Mon cinéma de décembre 2023
Publié le 3 Janvier 2024
Winter Break de Alexander Payne
Hiver 1970. M. Hunham est prof d’histoire ancienne dans le prestigieux lycée Barton. Pédant et bourru, il n’est apprécié ni de ses élèves ni de ses collègues. Alors que Noël approche, M. Hunham est prié de rester sur le campus pour surveiller la poignée de pensionnaires consignés sur place.
Des élèves et membres du personnel vont devoir passer leurs vacances de Noël ensemble dans des conditions difficiles, économies de chauffage, de nourriture... Tout le monde juge tout le monde dans ce collège Barton où étudient des gosses de riche souvent mal élevés en mode petits cons. Après quelques jours, ils se retrouvent à 3. M.Hunham dur, solitaire, pas empathique, juge facilement les gens. Angus, prompt à s’emporter et à l’ouvrir sans réfléchir. Mary la cuisinière ne se remet pas de la mort de son fils, étudiant à Barton mais parti faire la guerre pour payer ses études supérieures. On se doute que chacun va réviser son jugement au fur et à mesure des échanges et de la promiscuité. On se doute que les gamins riches ont d’autres problèmes et que le prof bourru a un passé compliqué. Mais c’est la façon dont tout ça est amené qui donne sa force au film. ⠀
Une vraie chronique sociale fine et drôle sur fond de guerre du Vietnam. Les riches dans leur monde à part avec des exigences tout le temps, les enfants pauvres obligés de faire la guerre, l’injustice de cette société ; les enfants difficiles dont on se débarrasse en pension car on a les moyens ; les complexes et les héritages familiaux dont il faut faire avec d’où que l’on vienne. Ce trio improbable va nous faire passer par toutes sortes d’émotions. Les secrets dévoilés, les préjugés qui tombent, un vivre ensemble plus facile qu’on ne le pensait dès qu’on enlève ses ornières. Des liens éternels. ⠀
J’ai aimé aussi le discours sur l’importance d’enseigner le passé pour expliquer le présent et se rendre compte que depuis l’Antiquité, on ne fait que répéter les mêmes erreurs... Mise en scène et reconstitution magnifique et dingue d'une ambiance, d’une époque et d’une saison. Une réussite avec simplicité, sincérité, humour et humanisme. ⠀
Un film doux mais pas naïf, un feel good qui n’arrondit pas les angles. Je l’ajoute à mes coups de cœur 2023. Coup de chapeau à Dominic Sessa dont c’est le 1er rôle au cinéma mais tout le cast est parfait.
L’innocence de Kore-eda Hirokazu
Le comportement du jeune Minato est préoccupant. Sa mère, qui l’élève seule, décide de confronter l’équipe éducative de l’école de son fils. Tout semble désigner Hori, le professeur de CM2 de Minato comme responsable des problèmes de son fils...
3 parties, 3 versions de la même histoire. Comment passer outre les apparences, comment ne pas juger sans chercher à comprendre ? A travers le harcèlement scolaire et ses conséquences, le réalisateur dépeint une société japonaise très dure tout en racontant une histoire d’amitié propre à l’enfance et ses sentiments souvent difficiles à exprimer. Il continue d’explorer le thème de la famille avec ici, des enfants élevés par un parent.
On embrasse vite le point de vue de cette mère célibataire très à l’écoute de son fils et se heurtant à un corps enseignant ne voulant pas faire de vagues. Scène surréaliste à l’école avec cette contrition permanente des Japonais, ces courbettes à n’en plus finir. Les drames personnels qui prennent le pas sur les comportements professionnels.
Puis, ce que vit Hori, le prof nous pousse à imaginer autre chose de plus complexe. On voit une société du travestissement de la vérité pour sauvegarder les honneurs et les réputations, une société prompte à propager des rumeurs, l’emballement et les déformations qui vont avec. Le pouvoir des parents et des élèves n’est pas sans faire penser à ce qui se passe chez nous avec les profs harcelés et menacés par des groupes intégristes.
Et enfin, c’est dans une dernière partie qui raconte les deux enfants que l’on réussit à finir le puzzle. Une 3e partie lumineuse et belle, aussi simple et compliquée que peuvent l’être les enfants entre eux. Les dessous des amitiés, les mensonges quand la vérité est trop dure à révéler, la méchanceté à l’école. ⠀
Un duo magique, deux gamins pris dans un engrenage et dans des émotions qu’ils ne parviennent pas forcément à expliquer. Deux enfants qui ont trouvé un endroit à eux, pour échapper à tous les monstres qui les poursuivent..."Qui est le monstre ?" Il m’a manqué un tout petit peu d’émotion pour que ce film soit un coup de cœur mais j’ai beaucoup aimé.
Dream scenario de Kristoffer Borgli
Paul Matthews, un banal professeur, voit sa vie bouleversée lorsqu’il commence à apparaître dans les rêves de millions de personnes. Paul devient alors une sorte de phénomène médiatique, mais sa toute nouvelle célébrité va rapidement prendre une tournure inattendue…
Un scénario très original qui raconte une histoire classique qui m’a fait penser à celle racontée dans Edward aux mains d’argent. Paul mène une vie simple dans laquelle il n’a jamais réussi à s’imposer avec le complexe de l’enseignant qui voudrait publier mais n’a jamais écrit une ligne, il est spectateur de sa vie comme lorsqu’il apparait au début dans les rêves des gens, il ne fait rien. Sa célébrité soudaine le bouscule, on s’intéresse à lui. Le buzz, la viralité, la célébrité éphémère de la nouveauté... Puis les rêves des gens évoluent et la célébrité devient encombrante. Bad buzz, effet up and down, l’emballement ridicule des gens dans les deux sens... cette société qui porte aux nues avant de hurler aux loups.
Le film joue bien sur l’effet de surprise, est-ce un rêve ou la réalité que l’on est en train de voir ? Le pouvoir des rêves et des cauchemars, on pense aux Griffes de la nuit et c’est assumé par le réalisateur. ⠀
Une critique plutôt réussie de nos sociétés contemporaines et de leur vide et superficialité. Avec une conséquence terrifiante de toute cette histoire de rêves, qui ouvre sur un avenir pas si science-fictionnel que ça... ⠀ Vraiment contente que Nicolas Cage revienne au cinéma ces dernières années. Ici il est magistral. Après Sick of Myself et ce Dream Scenario, Kristoffer Borgli est un réalisateur à suivre !
Mon ami robot de Pablo Berger
Dans un univers peuplé d'animaux où il est possible de fabriquer des robots pour palier à la solitude, Dog, un chien new-yorkais, se fait un nouvel ami : Robot. Ils jouent à la console, se baladent à Central Park, et deviennent vite inséparables. Un événement inattendu les sépare. Arriveront-ils à se retrouver ?
Une première partie toute mignonne et tendre avec Dog qui se sent seul et qui aspire à une vie avec quelqu’un pour partager. Et on va se rendre compte qu’il a vraiment beaucoup de choses à partager. Fascinant de voir à quel point le robot imite les comportements humains, on peut laisser dériver sa pensée et comprendre pourquoi les humains ont peur des robots. N’est-ce pas ?... Un film muet pour tout public mais j’ai trouvé que beaucoup de références s’adressaient plus aux adultes qu’aux enfants. ⠀ Un bestiaire incroyable avec une vraie observation des animaux et de leur "fonction" possible dans la société. Une vision très juste avec un fourmillement de détails en permanence. Parfois même ça passe tellement vite dans une image qu’on ne peut pas tout apprécier. Les décors sont fous.
J’ai aimé l’animation très riche et contemporaine et l’histoire qui nous emmène sur des pistes originales et pas forcément attendues. Mon seul petit bémol, il y a peut-être 10mn de trop mais mon ressenti est aussi dû à la fatigue du vendredi soir en fin d’année...
Perfect days de Wim Wenders
Hirayama travaille à l’entretien des toilettes publiques de Tokyo. Il s’épanouit dans une vie simple, et un quotidien très structuré. Il entretient une passion pour la musique, les livres, et les arbres qu’il aime photographier. Son passé va ressurgir au gré de rencontres inattendues. Une réflexion émouvante et poétique sur la recherche de la beauté dans le quotidien.
Une routine matinale bien rodée dans un appartement au confort spartiate, Hirayama prend soin de lui et de ses plantes qu’il couve comme des enfants. Un homme qui aime le travail bien fait fut-il de récurer des toilettes qui seront salis la seconde d’après. Il parcourt la ville de Tokyo et ses toilettes avec la tour Skytree en repère et qui change en fonction de l’heure ou de la lumière. Il écoute des vieux standards américains et lit beaucoup. Un homme cultivé et taiseux qui ne s’exprime que lorsque c’est vraiment nécessaire. Hirayama s’émerveille de tout ce qu’il regarde et notamment le ciel, même lorsqu’il pleut. Il parait seul mais pas malheureux. ⠀
Il refait la même chose chaque jour, du lever au coucher, et pourtant chaque jour est différent. On sent que chaque matin, il regarde le ciel comme une bénédiction, la promesse d’un nouveau jour qui lui apportera beaucoup. Au gré des rencontres et des surprises, on en découvre un peu plus sur lui. Son passé le rend encore plus intéressant de par son choix de vie présent. ⠀
Un film doux et tendre, plein de poésie qui dresse le portrait d’un homme simple et mystérieux mais profondément humain. On s’attache à Hirayama comme à quelqu’un qu’on aimerait avoir dans notre famille. Ps : j’admire la façon dont Tokyo gère les toilettes, il y en a partout et ils sont design et entretenus. Paris pourrait s’en inspirer car aller aux toilettes ici c’est toujours un vrai problème...
Past lives de Celine Song
A 12 ans, Nora et Hae Sung sont amis d’enfance, amoureux platoniques. Les circonstances les séparent. A 24 ans, le hasard les reconnecte, pour un temps. A 36 ans, ils se retrouvent, adultes, confrontés à ce qu’ils auraient pu être, et à ce qu’ils pourraient devenir.
Un premier adieu à l’âge où l’on ne sait pas vraiment exprimer ses sentiments.
12 ans plus tard, Nora et Hae Sung sont étudiants et se retrouvent en mode virtuel via Skype. Une relation amicale dont on sent qu’elle pourrait basculer vers autre chose mais la distance et l’impossibilité de se voir conduisent à un nouvel adieu des temps modernes par texto. On y croyait nous à leur complicité retrouvée, aux regards qui en disent long, aux sentiments inavoués, aux espoirs de romance...
Encore 12 ans plus tard, leurs retrouvailles sont émouvantes. Quelque chose se dessine sous nos yeux, on ne sait pas trop quoi. Nora est mariée, Hae Sung a une fiancée en Corée. Il se passe des choses dans ce film qu’on ne peut raconter, des choses subtiles, des scènes où le silence est bien plus évocateur que les mots. Comme ce fameux « inyeon », le lien qui unit deux personnes (amoureuses ou pas). Et cette scène finale d’une intensité bouleversante qui m’a tirée d’abondantes larmes ? (qui n’a pas été ému.e ?)
Les destins contrariés, les évidences, ce qu’on ne peut pas rattraper, les vies antérieures qui raconteraient une histoire qui n’est pas réelle dans la vie d’aujourd’hui, les possibilités, les fantasmes, les rendez-vous manqués... Et si ? Peut-être un jour, peut-être plus tard, peut-être jamais. Comment dire adieu à son enfance pour pouvoir avancer dans son futur ? Comment renoncer pour accepter ? Yoo Teo est incroyable, on voit vraiment tout ce qu’il ressent sur son visage, il pourrait jouer sans paroles. Un très beau film, nostalgie, romantisme et délicatesse.
Bâtiment 5 de Ladj Ly
Haby, impliquée dans la vie de sa ville, découvre le plan de réaménagement de son quartier d'enfance. Mené en catimini par Pierre Forges, jeune pédiatre propulsé maire, il prévoit la démolition de l'immeuble où Haby a grandi. Elle se lance dans un bras de fer contre la municipalité et ses grandes ambitions pour empêcher la destruction du bâtiment 5.
Des protagonistes qui racontent tous une image de la banlieue, d’un côté les habitants, de l’autre les dirigeants de la cité. Plusieurs visions, chaque partie dit des choses vraies, on voit la complexité et les enjeux qui ne se rejoignent pas. Un jeune maire, à la fois naïf, déconnecté des cités, tributaire d’un parti et son adjoint natif des quartiers, corrompu certes mais dont le discours est pertinent malgré tout. On pourrait penser que le maire va se rendre compte de la réalité mais trop fier et sûr de son bon droit, il est d’un cynisme absolu. L’hallucination de la scène d’évacuation, expulsion sous couvert de légalité, laisser les gens sans rien, des années de vie perdues...
Patronisation, altercations policières qui dégénèrent toujours, aucune empathie. On comprend la haine et le ressentiment qui infusent. Un cercle vicieux infini. Pour Haby la seule façon de se battre est d’agir en s’engageant politiquement pour être au même niveau. Combat légitime, qui symbolise l’espoir d'1 nouvelle génération pour faire changer les choses de l'intérieur. ⠀
Le film n'a pas la force des Misérables mais malgré ses défauts il raconte d'une façon juste (inspirée de faits réels) le mépris, la haine, l'injustice, la façon de traiter les gens comme des sous-humains qui conduit à une autre forme de violence. Et les quartiers qu’on laisse se délabrer, les habitants auxquels on refuse qu'ils améliorent eux-mêmes leur quotidien. A qui revient la faute de l'incendie ? Blaz personnifie la limite de ce qu’un être humain peut endurer. Difficile de ne pas être en colère et de ne pas répondre avec son instinct. Un film qui interroge nos rapports de force société civile/institution.
L'enfant du paradis de Salim Kechiouche
Après une traversée du désert dans sa carrière de comédien, Yazid voit enfin se profiler le bout du tunnel. Sobre depuis six mois, il veut montrer à sa nouvelle fiancée et à Hassan, son fils de 16 ans, qu'il est maintenant un autre homme qui a repris goût à la vie. Mais en quelques jours, les vieux démons resurgissent et avec eux les souvenirs de son enfance en Algérie.
Un mix avec des images réelles, des films de famille, des moments heureux auxquels Yazid s'accroche mais son équilibre trop fragile. Malgré l'apaisement qu'il trouve auprès de sa fiancée et de sa grand-mère, on sent qu'il est sur un fil toujours prêt à tomber, une absence maternelle arrivée trop tôt dans sa vie, un trauma jamais assimilé. Un cinéma du réel avec un comédien charismatique. Un homme qu'on renvoie sans cesse à son passé et qui s'y réfugie aussi. ⠀
Père séparé en conflit avec son ex mais voulant apaiser les choses pour son ado, comédien issu d'une cité avec une pression et le jugement des autres, les rancœurs et la jalousie, des erreurs de jeunesse, drogue et addiction qu’on lui reproche sans arrêt, comment s’en sortir si le passé te saute toujours au visage ? Un besoin de reconnaissance, un besoin d'amour criant. Un premier film sincère et brut qui parle de deuil et de cinéma. On a tellement envie de croire en Yazid mais il n'y croit plus lui-même... J'ai bien aimé, pour autant j'aurais voulu un tout petit plus, 1h12 c'était un peu juste...
Les colons de Felipe Gálvez
Terre de Feu, République du Chili, 1901. Un territoire immense, fertile, que l’aristocratie blanche cherche à "civiliser". Trois cavaliers sont engagés par un riche propriétaire terrien, José Menendez, pour déposséder les populations autochtones de leurs terres et ouvrir une route vers l’Atlantique. Sous les ordres du lieutenant MacLennan, un soldat britannique, et d’un mercenaire américain, le jeune métis chilien, Segundo, découvre le prix de la construction d’une jeune nation, celui du sang et du mensonge.
Trois personnages réunis contre leur gré. Peu à peu on perd le but de ce périple pour se concentrer sur les relations humaines entre ce trio improbable. Segundo est obligé de supporter sans participer aux horreurs des massacres, un témoin silencieux et non libre. Les blancs parlent entre eux comme s’il n’existait pas, comme si son métissage lui ôtait la faculté d’être touché par le sort des indiens. Peut-il devenir comme eux ? Accepte-t-il ou joue-t-il sa survie ?
Le film va montrer un massacre totalement gratuit et les comportements humains quand personne n’est là pour encadrer ou juger. Des colons qui s’octroient le droit de vie et de mort sur une population qu’ils haïssent par appât du gain et racisme. Et quand le pays voudra se reconstruire, il utilisera à nouveau les indiens mais cette fois, pour se donner une nouvelle conscience. Un western sud-américain avec tous les codes, les ambiances, la musique, les paysages... Une mise en scène remarquable avec un travail sur la lumière absolument magnifique et des plans d’une beauté absolue qui contrastent avec la violence d’autres. Des scènes qui marquent...
Wonka de Paul King
Le jeune Willy Wonka, extraordinaire inventeur, magicien et chocolatier, tente de mettre en place une boutique de chocolat en ville. Il affronte le cartel des chocolatiers qui voit d'un mauvais oeil son arrivée, alors qu'il se met à créer ses premières friandises uniques au monde.
Une histoire de transmission de mère en fils, de témoignage, d’honorer la mémoire. J'ai bien aimé la communauté que se crée le jeune Wonka et le côté comédie musicale. ⠀
Tout le monde chante vraiment les chansons ce qui donne au film un charme supplémentaire. Un film agréable et sympathique. Ce n'est pas délirant ni fou juste doux et sucré. Je ne sais pas trop à quoi je m'attendais, j'ai passé un bon moment sans ressentir quelque chose de fort. Changer le monde avec des chocolats, une idée bien meilleure que celles utilisées par tous ceux qui sont au pouvoir actuellement dans le monde...
Une affaire d'honneur de Vincent Perez
Paris, 1887. Dans une société en pleine mutation, où le duel est la dernière issue pour faire respecter son honneur, Clément Lacaze, charismatique maître d'armes et Marie-Rose Astié de Valsayre, féministe en avance sur son époque, vont se battre côte à côte, faisant fi des menaces et des dangers qui les guettent ...
Pas évident d’appréhender cette notion d’honneur et la façon de la régler avec les duels, qui sont pour moi un peu des meurtres sans punition quand une brute sanguinaire comme le Colonel Berchère (nostalgique de la guerre ?) entend venger le sien. Un cercle infernal qui peut ne jamais s’arrêter. Pourtant les duels faisaient partie de la société, étaient acceptés comme mode de jugement. On voit la sportivité des duellistes en général, le comportement moral exemplaire avec le personnage de Clément Lacaze (Roschdy Zem toujours impeccable) qui représente aussi les hommes traumatisés par la guerre récente. Avec Astié, il redécouvre qu’on peut espérer vivre autre chose de plus doux, se laisser aller...
J’ai aimé la mise en scène qui va droit au but, qui ne nous fait pas perdre de temps avec des scènes à rallonge. Tout comme les scènes de duels avec une tension incroyable. J’étais crispée à chaque fois ! ⠀
Un film qui porte une attention particulière à l’ouverture timide mais réelle, des droits des femmes avec le personnage de Marie-Rose Astié de Valsayre qui a existé et dont les combats sociétaux sont retracés dans le scénario. Elle incarne le futur. Un film d’époque, avec une part de modernité, qui tient en haleine et nous fait nous interroger sur cette notion d’honneur, pourquoi le défendre coûte que coûte ? Cela en vaut-il vraiment la peine ? Venger son honneur, cela reste malheureusement contemporain et souvent synonyme de tuer ou de briser des vies...
Dumb Money de Craig Gillepsie
L’incroyable histoire vraie d’un homme ordinaire et de ses followers qui ont ébranlé Wall Street en misant sur GameStop, une entreprise à laquelle personne ne croyait. En engageant toutes ses économies sur un pari fou, Keith Gill et ceux qui décident de le suivre, vont gagner beaucoup, beaucoup d’argent : Wall Street a ses nouveaux loups. Mais ce qui enrichit les uns appauvrit les autres, et les milliardaires des fonds d’investissement ne vont pas tarder à riposter...
Un gros capital sympathie pour le casting (Pete Davidson et Anthony Ramos notamment), idem pour la musique et surtout l'histoire à la Robin des Bois en retournant un système bien rodé contre lui-même. ⠀
En dehors du coup boursier intelligent avec une prise de risque qui paie, le film parle de l'Amérique post covid, les traumas psychologiques, financiers et humains, l'endettement des étudiants, le comportement des riches durant la pandémie... J'ai aimé cette histoire qui met en valeur le sens du collectif, une motivation qui n'est pas forcément l'argent, tenir une position pour le groupe pour dénoncer des actes et des comportements et prendre les profiteurs à revers. Un film sympathique, j'ai passé un bon moment, mais dommage que je n'aie pas tout capté, il aurait fallu un glossaire boursier avec des mots comme shorter ou short squeeze.
Migration de Benjamin Renner et Guylo Homsy
La famille Colvert est en proie à un dilemme d’ordre domestique. Alors que Mack est totalement satisfait de patauger avec sa famille, paisiblement et définitivement, dans leur petite mare de la Nouvelle-Angleterre, sa femme Pam serait plus du genre à bousculer un peu cette routine pour montrer le reste du monde à ses enfants Dax et sa petite sœur Gwen. Pour la première fois ils vont migrer, destination la Jamaïque, en passant par New York. Alors qu’ils s’envolent vers le soleil pour l’hiver, le plan si bien tracé des Colvert va vite battre de l’aile. ⠀
Le film porte un message de dépassement de soi. Affronter ses peurs et surtout celle de quitter le nid douillet, métaphore qui parlera aux adultes et aux parents. De jolies scènes de famille tendres et réalistes, de belles idées et images comme les boules de nuage ou l'arrivée à New-York. Un coming of age movie à tous les âges, une migration sur soi-même. On sourit beaucoup et tous les personnages sont attachants. Les voix françaises de Laure Calamy, Pio Marmaï et Wally Dia accompagnent parfaitement Pam, Mack et Dax. Un chouette d'animation qui plaira aux petits et grands, lors de ma séance (en semaine) il n'y avait que des adultes ! ⠀ ⠀
Avant le film un court-métrage très drôle dans lequel mes Minions chéris voyagent dans l'espace !
Le temps d'aimer de Katell Quillévéré
1947. Sur une plage normande, Madeleine, serveuse dans un hôtel-restaurant, mère d'un petit garçon, fait la connaissance de François, étudiant riche et cultivé. Entre eux, c'est comme une évidence. La providence. Si l'on sait ce qu'elle veut laisser derrière elle en suivant ce jeune homme, on découvre, avec le temps, ce que François tente de fuir en mêlant le destin de Madeleine au sien...
2h05 le temps d'aimer ce film avec cette toute dernière scène qui résume pour moi, le titre. Quand Madeleine rencontre François, elle y met tout l'espoir d'une vie. Ce qui frappe chez elle c'est son manque de tendresse envers son fils Daniel, observateur d'une vie, qu'on laisse à distance. Tellement dure avec lui, elle lui en veut d'un passé dont il est le souvenir douloureux. Peut-être s'en veut-elle surtout à elle-même. Son personnage est très dur, j'ai eu du mal à vraiment l'apprécier. ⠀
Avec François, une nouvelle vie commence, des non-dits, des fantasme, des rêves, des arrangements entre époux, des secrets honteux pour l'époque... et Daniel toujours en manque d'amour malgré l'attention de François. Un film qui raconte les dégâts des mensonges tout comme l'impossibilité d'être libre et de vivre comme on le veut. ⠀
Le temps d'aimer entre deux adultes complexes, mal aimés mais surtout entre une mère et un fils, cette histoire là est bouleversante. Je ne comprends d'ailleurs pas cette affiche par rapport au film que j'ai vu...
Les trois mousquetaires / Milady de Martin Bourboulon
Du Louvre au Palais de Buckingham, des bas-fonds de Paris au siège de La Rochelle… dans un Royaume divisé par les guerres de religion et menacé d’invasion par l’Angleterre, une poignée d’hommes et de femmes vont croiser leurs épées et lier leur destin à celui de la France.
Une suite plus sombre que le premier opus et qui s'intéresse un peu plus au destin de Milady. Toujours de l'humour et de la fraternité. Un complot avec beaucoup de suspects, des guerres de religion pas forcément passionnantes. Les relations attraction/répulsion entre Dartagnan et Milady c'était pas mal. Je suis toujours aussi fan de l'interprétation du roi de France par Louis Garrel mais on ne le voit pas assez. ⠀
Un moment pas désagréable mais je n'ai pas ressenti le plaisir que j'ai eu pour le premier épisode. Déception donc. La fin laisse suggérer le 3ème épisode mais je n'ai rien lu à ce sujet... si rien derrière, les deux films n'auraient pu en faire qu'un...