De rouille et d'os, Moonrise Kingdom, Dark Shadows, Indian Palace, Margin Call, Babycall / Revue de films [Avis]
Publié le 19 Mai 2012
Une revue de films plus importante que d'habitude due à une absence d'enfant prolongée !
De rouille et d'os de Jacques Audiard
"Ça commence dans le Nord. Ali se retrouve avec Sam, 5 ans, sur les bras. C’est son fils, il le connaît à peine. Sans domicile, sans argent et sans amis, Ali trouve refuge chez sa sœur à Antibes. Là-bas, c’est tout de suite mieux, elle les héberge dans le garage de son pavillon, elle s’occupe du petit et il fait beau.
A la suite d’une bagarre dans une boîte de nuit, son destin croise celui de Stéphanie. Il est pauvre ; elle est belle et pleine d’assurance. C’est une princesse. Tout les oppose.
Stéphanie est dresseuse d’orques au Marineland. Il faudra que le spectacle tourne au drame pour qu’un coup de téléphone dans la nuit les réunisse à nouveau. Quand Ali la retrouve, la princesse est tassée dans un fauteuil roulant : elle a perdu ses jambes et pas mal d’illusions.Il va l’aider simplement, sans compassion, sans pitié. Elle va revivre."
Magnifique histoire d'amour sans pathos entre deux écorchés de la vie, deux tempéraments pas si opposés qu'on pourrait le penser, deux destins qui finissent par se rejoindre. Chacun se fait du bien même s'il faudra du temps pour s'en rendre compte. Le film de Jacques Audiard est une réussite qui m'a fait passer par des émotions intenses entre peur, rire et tendresse. Aucun pathos, juste une réalité plus dure que l'ordinaire et pourtant l'ordinaire qui entoure Ali est déjà bien déprimant. Jacques Audiard aborde aussi ce sujet de la précarité et du traitement des salariés dans les hypermarchés par le biais de la soeur d'Ali, intérprétée par la grande Corinne Maserio (Louise Wimmer).
Matthias Schoenaerts, pour lequel j'avais fait part de mon admiration dans Bullhead, est tellement parfait dans le rôle de ce Ali, homme brut et brutal parfois même avec son fils, qui ne prend jamais de gants pour dire et faire ce qu'il pense même quand il boxe. Il crève l'écran c'est indéniable. Peut être un prix d'interprétation à Cannes ?
Quand à Marion Cotillard elle est toute en finesse et en énergie retenue, excellente elle aussi.
Il y aurait tant à dire sur le film mais je vais finir par ma scène préférée, celle où Stéphanie revient à Marineland et parle avec une orque, un ballet humain/animal sublime, je suis émue rien que d'y penser... Une scène de cinéma à inscrire au panthéon des plus belles scènes jamais tournées...
Moonrise Kingdom de Wes Anderson
"Sur une île au large de la Nouvelle-Angleterre, au cœur de l’été 1965, Suzy et Sam, douze ans, tombent amoureux, concluent un pacte secret et s’enfuient ensemble. Alors que chacun se mobilise pour les retrouver, une violente tempête s’approche des côtes et va bouleverser davantage encore la vie de la communauté."
Un joli conte d'amour entre adolescents de 12 ans ou les premiers émois sont encore plus exacerbés chez les enfants qui se sentent différents. Un conte initiatique où comme toujours chez Wes Anderson, l'absurde et la folie douce se côtoient pour rendre compte d'une réalité pas si éloignée de celle qu'on connait.
Un film plein de charme à l'humour caustique et un coup de coeur pour Edward Norton qu'on découvre dans un nouveau registre dans le rôle d'un chef boy scout au grand coeur.
Un film plaisant mais au final je n'ai pas été transportée comme je m'y attendais. Malgré quelques émotions par-ci par-là, j'ai l'impression d'être restée assez passive durant le film, d'avoir été plus spectatrice attentive qu'autre chose. Ce qui n'enlève rien au fait que Moonrise Kingdom est un bon film.
Dark Shadows de Tim Burton
"En 1752, Joshua et Naomi Collins quittent Liverpool, en Angleterre, pour prendre la mer avec leur jeune fils Barnabas, et commencer une nouvelle vie en Amérique. Mais une terrible malédiction s'est abattue sur leur famille. Vingt années passent et Barnabas a le monde à ses pieds, ou du moins la ville de Collinsport, dans le Maine. Riche et puissant, c'est un séducteur invétéré... jusqu'à ce qu'il commette la grave erreur de briser le coeur d'Angelique Bouchard, une sorcière qui lui jette un sort bien plus maléfique que la mort : celui d'être transformé en vampire et enterré vivant.
Deux siècles plus tard, Barnabas est libéré de sa tombe par inadvertance et débarque en 1972 dans un monde totalement transformé..."
Un Tim Burton + un film de vampire + un casting au poil, tiercé gagnant pour moi ! J'ai aimé retrouvé cette ambiance burtonienne délirante à tous les niveaux, histoire, interprétation, costumes, maquillages, effets spéciaux et décors. Même si je ne crie pas au génie pour ce film j'ai passé un très bon moment et je pense que j'avais le sourire pendant la majeure partie du film.
Eva Green est incroyable, elle m'a scotchée tellement je l'ai trouvée excellente dans ce rôle de méchante sorcière jalouse. Quand à Michelle Pfeiffer, un vrai plaisir de la retrouver dans un bon film et pour un vrai rôle. Elle est merveilleuse et toujours sublime. Et Johnny Depp, toujours aussi à l'aise dans des rôles au pouvoir comique certain. Même Helena Bonham Carter qui me tape sur les nerfs d'habitude a réussi à m'accrocher.
Et puis un détail mais avec lequel j'adore m'amuser dans les films de Tim Burton : les coiffures ! On pourrait reconnaître un film de Tim Burton rien qu'aux coiffures des comédiennes. Avec celles de Dark Shadows on pense inévitablement à Mars Attack mais aussi à Edward aux Mains d'Argent.
Pour résumer, une comédie à l'humour noir qui dépote, pas le meilleur de Tim Burton mais un bon cru tout de même.
Indian Palace de John Madden
"L'Angleterre n’est plus faite pour les seniors, même la retraite se délocalise ! Plusieurs retraités britanniques coupent toutes leurs attaches et partent s’établir en Inde, dans ce qu’ils croient être un palace au meilleur prix. Bien moins luxueux que la publicité ne le laissait entendre, cet hôtel délabré au charme indéfinissable va bouleverser leurs vies de façon inattendue."
La comédie anglaise par excellence, acteurs et dialogues savoureux avec ce flegme et cet humour so british.
L'ambiance en Inde est bien rendue si j'en crois toutes les discussions que j'ai pu avoir avec des personnes y ayant habité, que ce soit au niveau de l'administration ou de la ville qui fourmille jour et nuit.
Un film qui met de bonne humeur et qui remonte le moral et c'est déjà une excellente raison d'y aller !
Margin Call de J.C Chandor
"Pour survivre à Wall Street, sois le premier, le meilleur ou triche. La dernière nuit d’une équipe de traders, avant le crash. Pour sauver leur peau, un seul moyen : ruiner les autres…"
Le film débute par une scène de licenciement à l'américaine d'une violence incroyable bien que seule la parole soit utilisée. Le ton est donné pour la suite... Margin call est un exercice de style bien ficelé même si je n'ai pas saisi toutes les subtilités financières expliquées dans le film. Une chronique d'une mort annoncée, celle d'autres financiers ou de salariés, menée avec un suspense haletant. Un casting impeccable avec mention spéciale à Kevin Spacey. Un univers impitoyable dont le seul attrait est l'argent, description sans concessions qui fait froid dans le dos.
Babycall de Pal Sletaune
"Anna fuit son ex-mari violent, avec son fils de 8 ans, Anders. Ils emménagent à une adresse tenue secrète. Terrifiée à l’idée que son ex-mari ne les retrouve, Anna achète un babyphone pour être sûre qu’Anders soit en sécurité pendant son sommeil. Mais d’étranges bruits, provenant d’un autre appartement viennent parasiter le babyphone. Anna croit entendre les cris d’un enfant..."
Pour la petite histoire, je suis allée voir ce film parce que quand Nina était bébé nous allions souvent à la campagne. Plusieurs nuits durant j'entendais des pleurs d'enfant dans le babyphone et pourtant il n'y avait pas de bébés chez les voisins proches. Je m'imaginais que la maison était hantée par un bébé à l'histoire terrible, bref je me faisais des films et je me suis dit que ça ferait une idée géniale de scénario ou de roman. Babycall ne raconte pas du tout cette histoire mais j'étais troublée...
L'occasion de revoir Noomi Rapace, la géniale Lisbeth Salander de Millenium. Un film angoissant dans lequel on se demande tout le temps si ce qu'on voit à l'écran est la réalité ou le produit de l'imagination des différents protagonistes. Elle porte le film sur ses épaules cette mère poule puissance mille qui ne peut laisser son fils faire un pas sans passer par de terribles angoisses et questionnements et qui tremble devant les services sociaux. Le film aurait pu être bien juste en restant sur cette histoire mais la dimension un peu épouvante qui en découle avec l'histoire du Babycall vient parasiter le film. C'est dommage car l'idée de départ était bonne.
J'ai vu d'autres films plus tôt dans le mois et dont j'ai oublié de parler. Un nouveau départ de Cameron Crowe, le film sympa mais vraiment pas original, l'impression d'avoir vu cette histoire des milliers de fois. Par contre L'Enfant d'en haut d'Ursula Meier, j'ai beaucoup aimé. Une chronique familiale puissante sur fond de drame social, très bien interprétée par Léa Seydoux et un jeune gamin impressionnant Kacey Mottet Klein. Un très bon film qui remue.