'épaisseur en même temps qu'il succombe à toutes les tentations. Le film est une débauche de tout, sexe, argent, drogue, alcool et avilissement humain. Et pourtant le charme de cette bande de grands gamins, qui semblent vivre hors de la réalité ou plutôt dans une réalité parallèle, opère.
Et on rit d'une manière tellement décomplexée que ça fait du bien. Le fond n'est bien sûr pas drôle, cette quête sans fin ou le toujours plus est de mise n'arrive pas à combler les vides intérieurs des existences.
Le Loup de Wall Street est une peinture acide du milieu bien particulier des courtiers. Une histoire de grandeur et décadence, d'amitié, d'esprit d'équipe, de leader charismatique, d'émulation, de gouffre aux chimères...
Tout le casting est au top, la neutralité Suisse en prend pour son grade mais Scorcese ne juge jamais, là n'est pas son propos, il nous laisse juger par nous mêmes. Ce n'est pas du tout une apologie de quoi que ce soit, franchement ça ne fait pas envie longtemps, on est souvent mal à l'aise malgrè les rires.
Il paraît que ça dure 3h mais je n'ai pas regardé ma montre une seule fois ! Un film grandiose !
Tel père, tel fils de Kore-Eda Hirokazu
"Ryoata, un architecte obsédé par la réussite professionnelle, forme avec sa jeune épouse et leur fils de 6 ans une famille idéale. Tous ses repères volent en éclats quand la maternité de l'hôpital où est né leur enfant leur apprend que deux nourrissons ont été échangés à la naissance : le garçon qu’il a élevé n’est pas le sien et leur fils biologique a grandi dans un milieu plus modeste…"
On entre dans le quotidien d'une famille japonaise dont le père travaille beaucoup tout en restant attentif et hyper exigeant enves son fils unique. La mère au foyer s'occupe beaucoup de ce dernier. La famille semble unie malgré quelques désaccords au sujet du caractère trop sensible de l'enfant.
Puis la terrible nouvelle éclate et la famille aussi. Accusations, doutes, remises en question, les parents ne vivent plus ou presque, on ne ferait pas mieux à leur place. La mère se demande comment elle n'a pu reconnaître "avec son coeur" son nourrisson, le père comprend enfin pourquoi son enfant n'a pas le même tempérament que lui... Face à la situation terrible, chacun envisage une solution complètement différente et chacun est surpris par la réaction de l'autre.
Le film aborde la parentalité d'une manière subtile et très juste. On y voit l'importance de la ressemblance, un parent sportif voudrait avoir un enfant sportif, un parent amateur d'art voudrait un enfant qui s'y intéresse etc... Mais même dans le cas d'un enfant biologique rien n'est jamais acquis.
Quelle est la différence entre les liens du coeur et les liens du sang ? Y en a t'il vraiment une ? Y'a t'il un lien plus fort qu'un autre ? Peut-on influer sur la création ? Comment être parent ? Quelle vérité doit-on dire aux enfants ?
Et quand on est parent, on se pose la question "Qu'aurais je fait à leur place ?"
Le film prend le temps de s'attarder sur les parents, les enfants, les questionnements, les introspections... et malgré les événements dramatiques, la mise en scène est d'une sobriété intelligente.
Tel père, tel fils est aussi un magnifique film sur ce qu'est une famille et nous montre qu'être parent c'est aussi savoir lâcher prise et accepter ses enfants comme ils sont. Un message d'amour universel bouleversant.
Fruitvale Station de Ryan Coogler
"Le 1er janvier 2009 au matin, Oscar Grant, 22 ans, croise des agents de police dans la station de métro Fruitvale, San Francisco. Le film raconte les vingt quatre heures qui ont précédé cette rencontre."
Evidemment le fait divers est atroce et quelle que soit la façon dont Ryan Coogler a rendu compte des faits dans son film de fiction (et non un documentaire), rien ne change à la fin, Oscar Grant est bel et bien mort à cause d'une bavure qui n'aurait jamais dû se produire, c'est révoltant, c'est injuste.
L'originalité du traitement de cette affaire qui a secoué les Etats Unis en 2009, réside dans le choix d'avoir raconté la dernière journée avant le drame. Le film s'ouvre sur la vraie scène filmée avec un portable. On connaît la fin dès le début, il n'y aura pas de retournement de situation ni de suspense, Oscar Grant va mourir à Fruitvale Station.
Oscar Grant est un jeune homme proche de sa famille et sympathique mais loin d'être parfait. Il trompe sa copine et deale de l'herbe de temps en temps. Les temps sont durs, il essaie de s'en sortir autrement mais le travail ne court pas les rues. C'est un portrait sans complaisance même si on s'attache grave à lui et l'interprétation pleine de charme de Michael B. Jordan n'y est pas pour rien.
Forcément, au fur et à mesure qu'on s'attache à lui, la journée passe et nous rapproche de l'heure fatidique. La tension monte et j'en avais mal au ventre. On sait que ça va s'arrêter et on ne veut pas. On veut qu'il ait sa chance cet Oscar Grant, on veut que sa fille grandisse avec un père...
J'ai beaucoup aimé le film qui en dehors de raconter un fait divers, s'attarde aussi sur la vie des noirs américains défavorisés dans l'Amérique d'aujourd'hui, entre le ghetto des quartiers d'habitation, la difficulté de trouver un travail, le racisme toujours présent...