Mon cinéma de mars 2022
Publié le 4 Avril 2022
Freaks Out de Gabriele Mainetti
Rome, 1943, sous l'occupation nazie, accueille le cirque où travaillent Matilde, Cencio, Fulvio et Mario comme phénomènes de foire grâce à leurs "pouvoirs". Israel, le propriétaire et figure paternelle de cette petite famille, tente d'organiser leur fuite vers l’Amérique, mais il disparaît. Privés de foyer et de protection, dans une société où ils n’ont plus leur place, les quatre "Freaks" vont tenter de survivre dans un monde en guerre.
La merveilleuse scène d’ouverture nous entraine dans un cirque où l’étrange, la magie et le rire font oublier le monde extérieur qui se rappelle avec violence. Les images et la photographie sont sublimes, on est dans univers visuel et créatif incroyable.
Un monde foisonnant entre le monde du cirque, les éclopés, les nazis et la réalité des juifs persécutés et déportés. L’opposition entre le cirque d’Israel et le cirque de Berlin, dirigé par Franz le freak nazi obsédé par sa recherche de gens comme lui. Où sont les monstres ?
La réalité de la guerre et de la violence nazie s’oppose à la délicatesse et l’enchantement que procurent cette famille bancale qui s’aime à la folie. Ces 4 fantastiques là sont attachants et vont devoir se défendre sans se fourvoyer. Leurs pouvoirs ne sont pas toujours des cadeaux mais plus que des pouvoirs, c’est la notion de différence qui est mise en avant dans la construction des personnages. Matilde, écrasée par son passé pourra t’elle s’engager vraiment dans une lutte sans merci ?
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Des scènes qui m’ont transportée comme celle de Creep au piano, toutes celles avec Cencio en chef d’orchestre des insectes, le chant des partisans dans son contexte, les scènes dingues quand Franz voit le futur, la scène de câlin géant…
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Un film coup de cœur même si j’ai trouvé la scène de bataille finale un peu trop longue. Pour moi c’est la rencontre réussie entre le cinéma italien que j’aime avec ses cotés loufoques et réalistes et X-Men pour le côté pouvoirs qu’on a du mal à accepter et toute la notion de monstre.
Un magnifique conte fantastique et poétique que j’ai déjà envie de revoir. Ce film est fou !
Ali & Ava de Clio Barnard
Ali et Ava n’avaient aucune raison de se rencontrer. Blessés par la vie, c’est leur affection commune pour Sofia, une jeune fille dont Ava est l’assistante scolaire qui les fait se croiser. De là va naître un lien profond au-delà des différences sociales et culturelles.
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Ali et Ava, deux personnes qui n'attendent plus grand chose de la vie et qui la prennent comme elle vient. Mais deux personnes avec un coeur énorme et grand ouvert. Aucune raison de se rencontrer, mais plusieurs de se trouver !
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Ava prend soin de son clan familial et amical tout comme le fait Ali. Je les ai tout de suite aimés ces deux là.
Ava si touchante en femme cabossée mais qui n'en veut à personne, étonnée qu'on puisse la trouver attirante, ne croyant plus que l'amour puisse frapper à sa porte.
Ali, ancien DJ, dont la situation familiale est compliquée, qui se défoule sur de la techno (ces scènes sont géniales malgré qu'elles soient trop courtes à mon goût !).
Ali qui veut sauvegarder les apparences vis à vis de sa famille en s'empêchant de vivre autre chose. Ava qui veut préserver ses enfants croit-elle. Le poids de la famille que l'on doit s'enlever pour vivre comme on le souhaite.
Le duo d'acteur est merveilleux, leur histoire est magnifique.
Des petits morceaux de bonheur parsemés durant tout le film grâce à la musique, omniprésente dans la vie de tout le monde et souvent mise en scène par Ali dans la vie des autres.
Un film dont la musique fait partie du casting.
Une comédie romantique qui se passe dans un milieu populaire ce n'est pas si courant.
Un feel good movie à la simplicité rafraîchissante et à la musicalité entraînante !
The Batman de Matt Reeves
Deux années à arpenter les rues en tant que Batman et à insuffler la peur chez les criminels ont mené Bruce Wayne au coeur des ténèbres de Gotham. Alors qu’il fait campagne pour sa réélection, le maire Mitchell est sauvagement assassiné par un homme masqué, qui a laissé sur les lieux un rébus adressé à Batman qui va mener l'enquête avec un des rares flics non corrompus de la ville...
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On trouve un Bruce Wayne obsédé par le fait de vouloir changer le monde, avoir un impact sur la vie des gens peu importe les moyens employés. Le personnage de Batman dégage ici une très grande noirceur tout comme celui de Bruce qui reste sombre et torturé en permanence. J'ai trouvé Robert Pattinson bien dans les deux costumes même si Bruce manque un peu de nuances. D'ailleurs le film manque un peu de Bruce Wayne et d'Alfred.
Le reste du casting m'a plu dans l'ensemble, Paul Dano (The Riddler) en fait juste un peu trop sur la fin.
Pour moi le film est plus un polar et une enquête policière façon Seven, les talents d'enquêteur de Batman sont mis en avant.
L'atmosphère, la lumière, les couleurs, les décors, les images sont magnifiques. Dommage que la musique originale insiste trop lourdement parfois sur des scènes fortes qui n'avaient pas besoin de plus. Les chansons de Nirvana s'intègrent bien aux décors.
Gotham City m'a vraiment fait penser à New-York, ici la ressemblance est forte et assumée, on reconnaît de vrais endroits de la ville. Violence, drogue, corruption comme un air de réalité.
Je ne me suis pas ennuyée durant les 3h, j'ai bien aimé le film mais je n'ai pas été scotchée ni sous le coup de grandes émotions. Je n'ai pas lu les comics, il parait que celui-ci est fidèle à l'esprit.
Un bon ressenti mais sans dinguerie avec quelques scènes grandioses.
Belfast de Kenneth Branagh
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Été 1969 : Buddy, 9 ans, sait parfaitement qui il est et à quel monde il appartient, celui de la classe ouvrière des quartiers nord de Belfast où il vit heureux, choyé et en sécurité.
Mais vers la fin des années 60, alors que le premier homme pose le pied sur la Lune et que la chaleur du mois d’août se fait encore sentir, les rêves d’enfant de Buddy virent au cauchemar. La grogne sociale latente se transforme soudain en violence dans les rues du quartier. Buddy découvre le chaos et l’hystérie, un nouveau paysage urbain fait de barrières et de contrôles, et peuplé de bons et de méchants.
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Belle scène d'ouverture qui met tout de suite dans le bain de la situation nord irlandaise, une vie quotidienne douce bouleversée par les émeutes anti catholiques et les petits caïds locaux.
Très beau noir et blanc avec quelques ajouts en couleur comme effets symboliques de mise en scène.
Buddy vit avec toute sa famille, parents, fratrie et grands-parents et pose son regard sur le monde et les problèmes des adultes.
Tout en étant scotché devant les westerns hollywoodiens ou émerveillé lors des sorties ciné en famille. C'est Kenneth Branagh qui raconte son enfance et on sent le regard bienveillant.
Un film bourré de tendresse pour la famille et Belfast, Buddy est trop chou.
La difficulté de quitter sa ville natale malgré la situation, l'arrachement aux racines.
Un joli film nostalgique un peu trop bien léché qui manque d'épaisseur pour moi malgré un casting parfait pour tous les rôles. Un moment agréable sans frissons.
Rien à foutre de Emmanuel Marre et Julie Lecoustre
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Cassandre 26 ans, hôtesse de l’air dans une compagnie low-cost, vit au jour le jour, au rythme des vols, des rendez-vous Tinder et des fêtes en boîte de nuit à travers l’Europe. Pas de passé, pas de futur, ça lui va a priori très bien comme ça. Mais elle finit par perdre pied, alors que la pression de sa compagnie devient de plus en plus forte et qu’un traumatisme familial la rattrape.
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Un film quasi documentaire, comédiens non pros, tournage en partie à l'Iphone, improvisations, scènes tournées à l'arrache... On a le sentiment de voir un vrai reportage sur une compagnie low cost et ses méthodes de travail, sa philosophie de déshumanisation pour répondre à des objectifs de business. Toute ressemblance avec des marques connues est totalement réaliste et voulue.
Cassandre travaille sans relâche sans se poser de questions ni sur ses conditions de travail, ni sur sa vie privée qui dépend totalement de son travail. Elle se pense libre de voyager, de voir le monde, de rencontrer des gens mais elle est prisonnière d'un quotidien dans lequel elle s'abrutit. Pour ne pas penser à ce qui la fait souffrir ? On la dirait anesthésiée de la vie.
Comme ses collègues, le graal serait de travailler pour Emirates et de passer du bon temps à Dubaï...la tristesse d'une vie aux rêves instagrammables montrée dans la scène finale.
A travers son personnage, c'est toute une génération qui est décrite, celle des millennials qui vivent au jour le jour, comme une fuite en avant entre solitude, pression sociale et crise existentielle.
Adèle Exarchopoulos porte le film, passe par toutes les émotions, une reine du poker face sous son maquillage alors que son cœur est meurtri.
J'ai bien aimé le film et le côté docu mais il manque une vraie ligne directrice, 2 parties qui n'ont pas vraiment de lien entre elles et pas de vrai message si ce n'est la dénonciation des low cost et par extension, la pression subie au travail entre absurde et inhumanité.
Il en reste néanmoins un intéressant portrait d'une jeune femme d'aujourd'hui.
Petite nature de Samuel Theis
Johnny a dix ans. Mais à son âge, il ne s’intéresse qu’aux histoires des adultes. Dans sa cité HLM en Lorraine, il observe avec curiosité la vie sentimentale agitée de sa jeune mère. Cette année, il intègre la classe de Monsieur Adamski, un jeune titulaire qui croit en lui et avec lequel il pousse la porte d’un nouveau monde.
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J’avais été touchée par Party Girl le 1er film de Samuel Theis qui est un peu pour moi le Nicolas Mathieu du cinéma français.
Il parle si bien de ce milieu populaire, de cette misère sociale, de la maternité compliquée et instable. Johnny fait partie de ce genre de famille dans laquelle tu dois grandir et murir plus vite.
Il doit jouer tous les rôles de la famille, veille sur sa petite sœur (ces scènes sont magnifiques), sur sa mère avec qui la relation est à la fois tendre et violente. Une mère qui compte trop sur son fils pour palier le manque de père(s) à la maison.
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Ses repères sont flous, il tombe en admiration et plus pour son maître et se prend d'affection pour cette figure masculine, quelqu'un pour qui se dépasser et donner le meilleur de lui, quelqu’un qui lui ouvre les portes d’un autre monde.
Johnny a un désir d'amour qui bouleverse tout sur son passage, il se crée une réalité parallèle des sentiments pour mieux affronter la sienne.
Il est un enfant qui prend conscience de sa condition, qui ne l'accepte pas et qui veut en sortir. Aliocha Reinert dans le rôle est une révélation. Ses nuances de jeu sont impressionnantes pour un enfant. Il m’a scotchée. Tous les adultes qui l’accompagnent sont excellents eux aussi.
Chronique d'une enfance, chronique sociale qui montre deux mondes qui se côtoient, deux réalités aux chances différentes. Une prise de conscience bouleversante à la façon d’un récit d’émancipation et de l’espoir. L’espoir criant d’une vie qu’on mérite en s’arrachant à celle dans laquelle on évolue malgré nous.
Ma nuit de Antoinette Boulat
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Marion, dix-huit ans, vit avec le souvenir d’une sœur trop tôt disparue. Une nuit, elle croise le chemin d’Alex, un jeune homme spontané et libre. Ils unissent leur solitude et traversent Paris jusqu’au petit matin.
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On suit Marion dans sa fuite en avant, tout pour ne pas rester dans l'appartement familial à célébrer un triste anniversaire.
A travers elle il y a la déambulation d'une jeunesse dans son monde, une tribu qui se reconnaît qui essaie de trouver un sens à la vie en faisant la fête, entre autres...
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Marion traine une mélancolie dans son sillage, c'est peut-être ce qui fait qu'Alex ait envie de la connaître.
Ils vont marcher dans Paris la nuit, Paris avec son côté magique mais aussi flippant, pas sécurisant pour une jeune fille seule.
Un vrai trip dans un Paris des quartiers populaires du nord est où la fête croise la misère et les galères.
Les traumas ressurgissent... une sœur morte omniprésente.
En une nuit tout peut arriver pour Marion et même peut-être retrouver le goût de la vie.
J'ai beaucoup aimé les gros plans sur les visages, les couleurs de la pellicule, la douceur des images, la simplicité.
Une actrice magnifique, Lou Lampros, dont on ne se détache jamais, elle est fascinante, hypnotisante.
Sous le charme de ce premier film d'Antoinette Boulat, grande directrice de casting, et de son actrice principale.
Bruno Reidal, confession d’un meurtrier de Vincent Le Port
Cantal, 1905. Un séminariste de 17 ans est arrêté pour le meurtre d’un enfant de 12 ans. Pour comprendre son geste, des médecins lui demandent de relater sa vie depuis son enfance jusqu’au jour du crime. D’après l’histoire vraie de Bruno Reidal, jeune paysan du Cantal qui, toute sa vie, lutta contre ses pulsions meurtrières.
C’est la première scène du film, un ado dont la jouissance se lit sur le visage alors qu’il est en train de tuer, devine t-on. Bruno Reidal a tué et il se rend.
C’est tout le cheminement pour arriver à cette scène que nous raconte le film. Qui est Bruno ? Comment à 17 ans arrive t’il à tuer un enfant de ses mains ? Peut-on comprendre ou expliquer ?
On va ausculter sa vie à travers ses propres écrits demandés par les médecins censés prendre une décision à son sujet. Dont le célèbre Alexandre Lacassagne, un des fondateurs de l’anthropologie criminelle au début du 20e siècle. Des écrits lus en voix off.
Une enfance à la dure à la campagne, un père aimant qui meurt trop vite, une mère froide et rude, des frères et sœurs mais un gamin solitaire qui grandit avec des envies de meurtre.
La construction d’un enfant, d’un adolescent entre sa sexualité et son psychisme. L’idée de meurtre prend le pas sur toutes ses pensées.
Un film froid et clinique qui donne le détachement nécessaire pour faire face à l'histoire terrible.
Au fur et à mesure qu’il se livre on sent la bombe à retardement qu’il devient, un ado sombre et renfermé, mal à l’aise tout en jouant un minimum le jeu de la socialisation. Il sort de son milieu en faisant des études mais jalouse ses camarades mieux lotis, un gros complexe d’infériorité sociale.
Le film décrit bien ce milieu rural des années 1900 et les paysages magnifiques du Cantal contrastent avec ce qu’on entend.
Voyage au centre du cerveau de Bruno Reidal dans un combat perdu d’avance, il est très lucide sur lui-même, sur sa lutte incessante dont il ne semble pouvoir sortir vainqueur.
La prison où l’asile ? Difficile de se positionner...
Une expérience cinéma sonnante et tous les interprètes de Bruno sont marquants.
L’ombre d’un mensonge de Bouli Lanners
Phil s’est exilé dans une petite communauté presbytérienne sur l'Île de Lewis, au nord de l'Ecosse. Une nuit, il est victime d'une attaque qui lui fait perdre la mémoire. De retour sur l’ile, il retrouve Millie, une femme de la communauté qui s'occupe de lui. Alors qu’il cherche à retrouver ses souvenirs, elle prétend qu'ils s'aimaient en secret avant son accident...
Une bonne surprise de me trouver devant un film en anglais, je savais juste que j’allais voir un film de et avec Bouli Lanners (un acteur que j’apprécie). Je ne m’attendais pas non plus à ce genre de film, très contente donc devant mon écran car même si j’adore le cinéma français, je sature un depuis des mois, les sorties cinéma post covid ne sont pas assez internationales.
Dans cette île presque déserte où Phil s’est réfugié, les gens sont plutôt taiseux, on ne montre pas ses sentiments, on ne parle pas plus que nécessaire en famille.
Millie est une femme mystérieuse dont le passé nous échappe mais on devine des manques, des failles, un "emprisonnement" intérieur et familial. Millie qu’on surnomme le glaçon, réputée pour sa froideur et pourtant on sent qu’elle ne demande qu’à réchauffer son corps et son cœur. Phil était-il vraiment son amant ?
Il est doux le regard énamouré qu’il pose sur elle, on y croit mais les doutes surviennent. Que se passera-t-il s’il retrouve la mémoire ?
Il y a leur relation mais aussi celle de Phil avec Brian, le neveu de Millie avec qui il travaille pour le compte d’Angus, le vieux patriarche de la famille. Phil est un homme doux, tendre et bienveillant, on s’attache à lui comme Brian et Millie, et Nigel le chien qui a un joli rôle dans le film.
Un drame romantique dans un cadre magnifique, reposant, dans lequel on respire.
Un très beau film simple, délicat, subtil, sensible qui m’a beaucoup touchée.
A plein temps de Eric Gravel
Julie se démène seule pour élever ses deux enfants à la campagne et garder son travail dans un palace parisien. Elle obtient enfin un entretien pour un poste correspondant à ses aspirations, juste au moment de la grève générale des transports. C’est tout le fragile équilibre de Julie qui vacille. Elle va alors se lancer dans une course effrénée, au risque de sombrer.
La débrouille, le stress, courir, courir encore et vite avec Julie qui ne rechigne devant rien, l’ex le père des enfants est absent et pas fiable.
Sa course incessante contre la montre donne un rythme effréné au film qui tient en haleine comme un film à suspense. Aura-t ’elle son train, pourra t’elle récupérer ses enfants à temps, va-t-elle arriver à l’heure à l’entretien, sera-t-elle embauchée ou virée à cause de ses retards ?
On entre aussi dans la vie d’un palace par le biais des femmes de chambre. Julie est déterminée à avoir la vie professionnelle qu’elle mérite, peu importe les sacrifices et les répercussions sur sa vie de famille.
Je me suis tellement identifiée à Julie, j’ai connu la galère des grèves de 2019 avec la course permanente, le covoiturage, les rendez-vous manqués ou annulés et encore je n’avais plus d’enfant en bas âge. Les difficultés sont aggravées quand on a des enfants qu’on élève seule.
Cette dépendance aux transports qui pourrit la vie parfois mais à laquelle on est résigné parce qu’on n’a pas toujours le choix.
J’ai trouvé le film assez à charge contre les grévistes de la Scnf qui mettent en difficulté des gens beaucoup moins bien lotis qu’eux. On se prend en pleine face la violence de ces grèves qui foutent en l’air la vie de personnes déjà fragilisées, la violence du monde du travail dans ce genre de cas…
Laure Calamy est (encore une fois !) incroyable, elle tient son rôle à la perfection, toujours sur le fil du rasoir, elle regarde droit devant… à chaque jour suffit sa peine, un pied devant l’autre et on verra… Une vie à couper le souffle…
Alerte rouge de Domee Shi - sur Disney+
Les aventures de Meilin Lee, une ado de 13 ans, pleine d’assurance, mais tiraillée entre son image de petite fille modèle aux yeux de sa mère hyper protectrice et le chaos de l’adolescence. Et comme si tous les changements qui s’opèrent en elle ne suffisaient pas, chaque fois qu’elle est débordée par ses émotions - pour une ado, c'est quasiment tout le temps - elle se transforme en panda roux géant !
Premier Pixar réalisé par une femme et qui en plus parle de la puberté chez les jeunes filles. Le film raconte une relation mère-fille unique qui se complexifie à l’adolescence (tiens donc ça me parle !) avec tout ce qu’on imagine : les envies qu’on a à 13 ans, le rôle de l’amitié, la musique, la fan attitude, les garçons, les fantasmes, les complexes…
Et quand la mère s’obstine à vouloir qu’à 13 ans on soit encore une enfant, c’est explosif. La pression maternelle est énorme et beaucoup de jeunes filles se disent qu’elles ne seront jamais assez parfaites pour leur mère.
Une bonne idée d’avoir mêlé la culture asiatique et ses symboles à l’arrivée de la puberté chez Meilin. On sent le vécu de la réalisatrice et c’est ce qui rend le film aussi sincère.
L’idée du panda montre bien cette lutte interne, encore plus à l’adolescence, pour laisser sortir le petit démon qui est en nous parfois.
Le film est très drôle mais vraiment, des barres de rire tellement Meilin et ses copines sont bien décrites. Les apparitions du panda donnent aussi lieu à des situations comiques géniales. L’émotion ne manque pas non plus, j’ai versé ma petite larme.
On est dans les années 90 avec le phénomène boys band et je me suis surprise à chanter sur la chanson hyper entrainante Nobody like you ! (chansons du groupe écrites par Billie Eilish et son frère Finneas O’Connell).
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Un très beau film sur l’émancipation d’une adolescente. J’ai adoré ce Pixar dommage qu’il ne soit pas sorti en salles. Vu en VO avec le chouette doublage de Sandra Oh et Rosalie Chiang.
Trois fois rien de Nadège Loiseau
Brindille, Casquette et La Flèche vivent comme ils peuvent, au jour le jour, dans le bois de Vincennes. Mais leur situation précaire devrait changer du tout au tout le jour où ils gagnent au Loto. Encore faut-il pouvoir encaisser l’argent…
Jouer au loto est une tradition bien huilée chaque semaine pour Brindille et Casquette avec l’espoir de gagner mais surtout l’envie de rêver de voyages et de tours du monde.
Ce duo d’amitié et de débrouilles, heureux avec trois fois rien, devient un trio quand La Flèche les rejoint et c’est à trois qu’ils gagnent un gros lot inespéré.
S’ensuit un parcours du combattant pour toucher l’argent d’un chèque quand on est sdf et sans papiers, l’espoir est semé d’embûches.
La Flèche n’en n’étant pas une, Casquette semblant à l’Ouest, c’est Brindille qui va prendre la situation en main, bien décidé à récupérer sa vie d’avant.
Tout en faisant rire le film attire l’attention sur la difficulté d’une réinsertion quelle qu’elle soit. La difficulté de sortir de cette condition sociale, de vivre "comme une personne normale", de se réapproprier un lieu, son corps, les relations avec les autres.
Vraiment drôle et super émouvant, le film est un peu inégal pour moi dans sa deuxième partie mais rattrapé par une belle fin. Un feel good movie social qui montre les sdf sous un autre jour et avec beaucoup de tendresse. Les trois comédiens sont formidables.