'71, Calvary, Qui Vive / Revue de films
Publié le 7 Décembre 2014
'71 de Yann Demange
"Belfast, 1971. Tandis que le conflit dégénère en guerre civile, Gary, jeune recrue anglaise, est envoyé sur le front.
La ville est dans une situation confuse, divisée entre protestants et catholiques. Lors d’une patrouille dans un quartier en résistance, son unité est prise en embuscade. Gary se retrouve seul, pris au piège en territoire ennemi."
Interdit aux moins de 12 ans.
On est plongé directement au coeur du dur entrainement de jeunes militaires qui passent leur vie à obéir aux ordres.
Ils quittent brutalement leur base et sont envoyés en mission à Belfast et enfin confrontés à la réalité du terrain. Ils afffrontent les émeutiers en pleine rue, les projectiles et les crachats tout autant que la haine.
On les sent paumés se demandant ce qu'ils font là. Lâchés en pleine jungle, pris entre les violences policières qu'on leur demande de couvrir et les violences des manifestants à leur égard. On leur demande de protéger des policiers aux méthodes douteuses... confusion des sentiments.
Quand Gary se retrouve seul, il va apprendre ce qu'est vraiment la survie, l'entrainement à côté c'est une ile paradisiaque. A chaque coin de rue il craint pour sa vie. Au fil de ses rencontres on va comprendre avec lui à quel point ce conflit est compliqué et dépendant de tellement de paramètres. Sans compter l'oeuvre des services secrets britanniques qui ne la jouent pas forcément réglo. Gary se retrouve pris entre tous les feux, il est autant une pièce de négociation que l'homme à abattre.
La façon de filmer caméra au poing est hyper réaliste, on est au coeur de l'action, pas de distance entre nous et l'écran ce qui renforce le suspense et la tension qui règne durant tout le film.
Le casting est excellent jusqu'au superviseur qui a une vraie tête d'enfoiré de première et que j'ai adoré détester. Un vrai salaud auquel je n'ai réussi à trouver aucune circonstance atténuante, c'est rare.
Le fim sert également une réflexion et un discours sur l'armée bien comme il faut. Les pacifistes dans l'âme seront ravis.
J'ai adoré, un très très bon film qui remue et qui ne laisse pas indifférent.
Pourquoi j'y suis allée : parce que j'avais vu la bande annonce et j'ai tout de suite été attirée et intriguée. J'ai du attendre presque un mois pour réussir à la voir mais ça faisait vraiment partie des films que je ne voulais pas louper et j'ai bien fait.
Calvary de John Michael McDonagh
"La vie du père James est brusquement bouleversée par la confession d’un mystérieux membre de sa paroisse, qui menace de le tuer. Alors qu’il s’efforce de continuer à s’occuper de sa fille et d’aider ses paroissiens à résoudre leurs problèmes, le prêtre sent l’étau se refermer inexorablement sur lui, sans savoir s’il aura le courage d’affronter le calvaire très personnel qui l’attend…"
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Il fait quoi un homme face à son futur destin tragique quand il est prêtre dévoué à Dieu et à sa paroisse ? Va t'il rester, va t'il fuir, va t'il chercher à savoir qui est son assassin ?
Il surprend ce père James par la paix et la zénitude qui se dégage de lui. Il est d'un calme incroyable.
On va vivre une semaine à ses côtés. Une semaine durant laquelle il reçoit la visite de sa fille, née de de son ancienne vie, qui semble avoir beaucoup de problèmes existentiels, il continue à jouer au père modèle attentif et soucieux du bien être de ses paroissiens. C'est un prêtre qui est au courant de tous les potins du village et qui se coltine des êtres humains un peu félés.
Ils en tiennnent presque tous une bonne couche ces villageois et ils ne sont pas très sympathiques d'ailleurs. On se demande ce qui anime ce prêtre, en tout cas il n'a vraiment pas cherché ce qui lui arrive. Le sentiment d'injustice est énorme.
Et pourtant la montre tourne et plus on avance dans l'histoire plus on se demande comment il fait pour ne pas être plus combatif d'autant plus que des événements malheureux viennent s'ajouter à cette menace.
Quelques effets de mise en scène bien vus, on passe d'un plan calme plat à une intro d'un autre plus violente. Une façon de ne pas oublier que l'histoire risque de mal finir ?
Entre le film noir et la comédie absurde, Calvary dégage aussi de l'émotion notamment grâce à son magnifique interprète principal, Brendan Gleeson. Et les scènes de fin sont grandioses.
Un film original que j'ai bien aimé sans toutefois être complètement conquise.
Pourquoi j'y suis allée : pour continuer sur ma lancée irlandaise et parce que le sujet était original. J'avais aussi bien aimé le film précédent du réalisateur "L'irlandais".
Qui vive de Marianne Tardieu
"Retourné vivre chez ses parents, Chérif, la trentaine, peine à décrocher le concours d’infirmier. En attendant, il travaille comme vigile. Il réussit malgré tout les écrits de son concours et rencontre une fille qui lui plaît, Jenny… Mais au centre commercial où il travaille, il perd pied face à une bande d'adolescents désoeuvrés qui le harcèlent. Pour se débarrasser d'eux, il accepte de rencarder un pote sur les livraisons du magasin. En l'espace d'une nuit, la vie de Chérif bascule..."
On découvre une banlieue classique avec ses barres d'immeuble, ses petits commerces et surtout ses petites misères de la vie quotidienne.
Chérif, vigile dans un centre commercial passe son temps à se faire emmerder par des petits jeunes qui s'ennuient probablement.
Il est coincé dans une vie morne et triste, obligé de retourner vivre chez ses parents à cause de la crise économique. Pourtant il s'accroche et continue à passer le concours d'infirmier plusieurs fois, son seul espoir de s'élever socialement et psychologiquement. Cela devient vital mais on le sent hésitant, pas préparé, comme si la peur de rater menait le jeu perdu d'avance.
Sa rencontre avec une jeune fille sincère pourrait être la motivation qui lui manque mais ce n'est jamais simple et les tentations de basculer du mauvais côté sont omniprésentes et fortes dans la cité.
Il subit des humiliations quotidiennes par des "ptits branleurs" qui se la jouent caïd. Pourquoi un homme comme lui qui cherche à s'en sortir et aller de l'avant va se laisser bouffer par eux ?
A tel point qu'il entre dans un engrenage duquel personne ne sortira indemne à commencer par lui.
Confronté à un vrai cas de conscience, celui d'une vie quasiment, Chérif prend une décision et il s'y tient pour la première fois peut être. Finalement il est prêt à tout pour retrouver une vie qu'il estime être la sienne mais à quel prix... Le loser ne veut plus l'être quoi qu'il arrive...
Un film sensible sur la banlieue, un Reda Kateb qui réussit une belle incarnation d'un homme qui a perdu pas mal d'illusions. Qui Vive manque parfois de profondeur mais j'ai bien aimé ce portrait de trentenaire contemporain hors des sentiers battus.
Pourquoi j'y suis allée : par curiosité pour le sujet et je l'avoue aussi parce que la courte durée du film cadrait avec le temps que j'avais. Mais dans mon autre vie d'avant où j'allais au ciné 5 fois par semaine, je l'aurais clairement sélectionné. Il faisait partie des films "courts" que je voulais voir !