Mon cinéma / Octobre 2024

Publié le 1 Novembre 2024

Anora de Sean Baker

"Anora, jeune strip-teaseuse de Brooklyn, se transforme en Cendrillon des temps modernes lorsqu’elle rencontre le fils d’un oligarque russe. Sans réfléchir, elle épouse avec enthousiasme son prince charmant ; mais lorsque la nouvelle parvient en Russie, le conte de fées est vite menacé."

On retrouve des thèmes du cinéma de Sean Baker, des personnages dans l'ombre de l'American Dream.
Anora est une bosseuse et aucun jugement sur sa façon de gagner sa vie, elle rayonne. Vanya est un enfant gâté pour qui l'argent n'a pas de valeur, il est tout fou, charmant mais immature.
Leur histoire est trop mimi, Ani est comme une gosse dans un magasin de jouets. Ils sont des jeunes qui s'éclatent, on a envie de croire à leur conte de fées. Ani et Vanya, deux incontrôlables.
On pense que ça va partir en live façon violente et ça tourne presque au grand guignol. La confrontation Ani et hommes de main côté russe donnent des scènes où l'on rit beaucoup. Le perso de Toros est très drôle.
Ani en furie sous le regard amusé et désabusé d'Igor (le génial Youri Borisov de Compartiment n°6 et Capitaine Volkonogov). Dans ce festival de drama-queen il reste calme, le taiseux analyse tout mieux que tous.
Le film bascule alors du conte de fées au désenchantement. Ascension et désillusion. Le rêve américain et la dégringolade.
Petit à petit Ani réalise ce qui lui arrive. Tout devient chaos, tous ses idéaux, abîmés. Elle cherche une âme qui pourra l'aider, on a une idée... (j'avais en tête la chanson de Mylene durant toute la 2e partie).
Cruauté d'un monde qui ne se mélange pas et méprise les autres mais l'argent n'achète ni le savoir vivre ni l'élégance des comportements. Tout l'inverse de la lumineuse Ani.
Un rêve brisé, déchirant et le début de la reconstruction.
L'amour qui transcende les classes sociales, trop beau pour être vrai ?
Mikey Madison est démente en Anora. On sent tout l'amour que Sean Baker et sa caméra ont pour ce personnage. Amour que l'on retrouve dans le regard d'Igor. Bouleversant.

Le robot sauvage de Chris Sanders

"Le Robot Sauvage suit l’incroyable épopée d'un robot – l'unité ROZZUM 7134 alias “Roz” – qui après avoir fait naufrage sur une île déserte doit apprendre à s'adapter à un environnement hostile en nouant petit à petit des relations avec les animaux de l'île. Elle finit par adopter le petit d’une oie, un oison, qui se retrouve orphelin."

Voilà fort longtemps que je n'avais été aussi emballée par un anime américain. On doit déjà notamment à Chris Sanders le cultissime Lilo et Stitch et Dragons.
Un très joli titre antinomique qui nous entraîne vers le côté sympathique et humain de l'IA (mais c'est de la science fiction, arrête de rêver Carole).
Roz est un robot extraordinaire à tous les niveaux. J'avoue, à ce niveau ça donne envie.
C'est génial quand elle étudie la forêt et ses habitants.
Le bestiaire du film est incroyable. Un vrai hommage à la nature avec tous ses contrastes. Ici les animaux comme les humains doivent apprendre à vivre ensemble avec les différences inter espèces. Et extra espèce avec Roz.
Un film qui parle de maternité et d'amitié avec sensibilité et surtout beaucoup d'humour et de second degré. Mais qui parle de mort comme ça à des enfants ? J'ai beaucoup ri.
Tu sais quand tu regardes un film avec des étoiles dans les yeux et que tu te "vois" avec ton sourire béat ? C'est ça que j'ai ressenti, la magie du cinéma durant cette projection.
Aussi drôle que tendre, aussi impertinent que savoureux.
Un coup de cœur pour ce robot sauvage. Mais qu'est ce que c'est bien ! Une merveille !

L'histoire de Souleymane de Boris Lojkine

"Tandis qu’il pédale dans les rues de Paris pour livrer des repas, Souleymane répète son histoire. Dans deux jours, il doit passer son entretien de demande d’asile, le sésame pour obtenir des papiers. Mais Souleymane n’est pas prêt."

Comment ne pas être bouleversé par cette histoire, une parmi des milliers d'autres. Un parmi les milliers d'autres qui vivent des vies sur la même planète que nous, dans la même ville mais dans des univers parallèles.
On ressent le stress de Souleymane, sa fatigue, sa lassitude mais aussi combativité quotidienne, sans relâche pour avoir ses papiers, réclamer son argent, avoir un lit pour dormir chaque nuit. On a peur quand il est sur son vélo avec les risques qu'il prend pour garder la cadence. Une course contre la montre pour survivre, une course permanente.
On est en apnée dans sa réalité quotidienne.
On est écœuré par tous ceux qui profitent de la misère des sans papiers, par l'hypocrisie des sociétés de livraison ou celle des clients.
A la fin, l'entretien. On se demande pourquoi Souleymane veut raconter une histoire qui n'est pas la sienne. Pourtant la sienne nous émeut mais est-ce que c'est suffisant pour obtenir des papiers ? On ne le saura pas.
L'émotion monte avec une histoire de détresse universelle, celle de ceux qui n'ont rien et qui s'accrochent à un mince espoir d'une vie meilleure car sans espoir que reste-t'il ?
Abou Sangare ne joue pas il vit...il n'est pas livreur mais il joue avec l'urgence que lui impose sa vie.
On est dans une fiction qui reflète la réalité. Un film dont on dit qu'il est formidable parce qu'il l'est mais qui soulève des réflexions sur nous.
Le jury de Cannes et le public ont été émus (la bonne conscience ?) sur l'histoire de Souleymane mais est ce que les autorités seront réceptives à celle d'Abou Sangare ?
Et quand à ceux qui découvrent la réalité des livreurs qu'ils commandent à longueur de journée, informez-vous...

The apprentice de Ali Abassi

"Une véritable plongée dans les arcanes de l'empire américain : l'ascension vers le pouvoir du jeune Donald Trump grâce à un pacte faustien avec l'avocat conservateur et entremetteur politique Roy Cohn."

Le film se focalise sur la relation Trump/Cohn. Cet avocat détestable (qu'on avait suivi à ses débuts dans la superbe série Fellow Travelers) va lui servir de mentor, de passe droits et de figure paternelle. Le père de Donald ne fait que le rabaisser.
J'avais peur que le visage de Sebastian Stan me fasse éprouver de la sympathie pour Trump mais il réussit à disparaître derrière le personnage. Dingue à quel point il a endossé la diction et les mimiques de bouche.
Jeremy Strong incarne admirablement un Cohn froid, manipulateur, misogyne, sans morale ni scrupules. Aucune empathie pour lui à la fin.
On voit l'ascension, l'addiction au business, l'envie de s'élever et Trump qui devient de pire en pire. A l'école de Cohn, le mensonge est un art de vivre et l'élève dépassera le maître. On retrouve le Trump d'aujourd'hui qui vit et respire fake news.
Je me suis demandée comment il a pu continuer à avoir son train de vie alors qu'il devait de l'argent à tout le monde.
Et est-ce-qu'il a été changé par Cohn ou ce dernier l'a juste aidé à révéler et assumer sa vraie nature ?
Un film qui se passe dans les 70-80 et bien sûr la bande son est top. La reconstitution du centre de New-York de l'époque aussi ainsi que sa transformation grâce à Trump.
J'ai bien aimé ce film, intéressant et révélateur des débuts d'un animal politique assoiffé et terrifiant mais aussi d'un milieu raciste, méprisant les pauvres et ne rêvant que de gloire et de fortune. Un portrait glaçant avec tout ce qui a construit l'homme que l'on connaît aujourd'hui.
Un sacré duo de comédiens.

Juré n°2 de Clint Eastwood

"Alors qu'un homme se retrouve juré d'un procès pour meurtre, il découvre qu'il est à l'origine de cet acte criminel. Il se retrouve face à un dilemme moral entre se protéger ou se livrer."

Un super scénario bien retors pour ce thriller judiciaire dont la mise en scène classique et tranquille n'empêche pas d'être scotché au film du début à la fin malgré 2 ou 3 scènes maladroites.
Justice, injustice, seconde chance et politique se mélangent pour nous faire réfléchir et nous mettre dans la peau des jurés et de l'accusation.
Justin se retrouve vraiment dans une situation affreuse et l'histoire est terriblement injuste dès le départ. Un dilemme moral d'une grande violence...
Mais peut on se servir d'une injustice pour en créer une autre ? Et l''impartialité l'est est-elle à 100% quand on est juré ?
Un plaisir de retrouver Nicholas Hoult dans ce premier rôle intense.
Ce dernier film du réalisateur de 94 ans qui tient plutôt bien la route ! J'ai beaucoup aimé.
 

3 kilomètres jusqu’à la fin du monde de Emanuel Pârvu

"Adi, 17 ans, passe l’été dans son village natal niché dans le delta du Danube. Un soir, il est violemment agressé dans la rue. Le lendemain, son monde est entièrement bouleversé. Ses parents ne le regardent plus comme avant et l’apparente quiétude du village commence à se fissurer."


J’ai aimé la mise en scène du début qui, grâce à des petites scènes courtes, pose le contexte. Aimé aussi que la violence ne soit pas montrée, pas besoin pour voir à quel point tout est violent, de l’agression aux réactions.
Un policier qu’on devine troublé par cette histoire, il semble marcher sur des œufs, voulant ménager tout le monde ou presque. Une enquête qui va montrer le fonctionnement et les règles sous-jacentes qui font marcher le village.
Tout de suite, l’homophobie crasse et l’étroitesse d’esprit moulée par un pays dans lequel la religion a œuvré et façonné les esprits, saute aux yeux.
Un père qui félicite quasiment ses fils, un policier qui fait comprendre à quel point un fils homo pourrait jeter le discrédit sur les parents et le village tout entier, des parents qui imaginent qu’il faut soigner leur enfant, des gens qui trouvent tout ça normal... L’incompréhension totale entre Adi et ses parents, ils sont des humains qui ont besoin qu’on les aide à penser, qu’on leur dicte leur façon de vivre. Réminiscences des années de communisme ?
Une atmosphère pesante, on étouffe avec Adi, laissé en retrait de l’histoire, victime des agissements des autres, essayant d’échapper à un avenir qu’on veut écrire à sa place. Tous ces fantasmes autour de lui mais on n’entendra jamais sa voix sur le sujet. Tout le monde essaie de sortir de cette histoire la tête haute et tout le monde se fiche de ce qu’Adi ressent. En le mettant à distance, le réal montre qu’il est laissé à distance, il est nié par tous. On imagine la douleur de voir la façon dont ses propres parents se fichent de qui il est, de ce dont il a envie.
Se dire qu’on habite la même planète que ces gens en 2024 (et pas qu’en Roumanie), que le chemin, vers et la liberté à laquelle tout être à droit de vivre sa vie comme il l’entend, est encore long... Comment se battre contre des années d’obscurantisme, d’hypocrisie et de bêtise ? En faisant peut-être aussi des films sur le sujet.

All we imagine as light de Payal Kapadia

"À Mumbai, le quotidien de Prabha est perturbé lorsqu’elle reçoit un cadeau inattendu de son mari parti vivre à l’étranger. Sa jeune colocataire, Anu, essaie en vain de trouver un endroit dans la ville pour faire l’amour avec son petit ami. Un voyage dans un village côtier offre aux deux femmes un espace où leurs désirs peuvent enfin se manifester."

Cette année à été riche en films indiens, un très bon cru. Après Agra, Santosh, Girls will be girls et Sister Midnight (vu en festival), ce grand prix du Jury fait plutôt pâle figure. Il n'a pas la force évocatrice des 4 films cités.
Long, très long avec quelque chose qui m'a géné dans la mise en scène. Ici, l'utilisation de la musique donne des scènes où les voix semblent détachées des personnages, le son ambiant donne le même sentiment.
Le son est d'ailleurs très travaillé mais cela a mis une distance entre le film et moi, trop artificiel, trop lêché.
Le film m'a parfois fait penser à une expo photo, ce côté-ci est également très travaillé.
Ce film lorgne plus du côté plastique que du côté cinématographique, il aurait pu être présenté à une biennale d'art contemporain.
Quelques thèmes effleurés comme l'expropriation des pauvres, les relations impossibles entre hindous et musulmans ou encore la difficulté de s'épanouir en tant que femme.
Le contraste entre Anu qui tente de vivre libre et de profiter et Prabha qui ne se laisse jamais aller et ne s'autorise aucun plaisir...
Pourtant grâce à la dernière partie, il se passe enfin quelque chose de vrai et d'emouvant. Pour moi c'est un film que j'aurais pu ne pas aimer mais la fin le sauve et rééquilibre mon ressenti.

Chroniques chinoises de Lou Ye

"Janvier 2020. Une équipe de tournage se réunit dans un hôtel près de Wuhan pour reprendre la production d'un film interrompu dix ans plus tôt. Mais un événement inattendu vient à nouveau contrarier les préparatifs et l’équipe est confinée avec leurs écrans comme seul contact avec le monde extérieur."

Le vrai titre est mieux "An unfinished film". Car c'est vraiment l'histoire d'un film inachevé qui le restera.
On est ému avec l'équipe qui redécouvre des rushs 10 ans après (scène réelle). Une histoire avec un couple homo qui n'aurait jamais passé la censure. Et pourtant le réalisateur a cette idée folle de le reprendre et de le terminer même s'il ne sort jamais. Toute l'équipe est partante et c'est en janvier 2020 que doit s'achever le tournage juste pour le nouvel an.
Trois jours avant la fin, c'est le confinement.
Aborder cette terrible tragédie chinoise du Covid par le prisme du tournage d'un film c'est une sacrée idée. Les images sont partout et à ce moment là tout le monde va filmer ce qui se passe.
Beaucoup d'écrans à l'écran pour refléter la vie en confinement avec des scènes filmées au portable, du face time le seul contact avec les proches.
Le film vire presque au thriller. Scènes de panique, qui va réussir à rentrer chez lui ? Qui va être contaminé ?
On va vivre tout ce que la Chine a voulu cacher durant la pandémie. Nous on a avait la chance de pouvoir sortir.
Une très belle scène de nouvel an en appel de groupe avec des vidéos Tik Tok réelles émouvantes de l'époque.
Un film témoignage en forme d'hommage aux victimes du Covid et de la politique répressive.
Un vrai mélange de fiction (vrai rushs, équipe qui joue son propre rôle...) et de réalité qui donne un film fascinant, étrange et émouvant. Je ne m'attendais pas à ça. J'avais déjà beaucoup aimé Mystery de Lou Ye.

Flow de Gints Zilbalodis

"Un chat se réveille dans un univers envahi par l’eau où toute vie humaine semble avoir disparu. Il trouve refuge sur un bateau avec un groupe d’autres animaux. Mais s’entendre avec eux s’avère un défi encore plus grand que de surmonter sa peur de l’eau ! "

Un film de survie comme on n’en n’a jamais vu !  Un film sans paroles qui prend place dans un monde sans humains qui ont déserté ou n’existent plus, à chacun de se faire son histoire. Un vrai parallèle avec les inondations et la montée des eaux qui surprennent la planète ces dernières années à cause du réchauffement climatique.
Un chat peureux et attendrissant, un chien foufou et affectueux, un lémurien facétieux (un petit clin d’œil au Livre de la jungle de Disney), un héron majestueux et un capybara (j’ai découvert le nom de cet animal cette année, oui, on apprend à tous les âges ! et la trend Tik Tok à laquelle il a droit !) qui ne pense qu’à dormir.
Une arche de Noé singulière qui marche à fond avec tous les comportements et singularités qui définissent les différentes espèces qui sont ici incroyablement dépeintes. Tout est tellement réaliste et détaillé. On est à hauteur d’animaux, on se met dans leur peau.
Si vous avez un chat, vous le savez, ce félin adore être indépendant. Un vrai challenge ici pour lui d’apprendre à dépendre des autres mais aussi à les aider. Je vous invite à lire les interviews de Gints Zilbalodis pour comprendre à quel point ce film est une prouesse dans l’univers du genre. On n’a jamais vu un générique de fin aussi petit !
La réunion improbable d’une équipe qui se débrouille avec les moyens du bord, un peu comme le réal et la sienne.
La liberté qu’offre l’animation est ici spectaculaire niveau décors, lumière, mouvements de caméra, imaginaire. Il y a les plus beaux couchers de soleil de tous les films d’animation ! C’est d’une beauté !
Un petit bijou d’animation sur la force du collectif dans lequel j’ai beaucoup ri, j’ai eu un peu peur et j’ai été souvent émue !

Sauvages de Claude Barras

"À Bornéo, à la lisière de la grande forêt tropicale, Kéria recueille un bébé orang-outan trouvé dans la plantation de palmiers à huile où travaille son père. Au même moment Selaï, son jeune cousin, vient trouver refuge chez eux pour échapper au conflit qui oppose sa famille nomade aux compagnies forestières. Ensemble, Kéria, Selaï et le bébé singe vont lutter contre la destruction de la forêt ancestrale, plus que jamais menacée. Mais pour Kéria, ce combat sera aussi l’occasion de découvrir la vérité sur ses origines."

Je suis tombée amoureuse en mode maman du bébé singe. OMG un degré de choupitude de 100%. On était peu dans la salle et on s'entendait faire des "ohhhhh" en mode craquant.
Une merveille d'animation en stop motion et pâte à modeler.
Des touches d'humour avec un mélange de technologie dans la jungle. Le monde moderne qui s'insère dans le milieu naturel avec des clins d'œil savoureux comme le GPS ou la sonnerie de téléphone du grand-père.
Un joli récit d'apprentissage et de connaissance de soi et de ses origines avec le "voyage" de Kéria. Une prise de conscience.
La déforestation, la destruction de l'écosystème et de la terre des indigènes ainsi que leur expulsion. Un sentiment d'impuissance face à l'argent et la politique mais il peut y avoir des moyens de lutter. La fin est probablement trop angélique face à la réalité mais on aime bien quand ça finit bien.

 

Maya, donne moi un titre de Michel Gondry

"Maya et son papa vivent dans deux pays différents. Pour maintenir le lien avec sa fille et continuer à lui raconter des histoires, son papa lui demande chaque soir « Maya, donne-moi un titre ». À partir de ce titre, il lui fabrique alors un dessin animé dont elle est l’héroïne. À travers ces aventures racontées par Pierre Niney, Michel Gondry donne vie à un voyage poétique et amusant qui fera rêver les petits…et sourire les grands."

Le film est plus adressé aux enfants qu'aux adultes mais sur 1h j'y ai trouvé mon compte.
J'ai été fascinée par la créativité et le rendu de ce bricolage techniquement parfait.
Découpages, collages, dessins, calques, que du simple qui réussit à surprendre.
Des histoires bien barrées comme celles qu'on invente au fur et à mesure et qui n'ont pas de logique. On voyage dans les cieux, sous la terre ou sous les mers.
Une jolie relation père-fille ( et qui englobe tous les membres de la famille), la création de beaux souvenirs d'entretien d'un lien à travers l'éloignement.

Quand vient l'automne de François Ozon

"Michelle, une grand-mère bien sous tous rapports, vit sa retraite paisible dans un petit village de Bourgogne, pas loin de sa meilleure amie Marie-Claude. A la Toussaint, sa fille Valérie vient lui rendre visite et déposer son fils Lucas pour la semaine de vacances. Mais rien ne se passe comme prévu."

L’automne de la vie, celle de Michelle dont les journées bien occupées ne remplissent pas le vide familial. Son amour éperdu pour son petit fils la fait tenir.
Un passé compliqué avec sa fille qu'elle rattrape un peu peut-être.
La communication entre les deux femmes est inexistante et bientôt rompue suite au drame des champignons (cf la bande annonce qui raconte beaucoup trop).
Comment faire pour malgré tout continuer à voir Lucas ?
Le film joue sur une ambiguïté tout au long du film et à tous les niveaux.
Qui a fait et quoi ? Et pourquoi ? Et est-ce réel ou l'imagination débordante de Marie-Claude ? Ou de la police ?
Et ce passé atroce à en croire Valérie, quel est-il ? Qui est vraiment Michelle ?
Famille toxique, liens du sang, droit des grands parents, liens du cœur comme ceux magnifiques qui se nouent entre Michelle et Vincent, le fils de Marie-Claude.
Hélène Vincent est extraordinaire de simplicité et de naturel. Pierre Lottin et Josiane Balasko sont parfaits. On peut remercier Ozon de mettre en lumière de telles actrices et de laisser la caméra s'attarder sur la banalité du quotidien.
Mais... Le passé n’est pas évoqué comme il faut, on s’imagine le pire mais qu’est-ce que le pire ? Chacun se fera son opinion. Je n'ai pas aimé les fantômes ni le perso de Valérie sans nuances ainsi que d'autres détails. Et surtout je n'ai pas ressenti beaucoup d'émotions même si mon cerveau n'a pas arrêté de cogiter.

L'amour ouf de Gilles Lellouche

"Les années 80, dans le nord de la France. Jackie et Clotaire grandissent entre les bancs du lycée et les docks du port. Elle étudie, il traîne. Et puis leurs destins se croisent et c'est l'amour fou. La vie s'efforcera de les séparer mais rien n'y fait, ces deux-là sont comme les deux ventricules du même cœur..."

Une première grande partie beaucoup plus forte que la 2e.
Tout est décuplé à l'adolescence et tout est plus fort surtout les sentiments.
Des scènes sublimes et d'autres éclatées comme celle des retrouvailles qui m'a bien déçue. Parfois c'est un clip géant, parfois une true romance et c'est bien tout ce qui tourne autour de cet amour ouf que j'ai préféré dans ce film.
Du rythme, de la mise en scène en mode urgent, ça pulse, ça violente (trop à mon goût) avec un Clotaire en roue libre et sans limite ou presque. Tout l'enjeu est de savoir si Jackie peut lui rendre quelque chose qu'il a perdu ou qu'il n'a jamais eu ? Un gamin qui veut exister à tout prix .
Les ados m'ont plus touchée que les adultes. Côté casting idem sauf Adèle et Alain. Elle m'a émue, il m'a fait sourire et fait du bien, un modèle de père.
Ainsi qu'un un joli rôle pour Elodie Bouchez et l'humour de JP Zadi.
J'ai aimé retrouver mon adolescence, la musique que j'écoutais, les détails de nos vies d'antan (80's et 90's) comme a voulu les transcrire à l'écran le réalisateur de la même génération. Pour la BO c'est top et je ne suis pas étonnée vu les playlists géniales des anniversaires de GL.
Pas d'ennui, un bon moment mais les 2h40 ne sont pas justifiées. Je n'ai pas vibré de fou. Un film plutôt bien mais comme le dit Jakie à son père "Bien c'est pas suffisant".
En tout cas ici... on m'avait vendu quelque chose de bien plus fou.
Merci en tout cas pour la révélation Malik et la confirmation Mallory.

Drone de Simon Bouisson

"Une nuit, Émilie, une jeune étudiante, remarque qu’un drone silencieux l’observe à la fenêtre de son appartement. Les jours suivants, il la suit et scrute chacun de ses mouvements. D’abord protecteur, le drone devient inquiétant. Émilie se sent de plus en plus menacée."

Beaucoup de thèmes intéressants dans ce premier film : la situation précaire des étudiants, le milieu de l'architecture, l'utilisation des drones, les comportements toxiques masculins, le voyeurisme, les femmes qui sont encore et toujours des proies pour beaucoup d'hommes... j'ai aimé ce mélange.
Émilie est seule et paumée, débarquée dans la grande ville parisienne, mais passionnée par ses études et son projet de réhabilitation d'une ancienne usine. J'ai trouvé Marion Barbeau convaincante dans le rôle.
J'ai bien aimé le suspense lié au drone, c'est quoi ce truc ? Qui pilote ? Humain ou extra terrestre ? Un coup protecteur, un coup flippant un peu comme la Christine de Carpenter.
J'ai aimé aussi l'utilisation du drone dans l'architecture et toute la partie archi justement avec des décors sublimes.
Pour ma part j'ai adhéré à cette proposition originale, à l'ambiance, à la musique.
Tout n'est pas parfait notamment le déroulement de la résolution de l'histoire mais mon ressenti final est positif.

Niki de Céline Sallette

"Paris 1952, Niki s'est installée en France avec son mari et sa fille loin d'une Amérique et d'une famille étouffantes. Mais malgré la distance, Niki se voit régulièrement ébranlée par des réminiscences de son enfance qui envahissent ses pensées. Depuis l'enfer qu'elle va découvrir, Niki trouvera dans l'art une arme pour se libérer."

Une enfance marquée par un père tout puissant et incestueux.
Niki doit concilier sa vie de mère, de femme et d'artiste. Mais des réminiscences du passé lui font perdre pied.
Elle devra aller en hôpital psy, le bon vieux temps des électrochocs et personne ne la croit. On n'accuse pas un homme respectable et respecté.
Pour survivre Niki essaie de créer avec tout ce qu'elle peut trouver. Un besoin vital d'exprimer sa créativité et ses émotions. Une vocation trouvée chez les fous comme elle dit.
Puis l'impasse Ronsin et son amitié avec Eva Aeppli puis Jean Tinguely qui deviendra son second mari. Une impasse vivier d'artistes qui devait être un endroit incroyable dans les années 50-60 !
Un portrait de femme durant une décennie entre traumas d'enfance et naissance d'une artiste. Tout un long travail qui passe par l'art comme thérapie et comme expression des sentiments.
Pour enfin se réaproprier son identité et soi même.
Une caméra qui lache rarement son héroine. Charlotte Le Bon est plutôt convaincante dans le rôle.
J'ai trouvé que la contrainte de ne pas pouvoir montrer les œuvres était bien intégrée. D'autant plus que je ne suis pas fan de la majorité des œuvres de l'artiste.
Le film manque peut-être d'un peu de puissance mais j'ai bien aimé l'ensemble.

Miséricorde de Alain Guiraudie

"Jérémie revient à Saint-Martial pour l'enterrement de son ancien patron boulanger. Il s'installe quelques jours chez Martine, sa veuve. Cependant, entre une disparition mystérieuse, un voisin menaçant et un abbé aux intentions étranges, son court séjour au village prend une tournure inattendue."

Tout le monde est bizarre, on a du mal à saisir les motivations et les comportements.
Jérémie se promène tout le temps dans la forêt pour ne pas chercher de champignons. On dirait un gamin dans ses réactions.
Un village qui a une vie nocturne bien agitée.
Un espace et des décors restreints, peu de personnages qui apparaissent comme par hasard.
On passe du thriller à la comédie burlesque mais pour moi rien n'a de sens et rien ne va ;). C'est voulu c'est sûr mais je suis restée à l'écart de ce parti pris. Un film sans queue (c'est vite dit !) ni tête qui m'a procuré zéro émotions.

 

Challenger de Varante Soudjian

"Luka rêve d'être un grand boxeur. Malheureusement, pour l'instant, il n'est qu'amateur et doit se contenter de petits combats foireux. Mais un jour, le destin frappe à sa porte et le propulse au sommet."

Vu le 22 juillet dans le cadre d'une séance Label UGC.

Pour une fois que je suis dispo pour un label Ugc à l'aveugle je tombe sur un film que je ne serais pas allée voir à sa sortie en salle. C'est le jeu !

Pourtant j'ai passé un bon moment, j'avoue j'ai ri et pas qu'une fois.
J'ai kiffé le duo de managers incarnés par Soso Maness (il assure !) et David Salles.
Un film gentiment sympathique dans le genre comédie française et plutôt mieux que d'autres qu'on nous sert chaque semaine.
J'ai bien aimé que la manageuse soit une femme ! On parle aussi de la faculté d'encaisser qui est un gros atout en boxe (mais j'aime pas la boxe).

Ps : quand je vois l'affiche et l'accroche je réponds "Un point c'est toi." ;)

Rédigé par Carole Nipette

Publié dans #Avis cinéma-Revue de films

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