Mon cinéma de mars 2023

Publié le 10 Avril 2023

Le bleu du caftan de Maryam Touzani

Halim est marié depuis longtemps à Mina, avec qui il tient un magasin traditionnel de caftans dans la médina de Salé, au Maroc. Le couple vit depuis toujours avec le secret d’Halim, son homosexualité qu’il a appris à taire. La maladie de Mina et l’arrivée d’un jeune apprenti vont bouleverser cet équilibre.

Halim est un artisan d’art recherché pour son savoir-faire. En dehors du fait qu’il soit troublé par son apprenti Youssef, on sent la volonté de transmission, de passage de témoin. En filigrane, un métier voué à disparaître au profit des machines, la fin d’un monde…

Halim et Mina, comment fonctionne ce couple ? Mina semble aigrie, Halim est taiseux et soumis. Mina plus expansive quitte à être brusque. Est-ce la maladie ou autre chose ? On va entrer dans leur intimité pour comprendre et voir qu’avant tout, il y a amour et tendresse au-delà de tout malgré l’impossibilité d’un amour physique. Un amour infini et inconditionnel qui ne s’attache pas aux conventions.

Un film hors du temps qui se concentre sur ses personnages, leurs failles, leurs non-dits, leurs compromis. S’assumer au Maroc que l’on soit une femme qui ne veuille pas rester à la place qu’on lui impose ou un homme qui aime les hommes. Un duo qui devient trio solidaire, soudé avec une scène de danse entre eux trois absolument magnifique, un moment de grâce. Un trio béni...

Un film subtil comme les mains qui cousent de délicates broderies. Un film qui montre avec délicatesse que toutes les façons d’aimer sont belles. Ce qui compte c’est la profondeur du lien qui unit les êtres… ⠀

J’ai aimé tout le parallèle entre la vie des personnages, la conception et la symbolique du caftan et de son travail d’orfèvre. J’ai été touchée et envoutée pour ce très beau film. Un film dont le fil se noue petit à petit, que ce soit celui du caftan qui prend forme sous nos yeux à celui qui relie les personnages.

Le capitaine Volgonokov s'est échappé de Natalia Merkoulova et Alexeï Tchoupov ⠀

URSS, 1938. Au pic de la Grande Terreur, Staline purge ses propres rangs. Les hommes qui mettent en œuvre la répression sont eux-mêmes arrêtés et exécutés. Se sachant à son tour condamné, le capitaine Volkonogov s’échappe. Dans sa fuite, il est frappé d’une vision : pour sauver son âme, il devra se confronter aux familles de ses victimes et obtenir leur pardon.

Une caméra qui filme des visages austères, plongée dans les conditions de vie des russes, des vies volées, étriquées, surveillées. Des couleurs sombres en rapport avec la vie des gens et les rares touches de couleurs sont celles des uniformes de l'armée rouge et du sang qu'ils répandent... le film a une belle esthétique qui contraste avec le sujet. ⠀

Un système qui torture ses soldats, ceux-là même qui ont torturé au nom du système. Flashbacks qui montrent la réalité du terrain des soldats rouges, leur embrigadement et loyauté à toute épreuve. Tout ce qui s'imprime dans leurs cerveaux de jeunes recrues. Une histoire d'amitié touchante entre 2 soldats. ⠀

L'atrocité du régime stalinien, ses rouages pervers. La peur qui règne en maîtresse de toutes les vies, celle qui fait renier des enfants, des parents, des époux, des amis... ⠀

A la recherche d'un pardon impossible, le chemin de la rédemption d'un homme qui se pense héroïque mais il est trop tard ? ses motivations sont trop personnelles ? Un homme qui n'a plus rien à perdre si ce n'est sa conscience. ⠀ S

cène surréaliste du dirigeable lui aussi rouge comme une prémonition du sang qui sera répandu avec la guerre qui approche... ⠀

Un très bon et passionnant film porté par l'excellent Yuri Borisov. ⠀ Ps : Attention scènes contre indiquées aux personnes trop sensibles (je cache mes yeux)

Mon crime de François Ozon

Dans les années 30 à Paris, Madeleine Verdier, jeune et jolie actrice sans le sou et sans talent, est accusée du meurtre d’un célèbre producteur. Aidée de sa meilleure amie Pauline, jeune avocate au chômage, elle est acquittée pour légitime défense. Commence alors une nouvelle vie, faite de gloire et de succès, jusqu’à ce que la vérité éclate au grand jour…

Après ma déception Peter Van Kant, j’avais un peu peur de l’aspect théâtral de Mon crime. Peur dissipée au bout de 2 minutes !

Tout est délicieux dans ce film, des dialogues savoureux, une mise en scène joyeuse et légère, des décors fabuleux en passant par un casting 5 étoiles aux petits oignons mijotés avec tendresse. Un film d’époque contemporain avec en toile de fond un beau et fin plaidoyer contre les violences faites aux femmes. ⠀

Toutes les actrices et tous les acteurs sont formidables mais comment ne pas totalement craquer pour le duo magique Rebecca Marder / Nadia Tereszkiewicz qui fait des merveilles et des étincelles. ⠀

Un film d’auteur grand public, fantasque, drôle, romanesque, tout ceci fait de Mon crime une comédie vraiment réjouissante dans la grande tradition des comédies américaines de Ernest Lubitsch ou Howard Hawks (oui j’ose la comparaison !) ⠀

J'ai passé un très bon moment et la salle bien pleine un mercredi à 13h40 à Fontainebleau laisse présager j'espère un beau succès mérité !

Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry

Depuis 2014, en France, la Justice Restaurative propose à des personnes victimes et auteurs d’infraction de dialoguer dans des dispositifs sécurisés, encadrés par des professionnels et des bénévoles comme Judith, Fanny ou Michel. Nassim, Issa, et Thomas, condamnés pour vols avec violence, Grégoire, Nawelle et Sabine, victimes de homejacking, de braquages et de vol à l'arraché, mais aussi Chloé, victime de viols incestueux, s’engagent tous dans des mesures de Justice Restaurative.

Un trauma différent selon chaque victime, en parler et le revivre pour mieux le digérer ensuite ? Ou l'enfouir et vivre avec les cauchemars et la peur ? On suit 2 histoires parallèles, un groupe et Chloé. Des parcours de vies brisées qui veulent tenter autre chose. La confrontation avec les criminels qui ont du mal à comprendre le trauma des victimes passe par la colère nécessaire avant un dialogue très intéressant. ⠀

Je ne connaissais pas ce dispositif et je le trouve extraordinaire. Questions sur le rôle de la prison, comprendre la violence, sujet qui résonne avec l'actualité. Les choix qu'on fait et qu'on n'assume pas sous prétexte qu'on n'a pas le choix... ⠀

Au final une entraide solidaire et active. Chaque personne apporte à l'autre et je suis heureuse que ce soit une réalité, pas juste un film qui néanmoins, raconte avec pudeur et émotion, un processus de réparation long et nécessaire. ⠀

Les interprétations sont toutes parfaites, ça mériterait un prix commun ! ⠀

Ps : Petite crispation sur la façon parfois horripilante dont s'expriment les travailleurs sociaux... L'ami payant au secours...

La syndicaliste de Jean-Paul Salomé

Un matin, Maureen Kearney est violemment agressée chez elle. Elle travaillait sur un dossier sensible dans le secteur nucléaire français et subissait de violentes pressions politiques. Les enquêteurs ne retrouvent aucune trace des agresseurs… Est-elle victime ou coupable de dénonciation mensongère ?

Il y a de la fiction dans ce film mais tout ce qui est arrivé à Maureen Kearney est réel tout comme la façon dont on l’a traitée que ce soit la police ou la justice. J’avais envie de gifler la juge dans la première scène de procès. La spectatrice et la femme en moi hurlaient silencieusement des insultes…

Même en dessous de la réalité selon Maureen qui dit que le film est plus soft sur les agissements de la police. Une victime devenue coupable, comme c’est pratique… Une victime qui n’a pas les bonnes réactions, forcément c’est louche. ⠀

Un vrai thriller qui raconte les dessous d’un scandale d’état, l’implication du monde des affaires avec les politiques, les magouilles, les secrets et le sort réservé ici aux lanceuses d’alerte. Bien qu’Anne Lauvergeon ait été muselée dans cette histoire, le film lui donne une ambivalence vis-à-vis de Maureen, je n’ai pas trouvé d’infos sur le sujet. ⠀

Un film qui montre bien tous les aspects de la syndicaliste dans un grand groupe comme Areva : négociations avec les sous-traitants, défense des droits des employés partout dans le monde, lobbying auprès des politiques. Et ce machisme dégoulinant des grands patrons…

Un film passionnant qui donne envie de fouiller, de creuser et de hurler, portée par une Isabelle Huppert parfaite… La scène du tribunal quand ses larmes coulent m’a retournée. Un cinéma qui informe et qui dénonce, c’est aussi son rôle.

Les petites victoires de Mélanie Auffret

Entre ses obligations de maire et son rôle d'institutrice au sein du petit village de Kerguen, les journées d’Alice sont déjà bien remplies. L’arrivée dans sa classe d’Emile, un sexagénaire au caractère explosif, enfin décidé à apprendre à lire et à écrire, va rendre son quotidien ingérable. Surtout qu’Alice, qui n'avait rien vu venir, va devoir aussi sauver son village et son école…

Un chouette casting avec des seconds rôles savoureux pour camper les habitants de la ville de Kerguen. Le film met l’accent sur la complexité du rôle de maire d’un petit village, ici Alice est institutrice, maire, médecin, psy, cheffe de chantier…

Elle ferait tout pour ses administré.es, elle s’est créée une sorte de dette imaginaire vis-à-vis de son père, ancien médecin et figure importante de Kerguen. Elle se sacrifie clairement pour les autres. ⠀ Avec le personnage d’Emile, on se rend compte des effets de l’analphabétisation dans sa vie mais aussi de la débrouille qu’il a dû acquérir pour essayer de s’en sortir un minimum. ⠀

Une leçon de tolérance, d’humanisme, d’entraide, de partage et de solidarité à travers les vicissitudes de la vie d’un village qui se désertifie… La bande de gosses est trop mignonne et j’imaginais le kif de pouvoir insulter des gamins pour les besoins d’un rôle, sans se soucier des représailles ! Un film en mode feel good, une comédie sympathique et généreuse qui tient ses promesses de passer un bon moment.

Sage homme de Jennifer Devoldère

Après avoir raté le concours d’entrée en médecine, Léopold intègre par défaut l’école des sages-femmes en cachant la vérité à son entourage. Alors qu’il s’engage sans conviction dans ce milieu exclusivement féminin, sa rencontre avec Nathalie, sage-femme d’expérience au caractère passionné, va changer son regard sur cet univers fascinant et bouleverser ses certitudes.

Réussir son concours de médecine ça veut surtout dire être dans les premiers pour pouvoir choisir la médecine sinon, comme Léopold on peut se retrouver en maïeutique. Il a cependant une idée derrière la tête, rejoindre la médecine plus tard via les passerelles interdisciplinaires.

Il va découvrir un nouveau monde, faire un véritable voyage en terre inconnue pour lui qui vient d’un monde masculin, entouré d’un père célibataire et de trois frères. Il ne s’investit pas du tout dans sa formation, on a envie de le secouer mais Nathalie va le faire pour nous d’une manière dure/douce parfaite.

On assiste alors à la transformation lumineuse d’un jeune garçon qui va se révéler tout en découvrant des choses sur lui-même. Un bel hommage au métier de sage-femme et à l’implication de ces femmes et de ces très rares hommes qui se mettent au service des accouchantes alors que les règles administratives empêchent parfois un hôpital de bien fonctionner et que l’hypocrisie du service public est un vrai frein à l’engagement.

De très belles interprétations du duo Melvin Boomer et Karin Viard. J’ai beaucoup aimé les scènes familiales entre Léopold et ses frères (j’espère qu’on reverra au cinéma le jeune Théodore Levisse), la façon dont il doit assumer ce métier dans un milieu macho et comment il change aussi leur regard à tous à travers les histoires familiales. Un regard qui change aussi grâce aux femmes...

De grandes espérances de Sylvain Desclous

Madeleine, brillante et idéaliste jeune femme issue d'un milieu modeste, prépare l'oral de l'ENA dans la maison de vacances d'Antoine, en Corse. Un matin, sur une petite route déserte, le couple se trouve impliqué dans une altercation qui tourne au drame. Lorsqu'ils intègrent les hautes sphères du pouvoir, le secret qui les lie menace d'être révélé. Et tous les coups deviennent permis.

Des débuts de carrière prometteurs pour Madeleine et Antoine, entachés par un crime. Comment continuer à vivre et agir normalement ? Leur relation peut-elle résister ? ⠀

Le film nous entraine dans la spirale de la vie politique et l’engagement. Madeleine est à fond dans le droit du travail, la défense des salariés et le discours est intéressant. Elle s'investit dans son travail, croit au potentiel de ses idées à travers sa boss pour qui elle œuvre en s’imaginant probablement aller très loin.

Quand elle est rattrapée par son passé elle s'entête, une sorte de déni de réalité car persuadée qu'elle ne risque rien comme tous ces politiques qui agissent dans l'impunité? La lutte entre elle et Antoine est féroce comme on imagine le monde politique et ses bassesses.

Dans le personnage de Madeleine, il y a l’histoire de sortir de sa condition et de sa classe, chose qui se produit assez rarement dans notre société. Antoine, fils de… est assuré de son avenir à la base. Elle est une jeune fille qui rêve de changer la société tout en se mettant au-dessus des lois … Est-ce cela la morale du film ? que la politique triomphe de tout ? En même temps je dis ça alors que je sais bien que oui, on le voit tous les jours... ⠀

La fin m’a laissée sur ma faim, le film n’est pas assez abouti pour moi.

John Wick 4 de Chad Stahelski

John Wick découvre un moyen de vaincre l’organisation criminelle connue sous le nom de la Grande Table. Mais avant de gagner sa liberté, Il doit affronter un nouvel ennemi qui a tissé de puissantes alliances à travers le monde et qui transforme les vieux amis de John en ennemis.

J’ai adoré les 3 premiers films de la saga. Cependant, sans Keanu Reeves pas sûre que j’y aurais succombé.

Je suis plus embêtée avec ce 4ème film beaucoup trop long pour ce qu’il raconte. Les scènes de combat, clairement virtuoses et chorégraphiées comme un ballet, sont étirées à l’excès. Quand on pense que c’est fini il y en a encore. Un casting de brutes bodybuildées qui semblent increvables. Tout comme notre héros qui se relève de tous les assauts. John Wick semble être passé par une V4 encore plus forte, plus résistante, moins humaine. ⠀

Rien n’est crédible, c’est le constat assumé de départ, mais là c’est poussé à son maximum dans la majorité des scènes d’action. Les touches d’humour sont rares et pas toujours réussies du genre Klaus/Groot.

On a quand même droit à quelques instants de philosophie sur le but de la vie d’un homme qui a passé la sienne à tuer, que peut-il espérer comme avenir s'il n'y a plus personne à tuer ? ⠀

Et le petit détour par l’Arc de Triomphe qui donne une scène d’action démente, on se dit que la prod n’avait pas de Gps pour faire aller John Wick de la Tour Eiffel au Sacré Cœur plus directement. Niveau belles images de Paris on est servi avec les décors naturels somptueux. Dommage que le personnage du Tracker ne soit pas plus développé, on ne sait rien de son parcours. J’ai passé un bon moment dans l’ensemble, des scènes dont on ne devine pas toujours le dénouement, un casting sympa, Keanu Reeves sur écran géant mais un film bien trop long qui pourtant ne développe pas assez.

 

Crazy bear de Elizabeth Banks

Un ours noir américain trouve dans les bois de Géorgie une cargaison de cocaïne. Après en avoir avalé une grande quantité, il entre dans une rage meurtrière à laquelle touristes, habitants locaux et malfrats vont devoir survivre.

Les codes du film avec un prédateur, une bande de gens qui ont tous des objectifs différents lâchés dans la nature avec un ours sous coke. ⠀

Du gore, du suspense, des situations absurdes et drôles, du grand n'importe quoi plaisant. Je crois (je sais !) que j'ai dû pousser quelques cris étant donné mes réactions incontrôlées devant ce type de film. ⠀

Une série B divertissante dont je n'attendais pas autre chose. Ma petite nature a été servie niveau sensations entre rires, dégoût et peur (mais pas trop). Il y a vraiment des scènes hilarantes avec l'ours. ⠀

Une bande son trop bien, pas mal de têtes issues des séries que je regarde et la dernière apparition de Ray Liotta au cinéma...

The Whale de Darren Aronofosky

Charlie, professeur d'anglais reclus, en obésité morbide, se cache dans son appartement et mange en espérant en mourir. Il cherche désespérément à renouer avec sa fille adolescente pour une ultime chance de rédemption.

Un huit clos dans l'appartement de Charlie que l'on voit évoluer entre ses cours à distance pour la fac, son amie Liz infirmière et très protectrice, sa fille exaspérante et en colère avec laquelle il tente de renouer des liens, un jeune homme missionnaire pour un mouvement religieux et son ex femme. Évidemment tout n'est pas si simple, chaque personne ayant plusieurs facettes et d'autres façons d'avoir vécu les mêmes histoires. ⠀

Charlie souffre quasiment à chaque mouvement de son corps obèse, on comprend qu'il est condamné à très court terme. Une souffrance qu'il s'est infligée à lui même après la mort de son compagnon, en perdant le contrôle comme il dit. ⠀

Brendan Fraser est convaincant et touchant mais j'ai moins été convaincue par les prothèses que l'on aperçoit quand les habits tombent... Un film qui interroge notre regard sur un homme dont l'apparence est propice aux jugements hâtifs et aux condamnations. Une vie volée par des choix de vie condamnés par les autres, une vie qu'il passe à essayer de réparer en oubliant de se réparer lui même. ⠀

Après je trouve qu'il n'y a pas grand chose qui ressort de ce défilé de personnes. J'ai eu le sentiment que tout ça était parfois artificiel. Je n'ai pas compris les motivations de Charlie de s'infliger ça. Mitigée donc pour ce film mais j'avoue que je me suis totalement laissée embarquée et émouvoir par la fin...

Et l'amour dans tout ça ? de Shekhar Kapur

Comment trouver le grand amour dans le monde d’aujourd’hui ? Zoe, documentariste accro aux applis de rencontres, multiplie les rendez-vous hasardeux au grand désarroi de sa mère Cath. Pour son ami d’enfance – et voisin – Kaz, la réponse est toute trouvée : il suffit de suivre l’exemple de ses parents et d’opter pour un mariage arrangé avec une jeune fille du Pakistan, aussi ravissante que futée. Zoe décide de filmer Kaz dans son périple amoureux et d’en faire un documentaire...

Un mariage arrangé et tous les clichés qui peuvent aller avec sont revisités avec le concept de mariage assisté. Comment s'arranger avec la tradition sans la casser complètement ? Après Love Actually voici Love Contractually !

Dès le début on sait comment ça va se terminer même si avec la différence culturelle et religieuse on pourrait douter.

Le film ne révolutionne pas le genre et aborde des thèmes comme l'assimilation, l'intégration, le célibat et le regard des autres sur le sujet, la façon dont les enfants se sentent redevables envers leurs parents quitte à sacrifier leurs désirs (sentiment universel pas spécifique aux pakistanais). ⠀

Une comédie romantique sympathique qui se laisse apprécier pour le charme et le sourire de Lily James, pour les facéties d'Emma Thompson et pour le joyeux mélange culturel. Un très beau moment de chant traditionnel au Pakistan.

Goutte d'or de Clément Cogitore

Ramsès, trente-cinq ans, tient un cabinet de voyance à la Goutte d’or à Paris. Habile manipulateur et un peu poète sur les bords, il a mis sur pied un solide commerce de la consolation. L’arrivée d’enfants venus des rues de Tanger, aussi dangereux qu’insaisissables, vient perturber l’équilibre de son commerce et de tout le quartier. Jusqu’au jour où Ramsès va avoir une réelle vision.

Ramsès intrigue avec tout son cérémonial autour de ses consultations. Il n’y a clairement pas que de l’arnaque dans son business, on sent quelque chose d’autre entre mentalisme et mysticisme. Sa méthode ne plait pas aux autres marabouts du quartier.

Le film a réussi à bien saisir la vie d’un quartier autour de Barbès, son agitation, sa diversité, la façon dont il est partagé entre tous les petits business des uns et des autres. ⠀

On a du mal à cerner Ramsès, il traine une sorte de mélancolie, de tristesse. Halluciné, désemparé, insaisissable… Sa rencontre avec les mineurs isolés du square de Barbès va le changer jusque dans sa façon de pratiquer. Le film nous montre des gamins violents sous l’emprise de la drogue, laissés à eux-mêmes et reflète malheureusement une vraie réalité du quartier. ⠀

J’ai trouvé Karim Leklou formidable, habité. Cependant je ne suis pas entrée dans le mélange des genres entre thriller social et fantastique et je me suis demandé souvent où le film voulait m’emmener. Pas convaincue par ce Goutte d’or que j’attendais avec envie.

Apaches de Rodolphe Quirot

900. De Montmartre à Belleville, Paris est aux mains de gangs ultra violents qui font régner la terreur sur la capitale : les Apaches. Prête à tout pour venger la mort de son frère, une jeune femme intègre un gang. Mais plus elle se rapproche de l'homme qu'elle veut éliminer, plus elle est fascinée par ce dernier.

Toujours fan des films français qui essaient autre chose et qui ne sont pas formatés. Toujours sensible à des histoires d'enfants perdus qui doivent se débrouiller seuls. ⠀

Ça n'a pas suffit pour que je sois totalement sous le charme... ⠀ J'ai bien aimé le mélange des genres, une époque historique illustrée par des tubes modernes et une mise en scène rock. J'ai bien aimé l'histoire de vengeance dans laquelle les sentiments se mêlent. J'ai bien aimé le côté tragédie, la badasserie de Billie et le magnétisme de Jésus. ⠀

Mais les personnages ne sont pas assez exploités et travaillés, ni leurs relations, ça va trop vite dans tous les sens. Vraiment dommage parce que j'ai passé plutôt un bon moment mais c'est comme une belle note d'intention qui ne va pas au bout de ses promesses.

Empire of Light de Sam Mendes

Hilary travaille dans le cinéma dans une ville balnéaire anglaise et tente de préserver sa santé mentale fragile. Stephen est un nouvel employé qui n'aspire qu'à quitter cette petite ville de province où chaque jour peut vite se transformer en épreuve. En se rapprochant l'un de l'autre, ils vont apprendre à soigner leurs blessures grâce à la musique, au cinéma et au sentiment d'appartenance à un groupe...

Qu'il est sublime cet Empire il m'a fait rêver. L'ambiance d'une salle de cinéma et son fonctionnement. Hillary semble à sa place, elle entretient une relation par défaut avec son patron qui profite clairement d'elle. Bizarrement elle ne voit jamais les films. ⠀

Petit à petit naissance d'une idylle-amitié avec Stephen dans laquelle chacun apporte à l'autre, chacun voit quelque chose de similaire en l'autre. Hillary découvre alors le monde à hauteur d'un homme noir qui subit le racisme au quotidien. ⠀

Mais la maladie la rattrape, son apparence "normale" se fissure. Pendant qu'Hillary se soigne Stephen s'investit de plus en plus dans la vie du cinéma. Leur relation est comme une parenthèse dans leur vie, pour se remettre sur les rails. ⠀

J'ai bien aimé sans être transportée. La photographie est belle, Olivia Colman et Micheal Ward incarnent bien mais ça reste un peu plat. ⠀

Sam Mendes s'est inspirée de sa mère pour ce personnage qu'il regarde avec beaucoup de tendresse et de bienveillance. ⠀ Une belle conclusion, le cinéma peut soigner beaucoup de maux... mais ça je le savais déjà...!

 

Women talking de Sarah Polley

En 2010, les femmes d’une communauté religieuse isolée se débattent pour réconcilier leur foi et la réalité de leur existence. D’après le roman de Miriam Toews.

Un titre qui définit le film. On assiste à un débat entre femmes de tous âges faisant partie d’une communauté mennonite. Violées de mères en filles, un destin magnifique…

On entre directement dans le vif du sujet, j’aurais aimé un peu de contexte sur la façon dont vit cette communauté. Un crève-cœur de voir combien elles sont maltraitées…

Le film se concentre sur le débat, on ne voit quasi rien de leur vie avec les hommes, le sentiment qu’il n’y a aucune vie de famille possible entre les deux… Partir, rester telle est la question. Faut-il se battre ou fuir ? Ne rien faire et laisser faire ? Continuer à entretenir un état de fait qui victimise les femmes ? ⠀

A travers les conversations et les réactions, toute une condition de la femme est abordée. Quel choix ont ces femmes ? Est-ce possible de tout réinventer ? De gagner la liberté et l’égalité ? Des divergences et des éclats de voix mais une solidarité féminine bien présente. Faire groupe est la seule façon de lutter…

Les discussions qui intègrent forcément l’aspect religieux très présent dans cette communauté, la remise en question même de la communauté qui crée les conditions des attaques. Un beau message d'éducation envers la jeune génération de garçons pour qu'ils ne deviennent pas comme leurs aînés. Le seul rôle masculin du film donne de l’espoir à toutes les filles et femmes pour l’avenir.

Un film intéressant et plastiquement très beau mais on tourne un peu en rond au bout d’un moment côté discussions. Un beau casting mais trop de voix off à la façon Terrence Malick avec moins d’émotion, le film est assez froid. Ben Whishaw est celui qui m’a le plus émue. J’ai bien aimé l’idée générale du film, prendre son destin en main et faire des sacrifices pour un avenir meilleur.

Rédigé par Carole Nipette

Publié dans #Avis cinéma-Revue de films

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F
L'avenir n'est pas plus incertain que le présent.
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D
Bonjour Carole, concernant Le bleu du caftan, pas encore vu et je le regrette. J'ai vu 8 films que tu cites. Les autres ne m'ont pas tentée. J'ai trouvé qu'Apaches était une bonne idée de film, les acteurs son bien mais cela se termine vraiment abruptement. Cela m'a surprise. Bonne journée.
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G
Tu as une carte ou quelque chose comme ça ?<br /> J'avoue j'ai commandé deux places de ciné via mon CE et comme d'hab rien ne s'est passé... Y suis toujours pas allée...
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C
Oui j'ai une carte UGC mk2 et des billets moins chers par mon ce pour les autres cinés...
M
Je n'en ai vu aucun, comme d'hab ^^ même si j'ai très envie de voir The Whale.<br /> Mais je vais me mettre à jour vendredi car je prends l'avion pendant 13h ^^
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C
en effet :)
T
John Wick 4: oui, par moment, on a l'impression de massacre à la chaîne de piétaille cuirassée qui joue le même rôle que les Amérindiens dans certains "téléfilms" américains canars des années 1970: se faire trucider par le "héros" sitôt apparu (les mêmes 15 figurants pouvant ainsi resservir plusieurs fois!). Mais bon, on peut attendre la suite de l'arc narratif dans un John Wick 5 (d'ici 3 ans...).<br /> Mon crime: du "théâtre filmé", avec de magnifiques automobiles "d'époque"!<br /> Je n'ai pas vu les autres. A l'occasion (DVD...), je verrai bien "Sage-homme".<br /> (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
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P
Merci pour ta sélection et tes critiques. <br /> Je vais craquer pour commencer par les petites victoires, au moins je sais que j'en ressortirai avec le sourire...
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