Mon cinéma de mars 2024
Publié le 4 Avril 2024
Dune 2 de Denis Villeneuve ⠀
Paul Atréides se rallie à Chani et aux Fremen tout en préparant sa revanche contre ceux qui ont détruit sa famille. Alors qu'il doit faire un choix entre l'amour de sa vie et le destin de la galaxie, il devra néanmoins tout faire pour empêcher un terrible futur que lui seul peut prédire.⠀
Je n'ai pas vu passer les 2h45, il y a tant à voir et à se figurer. Ce Dune 2 est une merveille de cinéma, plans, images, scènes, paysages, imaginaire... Le genre de film absolument fait pour le grand écran d'une salle salle obscure. ⠀
Denis Villeneuve transcende sur la pellicule cette histoire de pouvoir intergalactique, de destinée incroyable de Paul Atréides. Des romans que j'avais adoré et qu'il faudrait relire mais cette adaptation du début de la saga, assez fidèle, rend hommage à l'univers fantastique et mystique de Frank Herbert. En dehors de la contemplation sublime on peut réfléchir aux enjeux politiques ou religieux de cette histoire et les transposer à notre guise dans le monde contemporain. L'asservissement de peuples par la religion ou par les militaires, les espoirs d'une rébellion portée par un Élu et qui peut lui échapper, le choix de la raison sur celui du cœur, les complots et manigances incessantes pour garder le pouvoir... ⠀ Une histoire de l'humanité portée par un beau casting et surtout un duo Thimotée Chalamet/Zendaya en osmose avec de belles évolutions des personnages dans leur jeu. ⠀ Enchantée donc et plus. Un film spectaculaire à tous les niveaux. Wouaw !
Vampire humaniste cherche suicidaire consentant de Ariane Louis-Seize ⠀
Sasha est une jeune vampire avec un grave problème : elle est trop humaniste pour mordre ! Lorsque ses parents, exaspérés, décident de lui couper les vivres, sa survie est menacée. Heureusement pour elle, Sasha fait la rencontre de Paul, un adolescent solitaire aux comportements suicidaires qui consent à lui offrir sa vie.
Je suis une grande fan des vampires et des films et séries sur le sujet. Quand j’étais jeune étudiante, j’avais fait un exposé sur les vampires au cinéma et fut une époque, si "on" m’avait proposé une transformation j’aurais accepté (la dingue ?). Bien avant la saga Twilight... ⠀
Je suis donc joie avec ce film de vampire contemporain qui réinvente le genre. On constate que même chez les vampires, la charge mentale de la chasse incombe aux femmes ! ⠀
Le film mélange le film de genre et le teen movie avec des ados en lutte avec leurs sentiments, empreints de mélancolie et d’idées noires. Sasha est une ado rebelle qui refuse de se conformer aux attentes de sa famille tandis que Paul est l’archétype de l’ado solitaire et harcelé. Ils étaient faits pour se rencontrer ! Un duo parfait bien casté. ⠀
La fin offre une solution intéressante au débat sur la fin de vie qui agite nos sociétés en ce moment. Le film n’occulte ni le gore ni l’horreur mais j’ai aimé que les morts et les disparations ne soient pas traitées dans le film, pas d’enquête ou autre qui vient parasiter le parti pris du scénario. Un coming out of age à la fois comique et romantique, ce Vampire humaniste rentre sans bémol dans ma liste de cinéma vampirique.
Los delincuentes de Rodrigo Moreno ⠀
Román et Morán, deux modestes employés de banque de Buenos Aires, sont piégés par la routine. Morán met en oeuvre un projet fou : voler au coffre une somme équivalente à leurs vies de salaires. Désormais délinquants, leurs destins sont liés. Au gré de leur cavale et des rencontres, chacun à sa manière emprunte une voie nouvelle vers la liberté. ⠀
3h pour un film qui prend le temps de développer son propos et je ne les ai pas vues passer. Une ode à la liberté qui commence par un vol pour un projet fou qui vaut tous les sacrifices. Un acte et une décision qui bousculent une vie tracée. ⠀
Prison du travail, prison punition, prison des injonctions d'une société... Le monde du travail, ici la banque, auscultés avec cruauté. Le geste de Morán aura des répercussions inattendues sur ses collègues et sur Román. Au fur et à mesure du film les visages taciturnes de Morán et Román se détendent et sourient. Des corps qui redécouvrent des plaisirs et des moments simples comme buller au soleil dans les sublimes paysages argentins de Alpa Corral. Des trajectoires liées et encore plus qu'on ne croit... ⠀
Un vol pour atteindre un idéal de vie simple, retour à la nature et à ses propres émotions. Imaginer autre chose que le travail comme sens de la vie. Des vies qui changent irrémédiablement. Des rencontres et des lendemains de tous les possibles une fois que le processus de liberté est enclenché. Des pointes d'humour parsemées avec justesse. A commencer par tous les personnages principaux qui ont des prénoms anagrammes, garçons et filles. Un film qui raconte une autre histoire que celle qu'on aurait pu imaginer, j'ai aimé cet inattendu. Un film à la folie douce qui peut dérouter mais qui m'a ravie. ⠀
Ps: je me demande quand même ce qui est arrivé au sac laissé sur le banc...
La salle des profs de de Ilker Çatak ⠀
Alors qu’une série de vols a lieu en salle des profs, Carla Nowak mène l’enquête dans le collège où elle enseigne. Très vite, tout l'établissement est ébranlé par ses découvertes.⠀ ⠀
La bande annonce est vraiment trompeuse, je ne m’attendais pas à cette histoire. Carla, une jeune prof pédagogue et bienveillante mais qui sait se faire respecter de ses élèves. Une prof qui ne peut pas prendre part à l’entreprise de dénonciation menée par l’école pour trouver le coupable. Une stigmatisation empreinte de racisme dès le départ. Une affaire de vols qui s’emballe et prend des proportions effarantes. ⠀
Dans la salle des profs, on voit et on entend des choses qu’on préfère taire jusqu’au moment où Carla ne supporte plus les accusations fallacieuses. Carla met le doigt dans un engrenage qui va la dépasser se mettant à dos ses collègues, ses élèves et même les parents dans une scène qui rappellera de nombreux souvenirs aux parents. Je me suis dit que même si le système scolaire allemand avait l’air mieux que le nôtre, les parents sont les mêmes ! C’est tout un collège qui va réagir et prendre parti selon son poste, ses affinités, son sens de la justice, son envie de rétablir la vérité. ⠀
J’ai aimé le film et la tension crescendo qu’il propose, les questionnements sur la culpabilité, les amalgames au sein de l’école mais je n’ai pas accroché à la fin, d’ailleurs y a-t-il vraiment une conclusion à toute cette histoire ? Qu'aurait dû faire Carla finalement ? Comment l'école aurait dû gérer ? Ce qui se passe dans la salle des profs doit rester dans la salle des profs ? Peu importe l'enjeu ?
Pas de vagues de Teddy Lussi-Modeste ⠀
Julien est professeur au collège. Jeune et volontaire, il essaie de créer du lien avec sa classe en prenant sous son aile quelques élèves, dont la timide Leslie. Ce traitement de faveur est mal perçu par certains camarades qui prêtent au professeur d'autres intentions. Julien est accusé de harcèlement. La rumeur se propage. Le professeur et son élève se retrouvent pris chacun dans un engrenage. Mais devant un collège qui risque de s'embraser, un seul mot d'ordre : pas de vagues...
Un peu embêtée avec ce film que j’ai aimé malgré tout mais qui me questionne. Le côté pas de vagues est tout à fait réaliste quand on lit chaque jour dans la presse les histoires des profs et des élèves. L’Education nationale ne se remet pas souvent (jamais ?) en cause dès qu’il y a un problème de harcèlement, de profs empêchés de faire cours normalement, de menaces des familles etc... Les airs d’ados butées des filles, ça aussi c’est très réaliste ! ⠀ Un prof pris dans un engrenage et victime d’une situation familiale devant laquelle il est impuissant. Une gamine perdue qui se monte la tête comme on peut le faire à son âge, encouragée par ses camarades qui ont d’autres raisons d’en vouloir au prof. ⠀
Pourtant Julien me semble trop naïf. Il fait cours à des collégiens et en plus dans un quartier sensible comme on dit. Citer une élève dans un exemple de cours c’est la donner en pâture aux autres, on sait comment des gamins peuvent s’emballer pour un rien, on ne peut pas tout dire avec des ados. Ce n’est plus créer du lien à ce stade. Ça m’a gênée qu’il ne se remette jamais en question tout comme la façon dont il se comporte avec sa collègue sur le mode ambigu. Idem pour l’histoire du kébab, ça me paraît délirant, il ne se rend vraiment pas compte à qui il enseigne. Avec en toile de fond l’homophobie dont il est persuadé qu’il en sera victime de toutes parts. A tort ou à raison ? ⠀
Et les ados montrés dans le film sont tellement stupides voire méchants, a-t-on envie de se battre pour eux ? N’est ce pas un peu réducteur de les montrer tous ainsi ? Un film qui montre tristement ce qu’est devenu le métier de prof, ne jamais sortir du cadre, les menaces des élèves, des familles, de la hiérarchie. Les rumeurs qui se propagent, les difficultés à se faire entendre... le burn out qui guette très vite, les illusions perdues de tous ceux qui se lancent dans cette voie... ⠀
Débâcle de Veerle Baetens ⠀
De nombreuses années après cet été où tout a basculé, Eva retourne pour la première fois dans son village natal avec un énorme bloc de glace dans son coffre, bien déterminée à affronter son passé.
On découvre Eva adulte et tout de suite on sent un mal être bien installé. ⠀ Eva se souvient de sa jeunesse, de son début d’adolescence, une jeune fille avec une mère alcoolique, des disputes permanentes au sein du couple et une échappatoire dans son amitié avec Tim et Laurens, ses deux meilleurs amis. La bande des trois mousquetaires unie mais déjà marquée par un drame. Elle trouve aussi refuge dans les bras de la mère de Laurens, qui élève seule son fils. ⠀
Pour passer le temps ils inventent des jeux qui dérapent et petit à petit Eva ressent un malaise. Dépassée par les sentiments des garçons, un mélange de montée des hormones qui les titillent, leur amitié va prendre un coup. Jusqu’où est-elle prête à aller pour la reconquérir ? Mesure t-elle les conséquences de ses actes ? ⠀
Eva aussi est à l’âge ou l’on commence à prendre conscience de son corps, de son pouvoir de séduction. Ambivalence des sentiments amitié/amour. Un film sous tension permanente, on se demande ce qui a pu se passer pour faire d’Eva l’adulte qu’elle est devenue. Une révélation bouleversante et glaçante. Je m’attendais à autre chose, j’ai été choquée. Sans parler des réactions des coupables et de leurs complices. ⠀
Un film sur les traumas dont on ne se remet jamais, comment ce qu’on vit dans l’enfance et la façon dont c’est géré sont déterminants dans la construction de l’adulte. La difficulté de parler à l’entourage à 13 ans quand on pense avoir la vie devant soi. Un vrai travail sur le casting enfants qui ressemblent bien aux adultes qu'ils sont devenus. Ce n'est pas si fréquent. ⠀
Chroniques de Téhéran de de Ali Asgari et Alireza Khatami
Un homme déclare la naissance de son fils. Une mère habille sa fille pour la rentrée. Une élève est convoquée par la directrice. Une jeune femme conteste une contravention. Une jeune fille se présente à un entretien d’embauche. Un jeune homme vient retirer son permis de conduire. Un homme au chômage répond à une annonce. Un réalisateur demande une autorisation de tournage. Une femme cherche à retrouver son chien. Neuf visages de la vie quotidienne à Téhéran. ⠀
A travers 9 situations et 9 personnages, le film raconte l'Iran contemporain avec beaucoup de subtilité et d'originalité. Avec la privation des libertés individuelles à tous les niveaux face à des fonctionnaires d'état ou des gens de pouvoir qui souvent profitent de leur position pour humilier les autres. On les entend mais la caméra ne les montre pas. Un procédé qui devient un peu redondant car toutes les scènes ne se valent pas. J'en garde deux très puissantes : celle de la petite fille voilée tellement forte symboliquement et celle du cinéaste qui doit faire approuver son scénario. On pense à Jafar Panahi mais aussi à d'autres, tous ces artistes muselés ou obligés de fuir. A commencer par les réalisateurs qui ont contourné la censure en tournant 9 courts-métrages, format non concerné. J'ai beaucoup aimé les scènes d'ouverture et de fin, incursion dans le cinéma fantastique, que j'interprète comme l'espoir du soulèvement et de l'implosion de la société iranienne. ⠀
The Sweet East de Sean Price Williams ⠀
Lillian, une étudiante de Caroline du Sud, découvre le monde lors d'un voyage de classe à Washington. Séparée de ses camarades de classe, elle s'embarque dans un voyage itinérant à la recherche de l'Amérique.
Errances et rencontres hallucinées dans l’Amérique d’aujourd’hui. Lillian n’a pas de projet, elle va là où ses rencontres l’entrainent, elle s’invente des vies, tout est possible. Elle se cherche, se teste et teste les autres. A-t-elle une conscience ? Vit-elle une réalité transfigurée à travers des fantasmes, des rêves ? ⠀
Entre scènes apocalyptiques, humour de second degré, flippe totale de voir ce qu’il y a dans la tête de certaines personnes, un trip délirant dans un pays qui délire. Un pays qui plonge dans la radicalité de tous les côtés. L’impression d’un mélange entre cinéma vérité et cinéma expérimental, un film dans lequel on ne doit pas forcément chercher à tout comprendre. ⠀ C’est un peu Lillian et l’Odyssée ! Une proposition de cinéma qui ne me laisse pas indifférente. Avec une actrice tellement charmante, sublime et attachante qu’on ne peut que la suivre comme tous les gens qu’elle rencontre dans le film, dégageant une attirance magnétique à laquelle on ne peut échapper... Talia Ryder magique !
Tiger stripes de Amanda Nell Eu ⠀
Zaffan, 12 ans, vit dans une petite communauté rurale en Malaisie. En pleine puberté, elle réalise que son corps se transforme à une vitesse inquiétante. Ses amies se détournent d’elle alors que l’école semble sous l’emprise de forces mystérieuses. Comme un tigre harcelé et délogé de son habitat, Zaffan décide de révéler sa vraie nature, sa fureur, sa rage et sa beauté.
Le grand chamboulement des règles, la transformation physique qui s’opère tout en rendant hommage au cinéma d’horreur classique malaisien. Un mélange des genres réussi. ⠀ Réaction viscérale qui arrive à la puberté entre les copines, les parents, les profs et la honte qu’on peut ressentir à cause des tabous et des réactions des autres. (et encore ici, il n’y a pas les garçons...). Sans parler de la perception du corps féminin qu'on veut cacher et nier. Le tigre, symbole national est une belle métaphore de ce qui transforme les enfants à la puberté.
Zaffan subit du harcèlement parce qu’elle a ses règles. On voudrait éduquer ses copines, ses parents, l’école pour que ce soit un sujet dont on parle, que les filles soient préparées. ⠀ Un film original et touchant qui raconte l'entrée fracassante dans l’adolescence entre le Règne animal et l’Exorciste ! Amanda Nell Eu a dû passer elle aussi par la case censure. Tous ces cinéastes empêchés par des carcans religieux ou idéologiques ont bien du mérite d'arriver à nous montrer leur cinéma... et on se doit de le voir pour lui permettre d'exister !
Hors saison de Stéphane Brizé ⠀
Mathieu habite Paris, Alice vit dans une petite cité balnéaire dans l'ouest de la France. Il caresse la cinquantaine, c'est un acteur connu. Elle a dépassé la quarantaine, elle est professeure de piano. Ils se sont aimés il y a une quinzaine d'années. Puis séparés. Depuis, le temps est passé, chacun a suivi sa route et les plaies se sont refermées peu à peu. Quand Mathieu vient diluer sa mélancolie dans les bains à remous d'une thalasso, il retrouve Alice par hasard.
Une vraie ambiance de thalasso hors-saison, silencieux, décors froids mais sérénité, retour au calme et aux choses simples sans pression même si notre comédien est sans cesse sollicité pour des selfies. Un peu dépressif, un peu en crise de la cinquantaine, le personnage de Mathieu raconte les affres de la célébrité, les attentes, les devoirs, le regard des autres, les doutes... incarné par un Guillaume Canet très juste. Un homme qui a tout pour aller bien comme le lui dit Alice, lumineuse Alba Rohrwacher. Idem pour elle mais les deux souffrent d’une mélancolie qui les rapproche à nouveau. Et il y a ces injonctions de la société à faire croire que tout va bien. ⠀
Comment réparer le passé ? Se réparer soi-même ? Peut-on faire renaitre une histoire de ses cendres et le veut-on ? Un film sur l’amour, le couple, la lassitude, à travers Mathieu et Aline mais aussi la copine de 78 ans qui refait enfin sa vie selon ses désirs. Une très belle scène dans laquelle l’une adresse à message à l’autre à travers une autre. Un film sobre, doux, tendre, pudique et émouvant accompagné magnifiquement par la musique de Vincent Delerm. Des moments volés à une vie tracée. Des moments de bonheur, un vrai moment de grâce lors de la scène du mariage. Une belle surprise après les films sociaux de Stéphane Brizé que j’avais moins aimé.
Une famille de Christine Angot ⠀
Film documentaire autobiographique de Christine Angot qui interroge la parole au sein d'une famille qui a été frappée par l'inceste. Sa famille, une famille. ⠀ ⠀
Un voyage dans le passé à l'aune du présent avec une "belle-mère", un ex mari, une mère et une fille, Léonore. On sent l'introspection permanente, c'est là pour toujours, cette blessure enfouie qui ressort dans l'écriture et ici au cinéma. Ce qui transparaît c'est la solitude de Christine, avant et après. La façon aussi dont la société n'écoutait pas les victimes. Terribles extraits d'émission télé. ⠀
Toujours aussi cash, on voit Christine Angot dans son entièreté quand elle pousse Isabelle dans ses retranchements. On ressent la réticence de la veuve de son père et elle a beau aligner des banalités d'usage, on sent qu'elle ne croit pas Christine et qu'elle ne l'a jamais crue. Le film montre l'entourage qui subit mais qui n'agit pas. Conversations avec Claude l'ex mari, douleureux et nécessaire. Avec la mère qui n'a pas su voir et protéger. Et enfin avec la fille. Les mots réparateurs mais aussi l'héritage terrible... Magnifiques déclarations d'amour mère fille. Tandis qu'en parallèle tout au long du film défilent des images de Léonore dans sa petite enfance, le visage de l'innocence et de l'amour. Un film à la construction parfaite. Prendre son histoire à bras le corps pour la digérer enfin ? Aller au bout d'un processus... ⠀ Des moments d'émotions surgissent plusieurs fois et les larmes qui montent et me surprennent, je ne m'y attendais pas. Remarquable et bouleversant. ⠀
Le jeu de la reine de Karim Aïnouz ⠀
Catherine Parr est la sixième femme du roi Henri VIII, dont les précédentes épouses ont été soit répudiées, soit décapitées (une seule étant décédée suite à une maladie). Avec l’aide de ses dames de compagnie, elle tente de déjouer les pièges que lui tendent l’évêque, la cour et le roi…
Il m'a manqué un contexte en début de film et c'est dommage car en sortant de la salle je me suis replongée dans l'histoire de la Dynastie des Tudor et de Henri VIII et c'est passionnant. C'est le roi qu'on connaît sous le pseudonyme de Barbe-Bleue avec les contes de nos enfances. Il y a aussi le contexte réforme de l'Eglise avec la pensée de Luther dont est adepte Catherine. ⠀
J'ai trouvé le début vraiment laborieux, le film a failli me perdre mais j’ai repris de l’intérêt au bout de 25mn...
Un roi qui humilie tout le monde sans cesse. La vie de rêve de cette époque ! Une femme qui fera tout pour survivre. Une atmosphère étrange s’installe et on sombre dans un huis clos horrifique baroque et dément. Le règne de la terreur, on a peur pour cette reine qui prend énormément de risques pour affirmer ses croyances et ses ambitions. Des scènes très crues comme on peut les imaginer de cette époque. Sexe et gangrène du roi, le dégoût s'invite. Des femmes à la merci d’hommes cruels ne voulant perdre ni le pouvoir ni leur influence. Heureusement règne une belle solidarité féminine. Le film rend un bel hommage à cette reine et lui offre une fin de cinéma en forme de réparation. Jude Law et Alicia Vikander sont géniaux.
ll reste encore demain de Paola Cortellesi ⠀
Mariée à un homme autoritaire et violent, Delia, mère de trois enfants, vit à Rome dans la seconde moitié des années 40. L’arrivée d’une lettre mystérieuse va tout bouleverser. Delia trouvera t'elle le courage d’imaginer un avenir meilleur, et pas seulement pour elle-même ?
L'Italie de l'après-guerre, les stigmates sont bien présentes. Delia et sa famille vivent dans un quartier populaire et pauvre. Delia fait mille choses et Marcella a quitté l'école pour ramener de l'argent au foyer. Tout le monde veut une vie meilleure et pour Marcella ça pourrait être le mariage avec un homme riche. On retient la scène du déjeuner, affrontement de classe et humiliations des deux côtés. ⠀
Delia est l'esclave de son mari et de son beau-père. Elle subit la violence, prend énormément sur elle pour garder un semblant de bonheur familial. J'ai aimé les chorégraphies pour symboliser la violence conjugale montrée plutôt subtilement. La terreur dans les yeux des enfants est bien réelle. Une mise en scène qui mélange film d'époque et musique contemporaine ce qui parfois m'a tenue à distance. On rit pas mal et c'est là que j'ai été gênée par ce parti pris de l'humour. Un film comique sur un sujet grave pourquoi pas mais l'humour ne doit pas nous éloigner de ce que le film veut dénoncer. Rire avec Ivano et son père ça nous les rend plus humains et pardonnables ? J'ai beaucoup aimé la fin qui m'a émue pour la relation mère fille qui s'apaise et pour le côté symbolique très fort.
Les rois de la piste de Thierry Klifa ⠀
Rachel, sorte de Ma Dalton, a élevé ses fils Sam et Jérémie, et son petit-fils Nathan, dans le culte de l’arnaque. De plans foireux en petits larcins, cette sympathique famille de bras cassés court toujours après le gros coup. Chance ou fatalité, lors d’un cambriolage, ils volent sans en connaître sa valeur, une toile de Tamara de Lempicka. Céleste, une détective rusée et charmeuse, et Gauthier, son fidèle acolyte, se lancent à leur poursuite…
Bras cassés ce n'est pas peu dire ou alors totalement inconsciente cette famille Zimmerman, escrocs de mère en fils et de père en fils. Une famille bien dysfonctionnelle et bancale comme on les aime avec ce truc en plus qui fait qu'on les aime. Une bande de gamins qui ont tous des fêlures, des reproches à balancer et des choses à se faire pardonner. ⠀
Un casting sacrément attachant comme les personnages interprétés. Des faux semblants permanents, qui ment à qui, qui est sincère ? Qui est troublé par qui ? Fanny Ardant excelle au paroxysme de la mère juive, Mathieu Kassovitz est génial en dépressif (faux?) ravi de la crèche, Nicolas Duvauchelle est touchant et Laetitia Dosch est malicieuse à souhaits ! J'ai passé un bon moment avec cette bonne comédie française ! ⠀
Bis repetita de Emilie Noblet ⠀
Delphine, prof de lettres désabusée, a un deal bien rôdé avec ses élèves : ils lui fichent une paix royale, elle leur distribue des 19/20. Mais la combine se retourne contre elle quand ses excellents résultats (fictifs) propulsent sa classe au championnat du monde de latin, à Naples. Comble du cauchemar, c'est le neveu très zélé de la Proviseure qui est choisi comme accompagnateur. Pour sauver l’option latin, et surtout sa situation confortable, Delphine ne voit qu’une solution : tricher !
Rendre vivante une langue morte et faire vibrer deux êtres éteints chacun à leur façon, c'est mon résumé du film. Delphine est totalement défaitiste, elle a lâché l'affaire, ne se pose pas de questions et ment tout le temps. Une prof qui ne rentre pas dans les codes. Xavier est exalté et sa méthode de l'apprentissage par l'immersion vaut le coup. J'aurais aimé que mes cours de latin se déroulent in situ ! ⠀
La triche est assumée dès le départ mais j'avoue que je reste dubitative sur ce message même si ça pousse les ados à être créatifs ! Impression de revoir Les sous-doués passent le bac. J'ai aimé me retrouver à Naples et Pompei, souvenirs de mon été 2023. Le duo est attachant. Un film sympathique avec lequel j'ai passé un moment agréable sans que ce soit fou. Et Noémie Lvovsky ❤️ toujours aussi drôle. J'étais curieuse aussi de voir le premier long métrage cinéma de Emilie Noblet dont j'avais adoré la série Les 7 vies de Léa. Coup de coeur du jury au Festival de l'Alpe d'Huez
Scandaleusement vôtre de Thea Sharrock ⠀
Lorsque les habitants de Littlehampton, y compris la très conservatrice Edith, commencent à recevoir des lettres remplies d'obscénités et de blasphèmes hilarants, Rose, une immigrante irlandaise et turbulente, est accusée du crime. Soupçonnant que quelque chose ne tourne pas rond, les femmes de la ville mènent l'enquête.
Une tragi-comédie sur les jugements hâtifs, les apparences, la soumission familiale et sociétale, la condition des femmes au début du 20e, la célébrité. Inspirée d'une histoire vraie et c'est surtout le personnage de Gladys Moss "first policewoman officer" que j'ai trouvé intéressante. Elle doit s'imposer et faire face aux railleries incessantes de ses collègues masculins. Elle a vraiment existé ! Un film sympathique pas révolutionnaire. Olivia Colman excelle à faire du Olivia Colman, Jessie Buckley excelle à faire du Jessie Buckley. Elles nous offrent néanmoins une partie de ping pong savoureuse.