Elle venait d'avoir 18 ans...
Publié le 4 Septembre 2023
Un passage, une étape, l'entrée dans le monde des adultes et surtout pour commencer l'entrée dans la vie étudiante. Ma fille est majeure depuis 10 jours à peine. Et déjà elle vient de quitter le nid familial pour un autre nid plus petit, beaucoup plus petit dans Paris. Sa rentrée étudiante est faite également, un grand pas en avant.
On pourrait écrire un pavé sur la recherche de logement étudiant avec un budget serré mais pas si petit comparé à d'autres. Et pourtant, en tant que caution parentale avec un salaire serré mais pas si serré comparé à d'autres, tu te sens minable. Trois fois le loyer d'un mini studio et pourtant tu te sens minable. Ce ne sont que des considérations psychologiques, ça n'est rien à côté de l'enfer des recherches, des visites, des mails, des coups de fils qui ne passent pas la barre des 20 secondes car c'est déjà loué. L'annonce à peine en ligne c'est trop tard. Mais comment font-ils ? Alors que moi je suis scotchée à mes notifications jour et nuit, au taquet du taquet.
Et pourquoi personne ne répond alors que tu te fends de formules de politesse, de dossier béton que tu crois et de motivation très motivée. Et les visites à 30 personnes on en parle ? Les arnaques à foison sur SeLoger, tu tombes dans le panneau une fois et ça fait tilt quand la personne te demande direct une pièce d'identité. Moi la parano je fais très attention à ce que j'envoie... Je suis devenue une pro des documents sécurisés à envoyer par mail.
TÉMOIGNAGES. "J'ai envoyé 200 demandes" : la galère des étudiants pour se loger
La rentrée approche, mais les galères d'appartements continuent pour des centaines d'étudiants, qui n'arrivent pas à trouver un toit.
On croit que c'est terminé les galères administratives liées à la scolarité de l'école et du lycée mais on découvre un autre monde avec des enjeux et des galères qui te tombent dessus. Bienvenue à la Caf pour la demande de l'allocation logement. Toujours rien au bout de deux mois, c'est pourtant maintenant que l'étudiante en a besoin. Ouvert de 9h à 16h30 en semaine et quand on a 18 ans on doit appeler soi-même. C'est bête mais à ces horaires là il y a cours et vu que tu peux attendre 20 minutes au téléphone, impossible de faire ça durant une petite pause. Il faut écrire parait-il mais en ce moment, ce sont les mails d'avril à juin qui sont traités... oui début septembre... Tout est fait pour que tu abandonnes...
Il faut emprunter pour faire les études choisies, ça aussi c'est un parcours du combattant, on ne prête bien et facilement qu'aux riches c'est connu. Là encore, je me sens minable de ne pas gagner plus, de me demander pourquoi je n'ai pas réussi à faire mieux...
Heureusement malgré tout ça, il y a une jeune adulte heureuse du choix qu'elle a fait, prête à quelques sacrifices, je les ferais avec elle. Tout faire pour que le budget mensuel soit raisonnable et possible, pour que la vie à 18 ans ne devienne pas une bataille permanente pour s'en sortir.
Et quand je vois tous ces jeunes qui eux doivent vraiment se battre et garder le moral parce que personne ne les aide, ne les soutient, ça me rend tellement triste. Quand je vois l'état des logements Crous et l'offre peau de chagrin, les difficultés pour se loger et manger à sa faim et les gens mauvais sur les réseaux qui donnent des conseils de merde ou assènent des vérités sur un monde qu'ils ne connaissent pas, je me dis que notre jeunesse pas trop dorée a du mérite de vouloir y croire en faisant des études supérieures qui nécessitent un changement total de mode de vie...
On me demande si je suis triste que ma fille soit partie. Franchement ça va, nous sommes en contact régulier et elle avait déjà pas mal pris son autonomie l'année de terminale. Peut-être qu'en soir d'hiver en novembre je me prendrais un gros coup de blues mais jusqu'ici tout va bien. Elle n'est pas loin et sa chambre, mieux rangée il est vrai, l'attend à tout moment !
Il faut bien que nos petits oiseaux volent de leurs propres ailes, ça fait partie du contrat à la naissance. On doit leur faire confiance et être là en cas de besoin, c'est ma conception de la parentalité.
Elle venait d'avoir 18 ans...
ps : oui je le vis bien mais j'avoue qu'il reste un petit soupçon de pas tranquille concernant la sécurité à Paris le soir... le temps fera que je me prendrais moins la tête j'espère...