Lectures et challenge / Décembre 2023
Publié le 16 Janvier 2024
Je me suis lancée le défi de lire 120 livres en 2023, je ne voulais pas échouer à un ou deux près ce qui fait que j'ai lu 14 livres en décembre ! J'ai eu du temps dans les transports et le soir avant de dormir. J'en ai lu quelques uns en un jour ou deux, quand on se concentre on y arrive.
Dont 4 catégories pour le challenge lecture de Mélanie que j'ai moins bien complété que l'an dernier.
Récap 2023 : 120/120 et 43/60
Une déchirure dans le ciel de Jeanine Cummins
Un soir d'avril 1991, à la faible lueur de leurs briquets, deux sœurs, Julie et Robin Kerry, font découvrir à leur cousin Tom Cummins les poèmes et graffitis inscrits sur l'Old Chain of Rocks, le pont qui enjambe le Mississippi à la sortie de St. Louis. Au même moment, quatre jeunes de la région trompent leur ennui en arpentant ce vieux pont, depuis l'autre rive. Lorsque leur route croise celle du petit groupe, on assiste brusquement à un terrible déchaînement de violence. Tom, qui réussit à en réchapper, ne peut pas imaginer que pour lui, sa sœur Jeanine et toute la famille Cummins, une interminable épreuve commence.
Le récit d'une histoire vraie absolument terrible, des meurtres gratuits racontés avec minutie, comme les a vécus Tom. C'est sa sœur qui prend la plume pour raconter l'ouragan vécu par toute une famille avec une affaire qui a fait s'affronter divers camps d'un pays, la peine de mort entrant dans l'équation, sans parler des médias aux théories faciles et aux jugements effarants et de la police à côté de la plaque. Mais surtout, Jeanine rend hommage à ses cousines qu'elle adorait et à son frère en replaçant les victimes au cœur du récit et non les coupables.
Bouleversant et éprouvant...
Babysitter de Joyce Carol Oates
Hannah et Wes Jarrett forment l'une des familles les plus en vue de l'élite blanche et bourgeoise de Detroit, en cette fin des années 1970. Entre les galas caritatifs et les déplacements d'affaires, ils se croisent à peine, et n'ont plus en commun que leurs deux enfants, choyés par la gouvernante. Par ailleurs, depuis plusieurs semaines, des gros titres abominables font la une des journaux : des corps de garçons sont retrouvés nus, sans vie, comme exposés au public. Un meurtrier dont on ne sait rien, que les médias s'empressent de nommer Babysitter.
Alors que la peur couve dans les foyers, Hannah ne se reconnaît plus. Elle, l'épouse fidèle, recherche excitation et aventure auprès d'un mystérieux amant, dont elle ne connaît que les initiales : Y. K. Cependant qu'un piège dévastateur semble se refermer sur elle, les crimes de Babysitter se multiplient...
Une plongée dans l'intimité d'une famille bourgeoise, couple et deux enfants qui vivent dans leur monde, en autarcie, soirées mondaines, école privée, racisme ambiant, sentiment de supériorité... JCO va s'intéresser plus particulièrement à Hannah, ses relations avec son mari, ses enfants et sa domestique. Une femme que j'ai trouvée affreuse malgré le fait qu'on pourrait la plaindre. Mais ses choix sont mauvais et terribles de conséquences. Elle trouve toujours une justification à sa façon d'être. JCO ne nous épargne rien et surtout pas la relation extraconjugale avec des scènes d'une violence inouïe et cette femme qui se complait, est dans le déni total de ce qui lui arrive, tellement avide d'un regard et d'une attention qui lui manque à la maison. Pour moi elle a besoin de soins psy.
Un roman très dense comme d'habitude chez JCO, avec son style bien à elle. Mais pour une fois je suis vraiment mitigée, je n'ai pas aimé autant que je pensais. Le fait que je n'ai eu aucune empathie pour Hannah a dû jouer. L'histoire de fond avec Babysitter est terrible aussi. Un roman vraiment dark à tous les niveaux.
Éteindre la lune de William Boyd
Bobby, 14 ans, s’amuse à lancer des cailloux sur des voitures. L’un d’eux touche une conductrice qui perd le contrôle de son véhicule et meurt dans l’accident. Elle avait 18 ans et était la fille de Jack, un redresseur de torts mandaté par les gens modestes de son quartier pour intimider les escrocs et autres sales types. Quelques années plus tard, Jack s’inscrit à un atelier d’écriture dans l’espoir d’exorciser sa douleur et noue avec la jeune femme qui l’anime, Lily, une relation quasi filiale. Mais il se trouve que le hasard des familles recomposées fait d’elle l’ex-belle-sœur d’un Bobby qui n’a rien perdu de sa capacité à s’attirer des ennuis.
Un roman noir que j'ai dévoré. Noir avec de la lumière. Des épreuves dures, des personnages peu gâtés par la vie mais qui veulent autre chose, des rencontres qui vont devenir magiques, un puzzle de vie qui s'emboite parfaitement à la fin. J'ai adoré, dans mon top livres 2023.
Catégorie 51 : un live dont le titre comporte un oxymore
Dans la forêt des larmes de Glendy Vanderah
La Forêt sauvage... Aussi loin qu'elle s'en souvienne, Ellis a toujours traversé le massif de roses et de mûres qui borde le parc pour caravanes où elle habitait enfant, pour y trouver refuge. C'est dans cet îlot de verdure, auprès du doux bruissement des feuillages et du murmure apaisant du ruisseau, qu’elle trouvait alors les confidents dont elle avait besoin les jours où sa mère buvait trop. Aussi est-ce tout naturellement qu’elle s’y réfugie quinze ans plus tard, accompagnée de ses jumeaux de quatre ans et de son bébé, Viola, le jour où elle découvre l'infidélité de son mari.
Mais les lueurs vagabondes de la clairière, le croassement des corbeaux, l’agitation de ses garçons et son propre tumulte intérieur lui font commettre l'irréparable. Au moment du départ, elle oublie sur le parking le siège-auto où dort sa fille.
À son retour, dix minutes plus tard, Viola a disparu, comme avalée par la forêt. Ellis entame alors un long voyage au cœur du bois pour apprendre à vivre avec sa culpabilité et à se pardonner...
J'avais plus de 7h de train dans une journée, j'ai donc lu d'une traite ou presque ce pavé de 530 pages et pas des pages de 10cm !
Une disparition d'enfant, une mère qui ne se pardonne pas et remet toute sa vie en question. Elle veut se punir et punira tous les autres, sa famille en premier. Je ne peux pas en dire plus car j'ai eu plein de surprises à la lecture du roman et c'est dommage de savoir, mieux vaut s'en douter au fur et à mesure de la lecture. Un roman lumineux avec des moments très durs mais de l'amour, de l'amitié, une interrogation du lien maternel, la place de la nature, un peu de fantastique et beaucoup de poésie. La fin est peut-être un peu too much mais elle fait du bien !
Catégorie 12 : un livre avec une plante sur la couverture
Les justes d'Albert Camus
«En février 1905, à Moscou, un groupe de terroristes, appartenant au parti socialiste révolutionnaire, organisait un attentat à la bombe contre le grand-duc Serge, oncle du tsar. Cet attentat et les circonstances singulières qui l'ont précédé et suivi font le sujet des Justes. Si extraordinaires que puissent paraître, en effet, certaines des situations de cette pièce, elles sont pourtant historiques. Ceci ne veut pas dire, on le verra d'ailleurs, que Les Justes soient une pièce historique. Mais tous les personnages ont réellement existé et se sont conduits comme je le dis. J'ai seulement tâché à rendre vraisemblable ce qui était déjà vrai... La haine qui pesait sur ces âmes exceptionnelles comme une intolérable souffrance est devenue un système confortable. Raison de plus pour évoquer ces grandes ombres, leur juste révolte, leur fraternité difficile, les efforts démesurés qu'elles firent pour se mettre en accord avec le meurtre - et pour dire ainsi où est notre fidélité.» Albert Camus
Une courte pièce de théâtre bien prenante avec du suspens. Un sujet toujours d'actualité, l'engagement terroriste pour ses idées, l'engagement politique contre un pouvoir dictatorial en place. Tuer des innocents pour se faire entendre ? Mourir pour ses idées ? Contradictions et débats au sein d'un groupe, très intéressant.
Catégorie 2 : une pièce de théâtre
Humus de Gaspard Koenig
Deux étudiants en agronomie, angoissés comme toute leur génération par la crise écologique, refusent le défaitisme et se mettent en tête de changer le monde. Kevin, fils d’ouvriers agricoles, lance une start-up de vermicompostage et endosse l’uniforme du parfait transfuge sur la scène du capitalisme vert. Arthur, enfant de la bourgeoisie, tente de régénérer le champ familial ruiné par les pesticides mais se heurte à la réalité de la vie rurale. Au fil de leur apprentissage, les deux amis mettent leurs idéaux à rude épreuve. Du bocage normand à la Silicon Valley, des cellules anarchistes aux salons ministériels, Gaspard Kœnig raconte les paradoxes de notre temps – mobilité sociale et mépris de classe, promesse de progrès et insurrection écologique, amour impossible et désespoir héroïque... Une histoire de terre et d’hommes, dans la grande veine de la littérature réaliste. Prix Interallié 2023
Je n'aurais jamais pensé me passionner pour une histoire de vers de terre ! La réussite de ce roman c'est d'avoir raconté une vraie histoire sociale contemporaine en partant d'un sujet écolo tendance comme le vermicompostage et de l'avoir développé sans qu'on s'ennuie jamais. Il fallait tenir sur la durée et ça marche. C'est vivant, bien raconté et crédible. Passionnant ce duo d'étudiants qui vont partir chacun dans leur coin et qu'on va aimer suivre dans leurs succès et leurs échecs.
Hors champ de Sylvie Germain
En l'espace d'une semaine, Aurelien, un homme ordinaire, va progressivement disparaître. Il est de plus en plus hors champ, perdant jusqu'à sa voix, son odeur et son ombre. Au fur et à mesure de cette genèse a rebours, il sort aussi de la pensée et de la mémoire des autres, même de ses proches. Cet effacement intensif s'opère au grand jour, dans l'agitation de la ville, à l'aune de tous ces naufrages qu'on ne regarde plus et qui ne comptent pour personne.
J'avais envie de découvrir l'auteure qui a fait suer les 2005 (ma fille entre autres) durant les épreuves du Bac français 2022. Je suis tombée sur ce roman par hasard et je n'ai pas regretté. L'écriture est belle et riche. L'histoire est loufoque et triste, une histoire de solitude, d'invisibilité dans laquelle on peut tous se reconnaître à un moment de notre vie. Vraiment bien.
La loi du rêveur de Daniel Pennac
L'ampoule du projecteur a explosé en plein Fellini. Minne et moi regardions Amarcord du fond de notre lit. - Ah ! Non ! Merde ! J'ai flanqué une chaise sur une table et je suis monté à l'assaut pour changer l'ampoule carbonisée. Explosion sourde, la maison s'est éteinte, je me suis cassé la figure avec mon échafaudage et ne me suis pas relevé. Ma femme m'a vu mort au pied du lit conjugal. De mon côté je revivais ma vie. Il paraît que c'est fréquent. Mais elle ne se déroulait pas exactement comme je l'avais vécue.
Un mélange réussi entre rêve, réalité et fiction. L'auteur brouille les pistes. Un livre qui fait la part belle à l'imagination qui déborde dans nos rêves et un superbe hommage au grand réalisateur Federico Fellini.
La danseuse de Patrick Modiano
La danseuse arrivait, le matin, à sept heures quarante-cinq, gare du Nord. Ensuite le métro jusqu’à la place de Clichy. Le bâtiment du studio Wacker était vétuste. Au rez-de-chaussée, une dizaine de pianos d’occasion, rangés en désordre comme dans un dépôt. Aux étages, une sorte de cantine avec un bar et les studios de danse. Elle prenait des cours avec Boris Kniaseff, un Russe que l’on considérait comme l’un des meilleurs professeurs... Une odeur particulière de vieux bois, de lavande et de sueur.
Les souvenirs d'un jeune homme qui va fréquenter une danseuse et ses amis. La nostalgie d'un Paris des années 60, il veut écrire, elle danse et sa vie va être source d'inspiration. Son passé mystérieux ressurgit, qui est cette femme ? Que cache sa vie d'avant ? On retrouve toujours le style Modiano, la lecture de ce dernier était agréable mais j'ai eu le sentiment de lire une autre version de Chevreuse que j'avais lu en mars dernier.
Métaphysique des tubes de Amélie Nothomb
Parce qu’elle ne bouge pas et ne pleure pas, se bornant à quelques fonctions essentielles – déglutition, digestion, excrétion –, ses parents l’ont surnommée la Plante. L’intéressée se considère plutôt, à ce stade, comme un tube. Mais ce tube, c’est Dieu. Le lecteur comprendra vite pourquoi, et apprendra aussi que la vie de Dieu n’est pas éternelle, même au pays du Soleil levant...
Une autobiographie d'un bébé et des digressions philosophiques comme la notion de plaisir. La petite enfance d'Amélie Nothomb au Japon racontée avec beaucoup d'humour, d'imagination et de bon sens.
Juste un mot de Frédéric Vinclère
Paul, onze ans, rêveur, introverti, et son grand frère Lou-Victor, parti du domicile familial, entament une correspondance. De mails en sms en passant par Facebook, les deux garçons vont se confronter, se confier et peut-être se découvrir des points communs. Et qui sait, en chemin, embarquer d'autres personnes ?
Un roman jeunesse que j'ai bien aimé sur le sujet de départ du harcèlement scolaire. Une belle reconnexion familiale, une belle histoire de fraternité et d'amitié. Echanger, se livrer et parler c'est toujours le début d'une belle aventure ou la fin d'un cauchemar.
Stargazing de Jen Wang (lu en anglais)
Moon est tout ce que Christine n'est pas. Elle est confiante, impulsive, artistique et bien qu’elles aient toutes deux grandi dans la même banlieue sino-américaine, Moon ne ressemble à personne. Lorsque la famille de Moon emménage à côté de celle de Christine, Moon passe d'amie improbable à meilleure amie, peut-être même à l'amie parfaite. Pourtant Christine se pose beaucoup de questions...
Une belle histoire d'amitié qui passe par des hauts et des bas. L'influence de l'amitié, la perte de sa personnalité, la gestion de parents bien trop stricts et les comportements surprenants qui peuvent avoir des causes inattendues... Un chouette roman graphique inspiré par l'enfance de l'auteure.
Kiss number 8 de Colleen A. F. Venable, illustré par Ellen T. Crenshaw (lu en anglais)
Le roman suit les expériences d'Amanda à travers une série d'horribles baisers et explore avec humour sa sexualité, sa famille et sa foi.
Amanda se cherche, les baisers qu'elle donne ou reçoit sont décevants alors qu'elle ne rêve que d'embrasser sa meilleure amie Cat ou sa voisine dont Adam le jeune frère est amoureux d'elle. On assiste aux élucubrations d'une adolescente que ce soit en famille ou entre amis.
Un roman graphique coming out of age que j'ai trouvé un peu long avec le personnage de Cat trop toxique à mon goût, la meilleure amie qui vous veut du bien mais en fait pas du tout car trop égocentrée. Homophobe en plus ! Mitigée sur cette lecture.
Catégorie 23: un livre écrit à quatre mains
Vík de Ragnar Jónasson
Des années ont passé avant qu'Ásta ne se décide à remettre les pieds à Kálfshamarsvík, à l'extrême nord de l'Islande. Là-bas, c'est comme si le temps avait tout figé : le phare, la maison qui surplombe la baie (vík, en islandais), ses rares habitants. Et le retour de la jeune femme n'est pas perçu d'un bon œil. Quand, quelques jours avant Noël, le corps d'Ásta est retrouvé au pied de la falaise, l'inspecteur Ari Thór est dépêché sur les lieux. Dans cette contrée perdue, l'étau se resserre inévitablement sur une poignée de suspects. Mais la vérité est peut-être à chercher ailleurs, dans un passé aux résonances morbides, refoulé depuis près de vingt-cinq ans ...
Après la déception de A qui la faute ? en novembre, j'ai préféré celui-ci même s'il ne va pas me laisser un grand souvenir ! Les femmes de la même famille à travers les générations qui semblent subir une malédiction. Des secrets de famille déterrés, des vies en huis-clos dans une ambiance glaçante et pas uniquement pour la météo. J'ai bien aimé le perso de Ari Thór.