La prochaine fois je viserai le coeur, Une nouvelle amie, Respire, The Giver, Les Boxtrolls / Revue de films
Publié le 21 Novembre 2014
La prochaine fois je viserai le coeur de Cédric Anger
"Pendant plusieurs mois, entre 1978 et 1979, les habitants de l’Oise se retrouvent plongés dans l’angoisse et la terreur : un maniaque sévit prenant pour cibles des jeunes femmes.
Après avoir tenté d’en renverser plusieurs au volant de sa voiture, il finit par blesser et tuer des auto-stoppeuses choisies au hasard. L’homme est partout et nulle part, échappant aux pièges des enquêteurs et aux barrages. Il en réchappe d’autant plus facilement qu’il est en réalité un jeune et timide gendarme qui mène une vie banale et sans histoires au sein de sa brigade. Gendarme modèle, il est chargé d’enquêter sur ses propres crimes jusqu’à ce que les cartes de son périple meurtrier lui échappent."
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Le parti pris du film, inspiré d'un célèbre fait divers de la fin des années 70, est celui du serial killer. Même si on ne se souvient pas de l'histoire d'Alain Lamare, on sait tout de suite que c'est lui, ce gendarme au-dessus de tout soupçon, qui tue des jeunes filles sans raison apparente.
Pas de suspense donc, on connait le meurtrier dès le début, le film se passe dans l'action réelle. Ce n'est pas l'enquête qui va nous dire qui est le coupable mais bien l'histoire du tueur.
Franck, gendarme dévoué, mène une vie monacale avec pour seul plaisir, des escapades en forêt où il est proche de la nature. Amour de la nature qu'il tente de transmettre à son petit frère. Ce sont les seules scènes du film où l'on sent le "héros" apaisé et serein.
Un gendarme qui se tient dans son métier, quelques sautes d'humeur ça et là mais qui se lâche ailleurs en étant violent, raciste, désagréable. Il a clairement un problème avec les gens en général et il est mal dans sa peau jusqu'à s'autoflageler et se faire souffrir physiquement. Une lueur d'espoir s'installe quand la douce Sophie, sa femme de ménage, tombe amoureuse de lui et essaie de le séduire maladroitement. Mais il est déjà bien trop tard pour que Franck s'intéresse vraiment à elle et change de vie.
Il se traque lui même et petit à petit il ne maitrise plus les choses.
Qui est ce tueur qui ne semble pas assumer ses actes mais qui ne peut s'en empêcher et pourquoi tue-t'il ? On ne le saura pas vraiment même si le film tente de donner des réponses sur la psychologie tordue et complexe de Franck.
Alain Lamare est interné depuis sa capture et il a été déclaré non responsable de ses actes, ça fait froid dans le dos...
Guillaume Canet est tranformé. Son interprétation est toute en sobriété et en finesse. Il passe du gendarme calme au tueur possédé très naturellement. On sent qu'il est entré dans la peau du personnage.
Un film prenant et intrigant du début à la fin.
Un ami qui a vécu l'histoire de l'intérieur pusiqu'il est originaire de l'Oise, a trouvé le film réussi. Cette histoire a marqué sa jeunesse. Il trouve que le film a réussi à capter l'ambiance de l'époque...
Pourquoi j'y suis allée :par curiosité pour l'histoire, pour voir Guillaume Canet dans un rôle vraiment différent.
Une nouvelle amie de François Ozon
"A la suite du décès de sa meilleure amie, Claire fait une profonde dépression, mais une découverte surprenante au sujet du mari de son amie va lui redonner goût à la vie." Le film est une adaptation libre de "Une amie qui vous veut du bien" de Ruth Rendell
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Chacun a sa façon de gérer le décès d'un proche. L'ombre de Laura est omniprésente sur les vivants. Claire se renferme et David se travestit en femme, en mettant les habits, le parfum de sa femme disparue. Comme s'il était Laura, comme si elle se fondait en lui et ainsi il redonne une mère à son bébé. Ce n'est pas aussi simple...
Claire est attirée par David en femme, retrouve t'elle le plaisir d'avoir une meilleure amie ?
On a l'impression qu'ils entrent dans une relation qui devient un jeu pervers et addictif, renforcé par la manque de Laura. Mais c'est bien plus profond que ça. Qui a un problème ? Claire qui traite David de pervers dangereux ou David qui accepte le jeu ?
Quand David et Claire se retrouvent on dirait deux copines qui font du shopping et s'échangent des conseils beauté. Claire retrouve la joie de vivre et semble prise dans l'euphorie de la transgression tout en apprenant à connaître David alors qu'avant il n'était que le mari de sa meilleure amie.
Le film explore le sujet de l'identité sexuelle propre, celle qui est nous, celle qui émane de nous, sans jamais tomber dans un discours moralisateur du type "il faut accepter la différence, être tolérant..." Même si clairement les partisans de la manif pour tous n'apprécieront pas la famille révélée par François Ozon, il a plutôt voulu montrer les cheminements par lesquels sont passés les deux protagonistes avant de se trouver et d'être heureux.
Une nouvelle amie offre de superbes moments de cinéma comme celui de la boite de nuit où David pleure devant un numéro de travelo. Superbe aussi la musique qui donne un genre mystérieux et romanesque au film.
J'ai vraiment été très touchée par le film et par les comédiens. Romain Duris compose un beau personnage émouvant et tout en finesse.
Pourquoi j'y suis allée : parce que je ne rate pas un film de François Ozon dont j'aime quasiment tous les films depuis le début.
Respire de Mélanie Laurent
"Charlie, une jeune fille de 17 ans. L’âge des potes, des émois, des convictions, des passions. Sarah, c’est la nouvelle. Belle, culottée, un parcours, un tempérament. La star immédiate, en somme. Sarah choisit Charlie."
Charlie, une jeune lycéenne qui prépare le bac, mène une vie un peu morose. Pas d'amoureux, une ambiance sinistre à la maison avec des parents sur le point de se séparer. Rien d'extraordinaire ne ponctue sa vie jusqu'à l'arrivée de Sarah dans la classe.
Sarah c'est la nouvelle, elle est jolie, à l'aise, semble avoir une vie originale comparée aux autres et surtout comparée à celle de Charlie qui trouve la sienne encore plus terne. Elle s'accroche très vite à cette fille si bien dans sa peau qui a toujours des trucs à raconter tout en donnant son avis sur tout avec aplomb.
Mais il s'avère que Sarah est très susceptible et sous couvert de jeu elle devient de plus en plus dure et méchante avec Charlie. Charlie qui commence à ressentir un mal être sans pour autant l'exprimer et peut être ni même savoir pourquoi.
C'est une histoire de harcèlement ordinaire comme il en existe malheureusement trop que ce soit à l'école ou au travail. Charlie se laisse harceler, de quoi se sent-elle coupable ? Un syndrome de Stockolm ?
Sarah joue à chaud froid sans arrêt, elle est manipulatrice. Elle joue à la perfection le bourreau qui se fait passer pour une victime pour faire culpabiliser la vraie victime.
Respire raconte avec justesse une amitié toxique ou l'une est tellement obnubilée par l'autre qu'elle ne se rend plus compte de la réalité... Les deux jeunes interprètes Joséphine Japy et Lou de Laâge sont parfaites et nous font ressentir tous les méandres de cette relation empoisonnée.
Un sujet fort bien traité par Mélanie Laurent, un film dur sur l'adolescence. J'ai vraiment eu besoin de respirer en sortant de la salle...
Pourquoi j'y suis allée : parce que la bande annonce m'a donnée envie
The Giver de Philip Noyce
"Dans un futur lointain, les émotions ont été éradiquées en supprimant toute trace d'histoire. Seul "The Giver" a la lourde tâche de se souvenir du passé, en cas de nécessité. On demande alors au jeune Jonas de devenir le prochain "Giver"..."
Elle fait froid dans le dos cette société égalitaire où toutes les différences ont été gommées, pas de privilèges, pas de pouvoir, pas de looks à la mode ! Un peu comme à la grande époque des idées communautaires de l'ex URSS...
Jonas est un être un peu à part, doué d'extralucidité puisqu'il voit des couleurs alors que les autres voient en noir et blanc, qu'il ressent des émotions alors que le mot n'est même pas dans le vocabulaire autorisé.
Les enfants sont élevés par des parents choisis pour eux, aucune discrimination à la naissance, tout le monde part avec les mêmes chances dans la vie. Les métiers sont choisis par un genre de comité de direction, en fonction des aptitudes montrées pendant l'enfance. Tout le monde a un but.
Où il y a du bien, il y a du mauvais mais dans ce monde tout est contrôlé, même les émotions. Qui dit un monde sans émotions, dit un monde sans amour, sans sensation de bonheur, sans sentiments amoureux...
Tout ce qui peut susciter une émotion est banni : la musique, le sport, le divertissement, même les rêves et la notion de mort...
Jonas doit donc se souvenir du passé pour faire en sorte que le présent ne soit pas bouleversé. Mais se confronter au passé et entrevoir tout ce dont tout le monde a été privé depuis des lustres peut être dangereux pour l'ordre établi...
On peut réfléchir à la question : vaut il mieux une vie réglée sans aucun malheur d'aucune sorte ou une vie normale avec bonheur et souffrance ? Il y aussi la question de la différence qui est la cause des jalousies, de l'envie, de la haine... Mais un monde où tout le monde se ressemble en vaut-il la peine ?
Malheureusement, je trouve que le sujet est traité à la va vite et que du coup il y a des incohérences et des blancs mais j'ai beaucoup aimé me poser toutes les questions que suscite le film. J'ai aimé aussi le casting de Jeff Bridges à Meryl Streep (et même si Alexander Skarsgad n'a pas un grand rôle, il est aussi presque aussi sexy que dans True Blood, c'était la minute groopie...)
On peut dire aussi que l'esthétique noir et blanc du film est réussie. En résumé, un film intéressant qui laisse vraiment sur sa faim.
Pourquoi j'y suis allée : parce qu'après Le Labyrinthe et avant Hunger Games (il me reste à voir Divergente !), je suis toujours dans mon trip films pour ados ! et aussi parce que je trouvais le sujet intrigant. Je n'ai pas lu le livre avant.
Les Boxtrolls de Graham Annable, Anthony Stacchi
'Les Boxtrolls est une fable qui se déroule à Cheesebridge, une ville huppée de l’époque victorienne, dont la principale préoccupation est le luxe, la distinction et la crème des fromages les plus puants. Sous le charme de ses rues pavées, se cachent les Boxtrolls, d’horribles monstres qui rampent hors des égouts la nuit pour dérober ce que les habitants ont de plus cher : leurs enfants et leurs fromages. C’est du moins la légende à laquelle les gens de Cheesebridge ont toujours cru..."
C'est trop bien Les Boxtrolls et ça ce n'est pas uniquement Nina qui le dit. Nous avons toutes les deux adoré ce dessin animé qui sort pas mal des sentiers battus.
Nina est complètement fan du graphisme qui lui a fait penser à Norman qu'elle avait adoré aussi.
Qu'est ce qu'ils sont attachants ces petits Boxtrolls avec leurs grognements qui font penser à des chiens trop mignons. Il y a d'ailleurs un peu des Minions dans les Boxtrolls dans le coté comportement absurde à nos yeux d'humains.
Beaucoup de trouvailles drôles et émouvantes dans le film notamment avec les boites dont s'habillent les Boxtrolls.
C'est étonnant car le film regorge de choses qui au premier abord ne sont pas issues de l'univers enfantin mais qui pourtant marchent bien dans la construction du récit. L'adoration du fromage, le travestissement, la détention, la folie... Avec des sujets pas toujours évidents, les Boxtrolls est un film tout public qui ne prend pas les enfants pour des idiots ! Même si les plus petits ne saisissent pas toutes les subtilités du récit, ils s'attachent aux personnages très facilement.
Une excellente suprise pour ma part, je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi réjouissant.
Avec La légende de Manolo, Les Boxtrolls est notre second coup de coeur du ciné jeune public de ces dernier mois.
Pourquoi j'y suis allée : parce que Nina voulait le voir et moi aussi ! parce que nous avions adoré Coraline et L'Etrange pouvoir de Norman.