Mon cinéma / Décembre 2025
Publié le 2 Janvier 2025
My sunshine de Hiroshi Okuyama
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"Sur l’île d’Hokkaido, l’hiver saison du hockey pour les garçons. Takuya, lui, est davantage subjugué par Sakura, arrivée de Tokyo, qui répète des enchaînements de patinage artistique. Il tente de l’imiter si bien que le coach de Sakura, touché par ses efforts, décide de les entrainer en duo en vue d’une compétition prochaine… À mesure que l’hiver avance, une harmonie s’installe entre eux malgré leurs différences."
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Takuya est un jeune garçon rêveur qui s'émerveille et qui bégaie, qui prend le temps de regarder la beauté du quotidien et nous aussi à travers ses yeux. Il rêve plus fort devant Sakura qui virevolte sur la glace tandis qu’Arakawa l’entraineur et ancien champion tente de forger un matériau brut dont il devine le potentiel.
Se revoit-il au même âge ? Imagine-t-il un avenir radieux pour Takuya ? Retrouve t’il l’envie et le plaisir d’enseigner à ce jeune garçon timide qui prend littéralement son envol sur la glace ?
Un trio se forme et nous offre des moments sublimes de beauté, de tendresse, de joie de vivre et de partage d’une passion.
Une très belle ambiance de patinoire, la lumière, les couleurs feutrées, le bruit de la glace...
Sakura a du mal à partager l’attention de son coach, traversée par des sentiments et des choses qu’elle ne comprend pas forcément ou alors les comprend-elle trop bien. L’ambition, la préadolescence, les films que peuvent se faire des jeunes filles dans leur tête, la jalousie, l’incompréhension, les préjugés et les réactions de la société japonaise face à l’homosexualité. Pour moi, il y aussi la cruauté de la jeunesse à cet âge lorsqu’on connait les conséquences de ses actes et qu’on est dépassé par ce qu’on dénonce.
Le temps d’une saison, un destin qui se dessine et fond comme la neige au soleil. Ou peut-être renaitra-t-il différemment avec le printemps...
Un film qui m’a touchée par sa délicatesse, sa douceur, son ambiance et ses couleurs de l’hiver. J’ai eu un élan de nostalgie de ces hivers enneigés de mon enfance qui n'existent plus...
Banzo de Margarida Cardoso
"Îles de Sao Tomé-et-Principe, 1907. Le docteur Afonso vient refaire sa vie dans une plantation de cacao, où il doit soigner un groupe de serviteurs "infectés" par une maladie connue sous le nom de Banzo, la nostalgie des esclaves. Les décès se succèdent les uns aux autres, sans que personne ne semble pouvoir rien y faire. Comment guérir une souffrance que la médecine ne peut apaiser ?"
Afonso nous fait entrer dans le système colonial portugais dans lequel on découvre toute une galaxie de personnages qui gravitent autour des esclaves de la plantation et qui entretiennent le système. Des colons qui se persuadent que chez eux les esclaves sont mieux traités parce qu'ils sont des "serviteurs".
Le film décortique toutes les relations complexes de ceux qui habitent l’exploitation : esclaves, gérants, contremaîtres, domestiques, administratifs, visiteurs... A ce titre, celle Donna Luisa avec sa servante noire qu’elle veut emmener au Portugal, glaçante et cynique jusqu’au bout alors que Luisa se targue de voir ce qui se passe mais sans y adhérer...
Le film est d’une richesse inouïe et aborde également des sujets comme le déracinement forcé, l’hypocrisie et le déni des exploitants, la photographie comme témoin ou travestissement du réel. Un élément important de film et de l’époque avec Alphonse qui met en scène pour de l’argent mais qui montrera ce qu’on ne veut pas voir.
Il parle aussi de tous les méfaits moins visibles de la colonisation comme l’importation de nouvelles espèces aux conséquences dramatiques.
Et à travers le banzo, la violence de tout ça : on peut mourir d’un manque de son pays.
Afonso est démuni devant cette dépression mortelle tout en affrontant sa propre impuissance face à l’institution. Il essaie de comprendre, il cherche, il veut trouver des failles car quel homme sensé quitterait son pays pour travailler ailleurs en étant traité comme une bête.
Quelques zones grises ou le fantomatique prend sa place pour donner au film un résultat entre réel et rêve. Comme la brume qui se lève, on est parfois dans un brouillard enveloppant de sensations diverses.
Un film passionnant et plastiquement sublime dans des décors naturels qui sont aussi importants que les personnages.
Des plans, des cadrages, des couleurs qui marquent, une belle mise en scène esthétique pour un sujet très fort et bouleversant. Un devoir de mémoire qui redonne un nom et une existence à ces déracinés forcés d’être esclaves...
Conclave de Edward Berger
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"Quand le pape décède de façon inattendue et mystérieuse, le cardinal Lawrence se retrouve en charge d’organiser la sélection de son successeur. Alors que les machinations politiques au sein du Vatican s'intensifient, il se rend compte que le défunt leur avait caché un secret qu'il doit découvrir avant qu'un nouveau Pape ne soit choisi. Ce qui va se passer derrière ces murs changera la face du monde.
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C'est visuellement magnifique. Chaque plan est une photo, un assemblage de couleurs réussi.
Passionnant de voir cette assemblée de cardinaux avec les mêmes travers que tous les humains : jalousie, course au pouvoir, racisme, mépris...
Tous les sujets qui bousculent la religion aujourd'hui : place des femmes, contraception, tolérance envers les homos...
Conciliabules, manigances, influences... on entre dans le secret du conclave et à chaque vote on se demande ce qui a influencé les votes et pourquoi ça change.
La bataille des conservateurs et des réformateurs. Les choix ou les non choix de destins personnels. Alors que durant ce conclave des événements extérieurs pourraient venir troubler le vote s'ils étaient ébruités.
Ça ressemble à de la politique et ça en est.
Un vrai thriller avec du mystère, du suspense et un casting papal !
J'ai adoré la mise en scène.
Limonov, la ballade de Kirill Serebrennikov
"Militant révolutionnaire, dandy, voyou, majordome ou sans abri, il fut tout à la fois un poète enragé et belliqueux, un agitateur politique et le romancier de sa propre grandeur. La vie d’Edouard Limonov, telle une traînée de soufre, est une ballade à travers les rues agitées de Moscou et les gratte-ciels de New-York, des ruelles de Paris au coeur des geôles de Sibérie pendant la seconde moitié du XXe siècle."
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Je n’ai pas lu le livre, je ne connais pas l’histoire de Limonov donc totale découverte mais j’y allais pour Ben Whishaw et KS dont j’adore les mises en scène.
Avec cette histoire il confronte le passé et le présent et rien de nouveau, on reproduit toujours les mêmes erreurs. Avec un focus ukrainien dont on saisit les enjeux profondément ancrés dans l'histoire de l'Est (notamment le gaz).
Limonov aime attirer l’attention il est tout le temps dans l’excès et la mise en scène endiablée de KS convient bien au personnage. Antisytème mais acceptant les aides sociales, révolutionnaire mais plutôt fidèle à la Russie communiste, un comportement sans ligne directrice mais une envie folle d’écrire et d’être publié. Limonov aux mille et une vies en attendant la célébrité.
Les deux plans séquences à New-York sont déments que ce soit le délire dans la rue ou le passage des années 80. J’adore ! The Kiril Serebrennikov touch !
Et la caméra qui s’attarde beaucoup sur les sdf de la ville...
Un film inégal sur la durée mais j'ai aimé l'ensemble. Je passe sur la langue anglaise car c'est notamment le cas de quasi tous les films US qui se passent à l'étranger mais je reconnais que Ben a très bien travaillé son accent russe ! On pourrait débattre longtemps sur le sujet...(House of Gucci si tu me lis 😅)
Le portrait survolté d'un provocateur qui finit extrémiste... où mène la poésie parfois !
Crossing Istanbul de Levan Akin
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"Lia, professeure à la retraite en Georgie, s’est promis de retrouver Tekla, sa nièce disparue depuis trop longtemps. Cette quête la mène à Istanbul, ville de tous les possibles. Elle y rencontre Evrim, une avocate qui milite pour les droits des personnes trans, et Tekla lui semble alors de plus en plus proche."
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Une promesse faite à une sœur défunte et voilà Lia qui embarque avec elle, Achi un jeune géorgien paumé qui veut voir du pays et fuir son village perdu. Une cohabitation forcée d’un couple uni par une quête qui semble compliquée.
Entre ces deux, la route ne va pas être tranquille mais on sent naitre petit à petit un respect mutuel et une forme d’amour forgé par l’union solidaire de deux êtres seuls. Un duo mal assorti mais qui réussit à exister dans une sorte d’alchimie burlesque.
Lia se pose beaucoup de questions sur le choix de vie de sa nièce et de tous les "problèmes" causés vis-à-vis de la famille ou de la société. « Elle aurait pu devenir quelqu’un »...
On sent qu'elle voudrait comprendre et son incursion dans le quartier trans d'Istanbul pourrait lui élargir le cœur.
En parallèle, on suit Evrim qui est en phase de changement de sexe et qui se consacre bénévolement aux autres, trans ou gamins miséreux.
Les routes se croisent.
Errances et déambulations, morceaux de vie dans une Istanbul loin des clichés touristiques. Transphobie, injustice mais aussi grande solidarité d’une communauté qui se serre les coudes.
On cherche Tekla et on trouve une famille, celle qu'on se crée, celle qu'on choisit.
Un film hors du temps qui dégage un charme auquel j’ai succombé. Un film généreux.
Daddio de Christy Hall
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"À l’aéroport JFK de New York, un soir, une jeune femme monte à l’arrière d’un taxi. Tandis que le chauffeur démarre sa voiture en direction de Manhattan, ces deux êtres que rien ne destinait à se rencontrer entament une conversation des plus inattendues…"
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Un huis clos bien fait car je ne me suis jamais sentie à l'étroit dans ce taxi.
Je dois reconnaître aussi que je ne me suis pas ennuyée alors qu'il n'y a pas d'action, uniquement du dialogue et il fallait tenir la distance.
J'ai accroché au principe parce que dans la vie on se confie parfois facilement à des inconnus où on les écoute. On sait qu'il n'y aura pas le même jugement que chez nos proches.
Des sujets classiques qui nous parlent tous comme les relations familiales et amoureuses. Oui ce n'est pas original mais le duo Dakota Johnson et Sean Penn fonctionne.
Sean Penn rien à dire sur ce grand acteur mais j'ai été fascinée par Dakota. Elle m'a épatée et j'ai été aussi subjuguée par sa beauté, elle est sublime avec une touche de fragilité bouleversante.
Un petit film indépendant qui m'a plu. J'ai aimé ce voyage dans la nuit.
The wall de Philippe Van Leeuw
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"Jessica Comley est un agent de la patrouille frontalière américaine en poste à Tucson, en Arizona, dans une zone désertique où les trafiquants de drogue et les immigrants illégaux tentent leur chance de traverser."
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Jessica est en colère et elle renvoie son état d’esprit à tout le monde et encore plus aux gens qu’elle croise au bord des frontières. Racisme et inhumanité froide font partie de son mode de vie. On rencontre son père dont le passe-temps est de chasser du très « gros » gibier... tel père, telle fille. Sa vie sexuelle est flippante et ses collègues adorent la détester. Une femme dont on voudrait qu’elle souffre et que ce soit douloureux.
Parfois, en famille elle sourit mais quand elle perd soi-disant le contrôle lors d’une patrouille, elle devient pire.
Être patriote et dire protéger son pays en étant la pire des personnes, en ayant plus aucune compassion, son monde est celui de la haine de l’autre. Le réalisateur a voulu montrer le jusqu’au boutisme des idées et des choses dont on se persuade.
Le film nous montre le travail d’une patrouille frontalière et les gens qui vivent dans cet environnement. Notamment une tribu de native americans, les Tohono O’odham dont le territoire a été coupé par la frontière. La façon dont on les traite est dramatique notamment Jessica qui se conduit avec eux d’une manière épouvantable. Le film monte en tension avec la confrontation d’un vieil indien sage et de cette femme déshumanisée pleine de haine. Le dialogue est impossible.
Vicky Krieps est terrifiante dans ce rôle, un vrai caméléon pour endosser la peau de Jessica. Quelle performance !
J’ai aimé le film mais il m’a un peu perdue sur ses intentions avec les mélanges de direction prise.
Domas le rêveur de Arūnas Žebriūnas
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"Le petit Domas peut s’endormir n’importe où : la tête posée sur un bureau d’écolier, sur un banc public, ou même dans une cave sur une pile de matelas. C’est qu’il essaye par tous les moyens de retrouver dans ses rêves un mystérieux général qu’il a rencontré un après-midi au bord d’un lac. Ses camarades de classe, fascinés par l’histoire de ce général font tout pour lui faciliter le sommeil."
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Un film lituanien inédit de 1973.
Le lituanien est une langue très chantante et très agréable à entendre.
Un film qui nous transporte immédiatement dans le passé avec sa photo typique des 70's.
Domas est une petite star à l'école. Tout le monde veut connaître la suite de ses rêves.
La dégaine des gamins est extra et ils ont une enfance qui me rappelle la mienne et qui montre à quel point les enfants d’aujourd’hui ont changé ou plutôt comment l’évolution de la société les a changés.
La musique accentue le côté comique façon film muet. Parce que c’est un film à la fois poétique et drôle, fou et empreint de nostalgie. Le duo père-fils est un des grands ressorts comiques de Domas le rêveur. Avec la mère qui essaie tant bien que mal de les discipliner.
Une jolie fable sur la symbolique des rêves et la façon dont ils sont une vraie richesse dans l’imagination débordante des enfants. J’ai vraiment craqué sur tous les gosses du film, ils sont géniaux et trop mignons, tellement naturels, libres et instinctifs.
Un film au charme irrésistible de l’enfance et de ses rêves.
Arūnas Žebriūnas était un réalisateur qui s’adressait aux adultes avec des films sur l’enfance tournés avec des enfants pour échapper à la censure du parti unique dans l'Union soviétique des années 1960. J’ai très envie de découvrir ses deux grands succès internationaux : La jeune fille à l’écho et La belle.
En 1973, la Lituanie était occupée illégalement par l’URSS (le passé ne fait que se répéter partout...) depuis la 2ème guerre mondiale et ce jusqu’en 1991.
Everybody loves Touda de Nabil Ayouch
"Touda rêve de devenir une Cheikha, une artiste traditionnelle marocaine, qui chante sans pudeur ni censure des textes de résistance, d’amour et d'émancipation, transmis depuis des générations. Se produisant tous les soirs dans les bars de sa petite ville de province sous le regard des hommes, Touda nourrit l’espoir d'un avenir meilleur pour elle et son fils. Maltraitée et humiliée, elle décide de tout quitter pour les lumières de Casablanca..."
Un début joyeux qui nous montre le pouvoir du chant ancestral puis le cauchemar. On va suivre Touda, mère célibataire, heureuse de chanter et porter sa voix, une femme libre qui galère pour s’en sortir et surtout trouver la meilleure éducation pour son fils sourd-muet. Un pays ni tendre avec les femmes, ni avec les handicapés. Elle aime son métier et elle enchaîne les contrats, on lui demande toujours plus. Touda en a marre de se faire exploiter, tripoter et pire... Casablanca lui semble l’endroit pour percer et faire scolariser au mieux son fils. Qu’elle est belle leur relation. Un très beau portrait de femme entre espoir et désillusion. Car peu importe le lieu, le milieu, un schéma qui se répète encore et encore dans lequel la chanteuse est une offrande et avec laquelle les hommes se croient tout permis. Le talent et l’envie ne suffisent pas.
Son rêve est-il vraiment impossible dans cette société qui ne respecte pas les femmes ?
Belle métaphore avec l’ascenseur et l’ascension sociale.
Reprendre le contrôle de sa vie, aller au sommet mais pas à n’importe quel prix...
De très belles images dans les décors naturels de la sublime campagne marocaine et une interprétation pleine de fougue de Nisrin Erradi. Nabil Ayouch continue à créer une belle filmographie.
Marmaille de Grégory Lucilly
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"Thomas, 15 ans, n’aspire qu’à remporter un concours de breakdance et partir pour la métropole. Mais quand sa mère le met brutalement à la rue ainsi que sa sœur Audrey et son bébé, leur monde s’effondre. Placés chez leur père inconnu et livrés à eux-mêmes, ils doivent surmonter l’abandon et se reconstruire."
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Un premier film venu de la Réunion en créole et c'est une première en métropole, je voulais soutenir ce film dont le sujet me plaisait.
Un film qui fait écho à beaucoup de choses personnelles et qui m'a touchée plus que prévu.
Ce qui frappe de suite c'est le contraste entre les paysages de rêve et la misère sociale. On plonge directement dans le système de l'Ase, et de la justice familiale.
Une mère qui met à la porte, un père "inconnu" qui recueille malgré lui. Des deux côtés c'est compliqué.
On n'a pas toutes les explications mais la réaction et le comportement de la mère sont d'une violence terrible. Être rejeté comme ils le sont et sans espoir d'amélioration, moi aussi j'aurais vrillé. Plus tard une scène d'échanges de SMS m'a retourné le cœur.
Thomas se défoule dans la danse et il est virtuose, Audrey veut s'émanciper. Il va falloir composer avec un père et les relations difficiles et tendues quand on retrouve un parent des années après. S'apprivoiser, composer avec la nouvelle famille et peut-être un jour s'aimer...
Thomas a du mal à canaliser sa violence, il est en colère et c'est compréhensible, la danse apporte une respiration et un espoir. Aller en métropole, le graal...
Une relation sœur frère intense et magnifique, de celles qui se forgent face à la maltraitance et au système.
Un film qui raconte la Réunion, les difficultés de la vie quotidienne, l'enfance bouleversée avec les jugements, les foyers, la violence envers les femmes et la marmaille...
Un duo de personnages très forts interprétés avec fougue par Maxime Calicharane et Brillana Domitile Clain. Ils sont géniaux.
Leurs enfants après eux de Ludovic et Zoran Boukherma
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"Août 92. Une vallée perdue dans l’Est, des hauts fourneaux qui ne brûlent plus. Anthony, quatorze ans, s’ennuie ferme. Un après-midi de canicule au bord du lac, il rencontre Stéphanie. Le coup de foudre est tel que le soir même, il emprunte secrètement la moto de son père pour se rendre à une soirée où il espère la retrouver. Lorsque le lendemain matin, il s’aperçoit que la moto a disparu, sa vie bascule."
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J’avais adoré le roman mais 6 ans après, le souvenir estompé, j’ai voulu voir le film sans le comparer au livre. Lors de la séance les souvenirs reviennent malgré tout.
J’aurais voulu adorer ce film mais ça n’a pas été le cas. Aimé oui mais le film ne me marquera pas, il m’a manqué de l’ampleur, la touche qui me transporte.
Plusieurs choses m’ont dérangée. Beaucoup d’ennui dans la première heure et malgré le beau jeu de Paul Kircher, je l’ai vu en train de vouloir jouer un ado de 14 ans. J’ai une obsession au cinéma (désolée j’y peux rien !) et quand l’âge du comédien détonne avec l’âge du rôle je ne vois plus que ça...
Cette partie 92 est assez longue et j’ai eu du mal à être dedans.
Avec l’arrivée de Hacine (Sayyid El Alami déjà excellent dans la série Oussekine) personnage de tragédie, la tension monte un peu et c’est plus intéressant même si c'est à nous de décoder. Le racisme des classes sociales défavorisées qui cohabitent mais ne se fréquentent pas vraiment, les tensions et différences qui découlent du milieu social, ce qui sépare Anthony de Stéphanie et Stéphanie de la capitale malgré sa situation aisée. Tout ça était très présent dans le roman et très effleuré dans le film.
Quelques belles scènes malgré tout, des moments touchants dans les relations familiales et j'ai aimé l’évolution des personnages sur la décennie.
Un ressenti mitigé pour moi mais ce n’est que mon avis !
Vingt dieux de Louise Courvoisier
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"Totone, 18 ans, passe le plus clair de son temps à boire des bières et écumer les bals du Jura avec sa bande de potes. Mais la réalité le rattrape : il doit s’occuper de sa petite sœur de 7 ans et trouver un moyen de gagner sa vie. Il se met alors en tête de fabriquer le meilleur comté de la région, celui avec lequel il remporterait la médaille d’or du concours agricole et 30 000 euros."
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Anthony est de ceux qui prennent les épreuves de la vie comme elles viennent. Une sorte de fatalité qu'il faut gérer pas à pas. Un parcours de vie cabossée qui continue...
Il ne se pose même pas de questions quand il faut s'occuper de sa petite sœur.
La relation frère sœur est ce que j'ai préféré dans ce film, interprétée avec beaucoup de naturel par des non pro. Tellement touchants ces deux là ensemble.
La misère agricole et sociale dans une région mais qui pourrait se passer ailleurs que dans le Jura. Les difficultés de cette vie sont universelles. Une jeunesse agricole avec des responsabilités énormes.
Mais une grande solidarité amicale forgée par tout un contexte. Les mots sont moins importants que les actions.
Un apprentissage amoureux simple et sans chichis, ça fait du bien tout ce "cash" et cette façon d'être avec ce personnage vraiment intéressant de Marie-Lise.
Pas de misérabilisme ni de pathos c'est la force du film.
Un mélange réussi de comédie et de drame. Un film que j'ai trouvé sincère et réjouissant.
La musique est vraiment bien utilisée, j'ai senti un vrai lien dans la mise en scène.
Sarah Bernhardt, La divine de Guillaume Nicloux
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"Paris, 1896. Sarah Bernhardt est au sommet de sa gloire. Icône de son époque et première star mondiale, la comédienne est aussi une amoureuse, libre et moderne, qui défie les conventions. Découvrez la femme derrière la légende."
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A travers la grande histoire d’amour avec Lucien Guitry, un portrait de Sarah Bernhardt qui n’est pas un biopic mais plus un mélange de fiction et de réel.
On découvre une femme libre, à l’écoute de ses désirs et évoluant en plein dans la créativité culturelle des années 10-20, un bain culturel passionnant dans lequel on croise Zola, Rostand, Hugo ou Mucha.
Figure incontournable de la société française de l’époque, star internationale et première influenceuse, Sarah Bernhardt fut une icone engagée que ce soit durant la guerre ou avec l’affaire Dreyfus.
Connue pour son talent sur scène mais aussi pour son fort caractère voulant tout maitriser, des décors aux costumes en passant par le jeu de ses partenaires et voulant toujours capter son auditoire et être au centre de l’attention.
Un portrait plein de fantaisie et de peps et un voyage dans un passé culturel de haut niveau.
Bravo au maquillage parce que tout le casting vieilli c’est très bien fait.
J’ai passé un bon moment avec une Sandrine Kiberlain excellente et pleine de nuances jusque dans la voix. Bien accompagnée de toutes parts.
Et j'aime bien devoir faire des recherches sur un sujet après avoir vu film comme ce fut le cas ici !
Le beau rôle de Victor Rodenbach
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"Henri et Nora partagent tout : ils s’aiment et elle met en scène les pièces dans lesquelles il joue. Quand Henri décroche pour la première fois un rôle au cinéma, la création de leur nouveau spectacle prend l’eau et leur couple explose."
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Deux visions différentes du travail et de l’engagement de comédien qui ne se rejoignent pas et pourtant l'alchimie amoureuse et sexuelle entre Henri et Nora est évidente.
Concilier théâtre et cinéma mais aussi vie privée et vie professionnelle. Et quand il y a de l'ego c'est très compliqué.
Une comédie romantique qui prend le temps d'une belle réflexion sur le travail de création.
La metteuse en scène qui défait et refait, qui déconstruit pour construire, un cheminement qui peut perdre du monde en route et pourtant le résultat est là, la magie de la création qui prend des chemins de traverse et dans laquelle il faut avoir confiance.
Cela donne quelques scènes savoureuses au théâtre et au cinéma.
Un joli film interprété par une je
génération de trentenaires très doués avec la metteuse en scène et comédienne Pauline Bayle au scénario et à l’acting. On imagine le vécu dans certaines scènes !
Un bon moment de cinéma pour cette romcom french touch !
Joli joli de Diastème
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"De Paris à Rome dans les années 70, le destin d’un écrivain fauché percute celui d’une star montante du cinéma. Leur chemin vers l’amour sera semé d’embuches, de quiproquos et rebondissements."
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Une romance musicale douce avec un casting savoureux et de chouettes morceaux musicaux. J'adore la chanson titre Joli joli.
Fan aussi de toutes les paroles des chansons, des couleurs et du côté nostalgique du film.
Avec l'impression de voir quelques personnages sortis des productions des Studios Hammer période 70's.
Vaudeville, amours contrariées, mensonges, duos, trios, quatuor, amours cachées... des couples forcés de se cacher pour s'aimer dans la société encore rétrograde et homophobe des années 70 (aujourd’hui on ne se cache plus mais les idées nauséabondes sont malheureusement toujours là).
Dommage que le film paraisse long parce que l'intrigue avance trop lentement notamment avec des "numéros" qui semblent là pour meubler.
Mais malgré les défauts et quelques maladresses de dialogues "précurseurs" qui pour moi tombent à plat, j'ai aimé la proposition et clairement il y a un bon potentiel pas assez exploité.
Fotogenico de Marcia Romano et Benoit Sabatier
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"Raoul débarque à Marseille où sa fille est morte. Tout ce qu'elle lui avait raconté de sa vie ? Un tissu de mythos. En tentant de recoller les morceaux, il découvre qu'elle avait enregistré un disque avec une bande de filles. Il se met alors en tête de remonter ce groupe, coûte que coûte. Et en slip s'il le faut."
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Un père en deuil arpente les rues de Marseille à la recherche de sa fille qu’il pensait connaître. Il veut la faire revivre à travers la musique et sa bande de copines qu’il va apprendre à connaître et à travers elle, un peu de sa fille.
De déconvenues en déconvenues il s’approche au plus près d’elle et se rend compte comme beaucoup de parents, qu’on ne connait jamais vraiment son enfant.
Raoul est un personnage lunaire, loufoque et terriblement attachant et émouvant dans son obstination et son amour qui déborde.
Un voyage dans le passé mais qui va déterminer l’avenir, le sien en priorité.
Une belle façon de se sentir proche de sa fille disparue, une magnifique preuve d’amour même si elle arrive trop tard...
Un film ovni, libre dans un Marseille undergound peu vu au cinéma mais c'est Marseille bébé ! Un film sur le deuil qui surprend par son approche déjantée et rock. La musique du groupe Fotogenico est vraiment chouette !
Planète B de Aude Léa Rapin
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"France, 2039. Une nuit, des activistes traqués par l’Etat, disparaissent sans laisser aucune trace. Julia Bombarth se trouve parmi eux. A son réveil, elle se découvre enfermée dans un monde totalement inconnu : Planète B."
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Un film de SF français qui explore pas mal de thèmes avec peu d’effets spéciaux et j’y ai cru. Pour moi, la force du film est là, un univers dystopique proche de nous.
Ça m’a fait tourner la tête cette histoire de prison virtuelle qui rend fou. La torture psychologique est telle que même si on sait que ce n’est pas réel on n’arrive pas à se raisonner tellement le virtuel est puissant et ça même sans prison on s’en rend compte dans notre société contemporaine.
Des blessures qui rappellent celles des violences policières dans les manifs, la pollution chimique le sujet des migrants d’une manière originale et intéressante avec les personnages de Nour et Hermès. C’est en 2039 et c’est très actuel.
Les convictions, le courage de ses actes, la rébellion et la résistance, croire en son combat... un film qui pose une grande question : la démocratie a-t-elle encore un avenir dans notre monde ?
J’ai beaucoup aimé le duo qui se forme entre Julia et Nour, amitié, tendresse et engagement.
Le film est peu long surtout dans sa mise en place mais la proposition vaut le détour.
Mon inséparable de Anne-Sophie Bailly
"Mona vit avec son fils trentenaire, Joël, qui est "en retard". Il travaille dans un établissement spécialisé, un ESAT, et aime passionnément sa collègue Océane, elle aussi en situation de handicap. Alors que Mona ignore tout de cette relation, elle apprend qu’Océane est enceinte. La relation fusionnelle entre mère et fils vacille."
Une mère qui a forcément mis sa vie de femme entre parenthèse pour s’occuper de son fils. On devine le père lâche qui s’est fait la malle, comme dans la vie ou de nombreuses femmes gèrent seules leur enfant handicapé parce que c’est trop dur pour monsieur.
Un lien fusionnel et un cercle vicieux dans lequel on s’enferme. C’est très dur mais ça donne un but à la vie ? Une femme qui voudrait parfois « voler un peu de vie normale » dans son quotidien qui lui laisse peu de répit.
Elle le vit mal quand son fils veut faire sa propre vie avec Océane et avoir son enfant. Une vraie ambivalence car la peur que ça se passe mal mais aussi peut être de se retrouver seule du jour au lendemain et de sentir inutile ? Un complexe de mère poule qu’on retrouve dans toutes les familles finalement...
On se dit qu’elle exagère, il a l’air de comprendre beaucoup de choses Joël.
Une escapade en Belgique, un peu trop longue à mon goût, j’ai un peu décroché à ce moment... nous montrera que oui ça peut être dangereux.
Mais qu’à force de vivre en bulle on ne voit pas le potentiel, peut-être qu’à force de vouloir tout contrôler on empêche l’envol et l’émancipation.
Le film pose les bonnes questions à ce sujet, lâcher du lest, tenter des choses et ne pas s’enfermer dans un schéma autodestructeur pour mère et fils.
Le questionnement autour de la sexualité est très intéressant, voir toutes ces personnes non concernées qui discutent à la place de Joël et Océane de consentement, de désir, de vie sexuelle ça remue. Mais je comprends que ça puisse être complexe. Un duo mère fils formidablement interprété.
Les femmes au balcon de Noémie Merlant
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"Trois femmes, dans un appartement à Marseille en pleine canicule. En face, leur mystérieux voisin, objet de tous les fantasmes. Elles se retrouvent coincées dans une affaire terrifiante et délirante avec comme seule quête, leur liberté."
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Très embêtée car j’aime beaucoup Noémie Merlant. Je me suis ennuyée, j’ai été agacée et j’ai failli partir mais je sentais bien le message féministe et je voulais voir comment il était exploité car ça met longtemps avant qu’on se dise « mais oui c’est ça... ».
Un film dont l’intention est bonne même si on a l’impression d’un devoir dans lequel il ne faut rien oublier et cocher toutes les cases des violences faites aux femmes : violences conjugales, viol conjugal, viol, violences gynécologiques, tout ce à quoi sont soumises les femmes dans la société, violences et injonctions.
Tout ça en mode inspiration ambiance almodovarienne et gore.
L’intention aussi de faire autrement et de mélanger tous les genres mais ça n’a pas fonctionné sur moi. Je n’ai aimé ni la mise en scène, ni le jeu des comédiennes.
Plutôt que du voisin j'aurais préféré que le film s'intéresse plus et s'occupe la première femme victime qu'on voit à l'écran : Denise.
Et il faudra m’expliquer le contexte de réchauffement climatique et de canicule qui n’apporte rien et qui n’est pas crédible vu tout ce à quoi on assiste.
Oh Canada de Paul Schrader
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"Leonard Fife, un célèbre documentariste canadien accorde une ultime interview à l'un de ses anciens élèves, pour dire enfin toute la vérité sur ce qu'a été sa vie. Une confession filmée sous les yeux de sa dernière épouse."
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Je n'ai pas lu le livre de Russel Banks, je ne connaissais donc pas l'histoire.
Je n'ai pas réussi à me passionner pour elle. Même quand j'ai eu un petit moment d'attention plus importante espérant une grande révélation, ça n'a pas été plus intense.
Paul Schrader a voulu montrer la fin de vie d'un homme à la recherche de la vérité dans son métier de documentariste et qui a menti dans sa vie privée.
Une sorte de rédemption par la confession ? Pourquoi pas mais j'ai trouvé que tout était effleuré.
Aucun personnage ne sort vraiment du lot, c'est assez fade et on a un peu de mal à suivre la chronologie qui en fait est assez concentrée sur une petite période et très diluée.
Un choix de mise en scène surprenant avec des distributions de rôle étranges. Du coup on se demande si c'est le cerveau d'un homme malade qui délire, si les souvenirs se mélangent et ça me perd encore plus sur la finalité.
Pas d'émotions c'est dommage et je n'ai finalement pas grand chose à dire de concret parce que je suis passée à côté du film.
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Ps : et Sloane l'assistante de 24 ans ! Son âge est important au vu des questions et pensées de Leonard, alors pourquoi elle en fait 10 de plus et que tout sonne faux dans son apparence ? Peut-être parce que l'actrice a 33 ans. Mais pourquoi ce choix ???