Mon cinéma / Novembre 2024
Publié le 1 Décembre 2024
The substance de Coralie Fargeat
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"Avec The Substance, vous pouvez générer une autre version de vous-même, plus jeune, plus belle, plus parfaite. Il suffit de partager le temps. Une semaine pour l'une, une semaine pour l'autre. Un équilibre parfait de sept jours. Facile n'est-ce pas ? Si vous respectez les instructions, qu'est ce qui pourrait mal tourner ?"
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Un processus totalement dingue et surtout bien contraignant qui n'arrête pas Elisabeth tellement elle n'arrive plus à trouver sa place dans une société qui la rejette.
Hollywood up and down, le diktat de la beauté, l'injonction permanente à la jeunesse désirable caricaturée par des hommes vieux, moches, pervers et dégueulasses pour appuyer le propos.
Le film a une identité visuelle forte et magnifique avec un travail sur le son, les couleurs, les contrastes. La scène robe bleue toilettes est d'une beauté renversante. Le couloir des studios TV en référence à Shining, bonne idée pour montrer l'horreur de cet endroit, le piège qu'il tend aux femmes.
Un conte de fées horrifique sur le mirage de la jeunesse éternelle qui en dit beaucoup sur la solitude des femmes à la cinquantaine, l'envie d'être désirable à tout prix, la façon de se dénigrer sans cesse, de se comparer aux plus jeunes, de ne pas s'accepter, de se sous estimer quand on vit uniquement à travers le regard des autres... La scène Demi Moore devant son miroir, wouaw.
C'est gore, il y a du sang et d'autres choses bien hard mais j'ai trouvé que parler du sujet abordé avec un film de genre était original et plus fort, un pari réussi. Ça va au bout du process en montrant qu'on en veut toujours plus et c'est une course sans fin (cf les dégâts de la chirurgie esthétique).
A force de se sentir comme un monstre on peut en devenir un...
Un duo de comédiennes excellentes dans un numéro d'auto-vampirisme dément. Elles ne sont qu'une Elisabeth/Sue pourtant il faut parfois faire attention à notre petite voix intérieure qui ne nous veut pas que du bien.
J'ai été bluffée par ce film !
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Le royaume de Julien Colonna
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"Corse, 1995. Lesia vit son premier été d’adolescente. Un jour, un homme fait irruption et la conduit à moto dans une villa isolée où elle retrouve son père, en planque, entouré de ses hommes. Une guerre éclate dans le milieu et l’étau se resserre autour du clan. La mort frappe. Commence alors une cavale au cours de laquelle père et fille vont apprendre à se regarder, à se comprendre et à s’aimer."
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Un premier film renversant à la mise en scène magnifique et incarnée.
Scotchée du début à la fin par le regard pénétrant et intense de Lesia posé sur ce monde qui est le sien sans l'être vraiment.
Une jeune fille qui subit un monde imposé mais qui veut aussi en faire partie pour se rapprocher de son père et l'envie de faire parti d'une histoire familiale. Une histoire entourée de morts, de peur et vie cachée. Des moments arrachés, volés à une vie de violence endémique.
Loyauté, famille, tribu, sentiments forts mais en payant le prix des vendettas avec une issue qu'on devine parce que les actes ont toujours des conséquences.
Un héritage parfois lourd à porter, sentiment que doit bien connaître le réalisateur.
Une guerre des clans à travers l'œil de Lesia et ses moments bouleversants de beauté entre père et fille. Une histoire de transmission à la fois tragique et émouvante, dure et douce.
J'ai trouvé intéressant aussi la façon dont la place de la femme est dépeinte dans ce monde machiste et masculin. Lesia est une reine d'un royaume dans lequel elle fait pourtant la vaisselle et la cuisine. Des règles écrites sans qu'on les remette en question, un ordre naturel qui n'empêche pas Lesia de trouver et de prendre sa place.
Le duo Ghjuvanna Benedetti, Saveriu Santucci est d'une force, on les croirait père et fille. Deux inconnus qui jouent comme si c'était vrai.
J'ai adoré ce film, une réussite totale. Un coup de cœur !
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La plus précieuse des marchandises de Michel Hazanavicius d’après un conte de Jean-Claude Grumberg
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"Il était une fois, dans un grand bois, un pauvre bûcheron et une pauvre bûcheronne. Le froid, la faim, la misère, et partout autour d'eux la guerre, leur rendaient la vie bien difficile. Un jour, pauvre bûcheronne recueille un bébé jeté d'un des nombreux trains qui traversent sans cesse leur bois."
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Le calme et la beauté des paysages enneigés que seul trouble le passage incessant des trains de marchandises.
Un passage qui raconte l'indicible dont on va apercevoir la réalité petit à petit.
Les images en noir et blanc de l'intérieur des trains sont puissantes. Tout comme celles des camps de concentration.
Avec cette "petite marchandise" on va voir le meilleur et le pire de l'humain, l'amour et les préjugés et surtout le pouvoir de la propagande et du lavage de cerveau. Et la naissance d'une conscience à travers le personnage du bûcheron.
Un film chargé de symbolisme qui peut parler à toutes les générations. Celles qui savent déjà et celles qui vont savoir et être éduquées.
Un hommage à tous les justes de ce monde, passés ou présents, à ceux qui ne laissent pas la haine dévorer leur cœur.
Contre le négationnisme et le complotisme il faut continuer à raconter sous toutes les formes possibles.
C'est un conte mais pas un conte de fées et parfois pour que de belles choses arrivent il faut qu'il y en ait eu de terribles avant...
Impossible de retenir mes larmes durant cette séance qui m'a bouleversée sur un plan personnel et universel.
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Rabia de Marieke Engelhardt
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"Poussée par les promesses d'une nouvelle vie, Jessica, une Française de 19 ans, part avec sa meilleure amie pour la Syrie rejoindre Daech. Arrivée à Raqqa, elles intègrent une maison de futures épouses de combattants et se retrouvent vite prisonnière de Madame, la charismatique directrice qui tient les lieux d'une main de fer."
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Du cinéma fiction qui s'inspire de faits réels et on imagine la réalité encore plus dure alors que nous ne sommes pas épargnés à l'écran.
On découvre le processus et la préparation des filles avant qu'elles soient "offertes" aux pauvres combattants si méritants. Pour le pire essentiellement.
L'embrigadement, le lavage de cerveau et la prière pour leur faire accepter leur rôle d'épouse soumise et esclave du mari avec le but de reproduction.
Un bordel radicalisé que cette maison de femmes.
Alors que les filles sont en mode rencontre romantique et se racontent des histoires, la réalité du terrain les rattrape.
Impossible de ne pas se dire qu'elles sont stupides, naïves et perdues mais elles restent coupables et ne sont pas des victimes. Les victimes sont leurs enfants.
Le pire du film c'est de voir tous ces enfants innocents élevés dans la misère et biberonnés aux vidéos de massacre.
On ne connaîtra pas vraiment leurs motivations. Ça m'a manqué. Le sujet du film n'est pas la radicalisation mais la vie de cette maison.
En vrai même en sachant je ne peux ni les comprendre ni les plaindre.
Une relation presque sadomaso mais aussi élève-mentor s’instaure entre Madame et Jessica, deux femmes qui nous font peur, interprétées avec intensité par Lubna Azabal et Megan Northam. Un duo qui montre les schémas de la domination et d’emprise et comment il détruit les autres mais surtout soi-même. L'affiche est très représentative du film.
Un premier film intéressant sur l'endoctrinement dont on sent tout le travail de recherche. J'ai aimé malgré des choses moyennes comme la fin.
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Trois amies de Emmanuel Mouret
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"Joan, ne se sentant plus amoureuse, quitte Victor, son compagnon et père de leur fille. Alice, sa meilleure amie, prône quant à elle une forme de mariage de raison, une relation sans amour mais pourvue de tendresse, plus apaisante pour elle que la passion. Tandis que Rebecca, leur amie commune, croit à l’amour comme aventure, et entretient une relation secrète avec le compagnon d'Alice... Trois femmes aux tempéraments éloignés qui défendent leurs idées et revendiquent leurs choix."
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Depuis toujours Emmanuel Mouret explore les relations et le sentiment amoureux et à chaque film on se sent en terrain connu mais renouvelé.
Avec ces trois amies on va s'émouvoir, réfléchir, s'identifier, imaginer.
Aimer, être aimé, envie d'aimer, comment aimer, savoir aimer, faire semblant d'aimer, aimer trop, ne plus aimer, mourir d'aimer... Aventures, ruptures, hasards ou coïncidences, déni, culpabilité, liberté d'aimer et de désaimer...
Autant de situations que traversent nos amies.
Qu'est ce qui est de l'amour, qu'est ce qui ne l'est pas et qui a raison dans sa façon d'aimer? Personne et tout le monde.
Un joli film qui parle de "l'heureuse complexité" des choses de l'amour à travers une partition imprévisible car il y a autant de façons d'aimer et de se faire aimer que d'être humains...
J'aime toujours la simplicité dont fait preuve le réalisateur, sans artifices, juste les mots et les échanges, les émotions et les regards.
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Diamant brut de Agathe Reidinger
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Liane vit de combines pour lesquelles elle ne ménage pas ses efforts perchés sur des talons de 12 qui lui déchirent la peau. Elle aime tout ce qui brille et voit la téléréalité et les réseaux sociaux l’unique moyen de s’en sortir.
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Environnement familial toxique, misère sociale mais une vision bien arrêtée de son avenir. Une fille abîmée qui ne se laisse pas faire.
Le film met aussi la lumière sur les comportements masculins, tout est permis parce qu’une fille est en mini-jupe et décolleté. Insultes, jugements, manipulations. La violence que l’on reçoit quand elle se fait traiter de pute à tout bout de champ. Une triste réalité, l’habit et l’apparence, des signifiants interprétés pas comme il se doit. Une image véhiculée pourtant par d’autres femmes comme la casteuse. La téléréalité est vilipendée ici dans sa façon de mettre en scène et de "forcer" les filles à jouer de leur corps.
Une rencontre avec un jeune homme abimé qui donne de jolis moments de tendresse. Une jeunesse qui n’a pas eu tous les codes ni la chance d’une éducation correcte et aimante. Des jeunes qui font comme ils peuvent. Liane a envie de plaire et de recevoir de l’amour par la seule façon qu’elle connaisse, utiliser son physique, personne ne lui a montré comment plaire autrement. Elle est dure, son envie de ne dépendre de personne est tellement forte que rien ne compte.
Ce personnage (interprétation dingue de Malou Khebizi) m’a remuée et m’a fait m’interroger sur mes propres ressentis et jugements sur toutes ces filles qui utilisent les codes de la féminité exacerbée pour exister.
Je viens de tomber sur une itv de Édie Blanchard qui a écrit "Bimbo. Repenser les normes de la féminité." Ce qu'elle dit est un très bon résumé de ce qu'a voulu montrer le film selon moi : "tout dans la société sexualise les femmes, mais on ne pardonne jamais à une femme de se sexualiser elle-même."
Un premier film percutant !
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Good one de India Donaldson
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"Sam, 17 ans, préférerait passer le week-end avec ses amis, mais elle accepte de rejoindre son père Chris, dans la région des montagnes Catskills de l’Etat de New York. Un endroit paradisiaque où Matt, l’ami de toujours de Chris, est hélas également convié."
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On s'attend à une randonnée "familiale" tranquille, une jeune fille et deux hommes adultes qui la connaissent depuis toujours et inversement.
Mais peut-être que Sam ne les a pas toujours bien jugés et bien jaugés. Que ce soit son père ou le meilleur ami.
A travers la prise de conscience d'une adolescente le film décortique des relations dans lesquelles s'installe imperceptiblement et sur la durée, une notion d'abus de pouvoir d'adulte, de machisme non revendiqué, voire de toxicité.
Jusqu'à quand une "good one" peut tout encaisser sans broncher, sans relever ?
Un film délicat et sensible incarné par une magnifique actrice en train de percer, Lily Collias. Le rythme lent peut ennuyer j'avoue.
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En fanfare de Emmanuel Courcol
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"Thibaut est un chef d’orchestre de renommée internationale qui parcourt le monde. Atteint d'une maladie grave, il découvre l'existence d'un frère, Jimmy, employé de cantine scolaire et qui joue du trombone dans une fanfare du nord de la France. En apparence tout les sépare, sauf l'amour de la musique."
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On lit régulièrement des histoires de fratrie qui se retrouvent une fois adultes et que les aléas de la vie ont séparé dans leur enfance.
J'ai trouvé ici le sujet bien traité avec toutes les questions soulevées autour de la différence de classe sociale et du "hasard" qui fait que l'un a eu accès à tout et l'autre non. J'ai bien aimé que le personnage de Thibaut soit sensible à l'injustice dont il estime Jimmy victime, même sans le connaître plus que ça. Et passer outre des deux côtés sur les préjugés des classe.
Des retrouvailles "forcées" par la santé de Thibaut qui vont se transformer, deux frères qui s'apprivoisent, se découvrent mais on n'est pas non plus dans le mièvre, il n'y a pas de tout est beau tout fonctionne comme dans un conte de fées.
Le film alterne comédie et drame, entre rires et larmes pour ma part.
Benjamin Laverhne et Pierre Lottin sont excellents tous les deux. Leur duo fonctionne à merveille, on s'attache grave.
Et il y a la musique partout, toujours, le point commun de départ entre les deux frères. Que ce soit celle qu'ils jouent ou celle qu'ils écoutent, le classique, le jazz, la fanfare, Dalida ❤️...
Un beau film qui interroge sur le destin, les aspirations qu'on estime trop grandes pour nous, les rêves auxquels on renonce par peur de ne pas y arriver... et propose une belle définition de la fraternité.
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Here de Robert Zemeckis
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"Une odyssée à travers le temps et la mémoire, centrée sur un endroit en Nouvelle-Angleterre où, depuis la préhistoire jusqu'à plus tard, depuis une maison, l'amour, la perte, la lutte, l'espoir et l'héritage se jouent entre des couples et des familles au fil des générations."
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Il faut s'habituer au procédé et c'est fait au bout de 5 minutes. On voit plusieurs couples et familles évoluer au même endroit durant toute la durée de l'humanité.
A travers eux on va vivre l'histoire de l'Amérique des indiens native american au covid et aux violences policières racistes en passant par les guerres ou les progrès scientifiques. Et à travers la famille Young sur laquelle on s'attarde, les choses de la vie tout simplement.
Toutes ces histoires dans l'Histoire racontent tout ce qui fait la vie des humains, la famille, le travail, l'amour, les difficultés, les moments de bonheur, la maladie, les enfants...
Une sorte de fable philosophique sur le temps qui passe et qui souligne le fait que nous sommes tous de passage sur cette terre qui nous survit toujours.
Un joli film tendre qui réussit à raconter un condensé d'humanité en gardant une unité de lieu, en l'occurrence un grand salon.
C'est bizarre de voir les acteurs rajeunis ou vieillis numériquement ou Tom Hanks jeune avec la voix de Tom Hanks vieux mais au final ça passe.
Une fresque universelle qui peut parler à tout le monde.
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Les Reines du drame d'Alexis Langlois
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"2055. Steevyshady, youtubeur hyper botoxé raconte le destin incandescent de son idole, la diva pop Mimi Madamour, du top de sa gloire en 2005 à sa descente aux enfers, précipitée par son histoire d’amour avec l'icône punk Billie Kohler. Pendant un demi-siècle, ces reines du drame ont chanté leur passion et leur rage sous le feu des projecteurs."
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Un film totalement hybride qui mélange allègrement les genres et les musiques. Une histoire d’amour passionnelle entre deux filles qui se croisent sur le casting d’un télécrochet façon Nouvelle star. Elles sont jeunes, belles et elles ont la vie devant elle et elles sont bien drama queens en matière d’amour fou, celui d'une vie qui écrase tout sur son passage.
L’une est rebelle, rock et assume sa personnalité, l’autre veut briller et n’a pas fait son coming-out. Une histoire qui renvoie à un autre couple du passé et le film rend aussi un bel hommage "aux vieilles gloires de la chanson". Le duo formé par Gio Ventura et Louiza Aura est vivifiant !
Des décors kitsh assumés, même les sacs poubelles sont glamour, mais aussi une ambiance clipesque des années 2000, ça m’a fait aussi penser à Bertrand Mandico.
Beaucoup de thèmes abordés, féminisme et questions de genre, la célébrité et ses tourments, l’amour compliqué entre personnes de classes sociales différentes, la société du fake pour le paraître, les mensonges pour plaire au public...
De l’humour aussi disséminé partout et notamment dans les commentaires sous toutes les vidéos en live (ça va vite mais quand on arrive à lire c’est priceless !)
J’ai apprécié aussi l’hommage à Britney Spears dans un geste intuitif de Mimi Madamour...
Et Bilal Hassani en narrateur, génial dans le rôle du fan éperdu qui vrille totalement, une sorte de rôle inversé fiction/réalité.
Les musiques du film sont vraiment travaillées et on a un tube en puissance avec "Pas Touche".
Un film libre et fou, pop et queer, bourré de tendresse et de second degré.
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Au boulot de Gilles Perret et François Ruffin
« C’est quoi ce pays d’assistés ? De feignasses ? »
Sur le plateau des Grandes Gueules, l’avocate parisienne Sarah Saldmann s’emporte: « Le Smic, c’est déjà pas mal. » D’où l’invitation du député François Ruffin : « Je vous demande d’essayer de vivre, madame Saldmann, pendant trois mois, avec 1 300 €. – Admettons, mais une semaine, ça sera déjà pas mal. »
Alors : peut-on réinsérer les riches ? "
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Il y a 2 choses dans ce documentaire, une mise en lumière de gens au smic qui bossent dur et qui sont loin d’être assistés ou fainéants et la tentative avortée de convaincre une fille hors sol de ce que vivent la majorité des Français.
On se doute que la première est plus forte et impactante que la seconde anecdotique et probablement inutile.
Sarah on dirait une comédienne qui en fait trop, on n’arrive pas à croire qu’elle soit aussi déconnectée des autres et même de la vie en fait. L’argent clairement n’achète ni l’élégance ni le comportement décent. L’impression qu’elle ne sert à rien, clairement moins utile à la société que les smicards, une jeune femme de 2024, rétrograde qui semble sortir de l’Inquisition. Peu importe si j’ai tort, c’est l’image qu’elle donne d’elle.
On assiste à un dialogue de sourds, en même temps la fille est juriste pas sociologue, elle n’y connait rien. N'importe qui sait que le milieu et le lieu de naissance est déjà déterminant.
Est-ce que va infuser ? On ne le saura pas et limite on s’en fiche. Comme dirait l’agriculteur du film « Les cons ça ne doute de rien ». Ce n’est pas en une semaine choisie que ça peut bouger. Il faudrait qu’elle perde tout pour se rendre compte.
Ok elle disparait du film avant la fin pour cause de brouille avec Ruffin mais je ne vois pas ce que ça aurait pu lui mettre dans le crâne.
Quand aux vrais héros du quotidien, ils nous touchent, nous donnent des leçons parce que même si nous ne sommes pas Sarah, la plupart ici nous sommes privilégiés et ça fait du bien d’entendre les témoignages, de voir les corps et les visages abîmés par la vie et le travail, de sentir la honte du déclassement, la peur du lendemain. Moi dans mon bureau je suis bien. Ça permet de se rappeler que derrière chaque personne il y a une histoire unique et qu’on ne doit jamais juger sans savoir. (j’ai jugé Sara oui mais elle choisit ce qu’elle montre, je juge sur pièces).
Très belle conclusion sur la chanson de Stromae « Santé ». Merci d’avoir célébré ceux qui ne célèbrent pas...
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37 : L'ombre et la proie
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"Vincent, chauffeur-routier, prend en stop une jeune femme qui prétend s’appeler Trente-Sept. Très vite, son comportement étrange éveille les soupçons du routier. Mais Vincent lui-même n’est peut-être pas aussi innocent qu’il n’y paraît... Entre le chauffeur et sa passagère s’engage alors un jeu diabolique qui va bientôt devenir totalement hors de contrôle."
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Pendant toute la première partie dans laquelle on ne sait rien, le film a bien joué avec mes nerfs. Un huis clos angoissant sur la route. Mystère et suspense au rendez-vous.
J'ai été bien accrochée tout du long et on comprend petit à petit en n'étant pas sûr de bien comprendre ou en ne voulant pas avoir compris...
Les apparences et les choix, les actes et leurs conséquences...
J'ai plutôt aimé sauf la toute fin qui m'a un peu gâché le ressenti général. Déçue par le choix qui est fait. L'empathie n'a pas du tout marché sur moi sur ce coup...
En tout cas une proposition intéressante.
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Blitz de Steve McQueen
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"À Londres, pendant la Seconde Guerre mondiale, un jeune garçon de neuf ans prénommé George est évacué vers la campagne par sa mère, Rita, pour échapper aux bombardements. Déterminé à retrouver sa famille, il entreprend un voyage épique et périlleux pour rentrer chez lui."
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La détermination et l'innocence d'un petit garçon porté par l'envie de rentrer chez lui.
Voyage épique et initiatique à travers les yeux d'un enfant dans la guerre.
Et le racisme qu'a subit le père, que subit le fils et tous les autres. Une jolie rencontre entre George et Ife, un soldat noir dans lequel il trouve un peu de ses racines.
La photo est magnifique, de très beaux plans, la mise en scène est soignée.
Par contre il faut m'expliquer l'intérêt du rôle de Jack joué durant trois minutes par Harris Dickinson. Un simple figurant aurait fait l'affaire. Du gâchis de talent !
Je n'ai pas trouvé que c'était un grand film du réalisateur mais un film qui dégage quelque chose malgré tout. Une atmosphère, une reconstitution bluffante de Londres durant le blitz et un jeune acteur convaincant. Ainsi qu'une autre image de la guerre, celle qui est parallèle aux champs de bataille. Après une sortie en salles durant un week-end, c'est à voir sur @appletv
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Adieu Philippine de Jacques Rozier (1962)
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"Michel est machiniste à la télévision. Il lui reste deux mois avant d'aller effectuer son service militaire en Algérie. Lorsqu'il rencontre Juliette et Liliane, il choisit de partir en Corse pour profiter de ses derniers jours de liberté."
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Ode à la liberté de la jeunesse, des corps, des envies. Des jeunes en quête d'aventure et de nouveauté. Un été où l'on avance au gré des rencontres et où l'on papillone de Paris en Corse. Trio, duo, un ménage à trois toujours entre feu et glace.
Et une sorte d'ombre qui plane avec le départ pour la guerre d'Algérie.
Ce premier film de Jacques Rozier est étonnant sur la forme et les images. Un réalisateur Nouvelle Vague que je connaissais à peine. Il filme des amateurs et ça se sent mais ça donne un style et une liberté réjouissante.
Tout est filmé en décors réels et j'ai adoré voir le Paris d'époque sans aucun trucage. Le film pourrait presque être un documentaire sur certains aspects. Le comportement des hommes dans la rue avec les femmes par exemple, les repas en famille, le tournage des pubs, un certain milieu social où à 18 ans il faut bosser et la guerre en arrière fond et ses dommages collatéraux sur la jeunesse.
Un film plus en mode découverte, intérêt social et cinématographique que sur le plan émotionnel pour moi.