Mon cinéma de juillet / 2021
Publié le 31 Juillet 2021
D'où l'on vient - In the Heights de Jon Chu
Inspiré de la comédie-musicale éponyme, In the Heights le film raconte l'histoire de plusieurs jeunes vivant dans le quartier de Washington Heights, centre de la communauté hispanique à New York.
Usnavi, épicier de quartier rêve d'ouvrir son propre bar de plage en république dominicaine, son pays de naissance.
Vanessa, travaille comme esthéticienne, mais veut devenir styliste. Benny travaille dans une entreprise de chauffeur de taxi mais aspire à plus. Nina est partie faire ses études à l'université prestigieuse de Stanford, mais ne s'y sent pas intégrée et souhaite arrêter. Et il y a Sonny, élève brillant, le petit cousin protégé d'Usnavi. Sans oublier "Abuela", la grand-mère du quartier sans enfants veille sur tout ce petit monde.
Tout est musicalité, tous les sons du quotidien se transforment en musique.
C'est le film, au bout de 5 minutes tu sais que tu vas kiffer ! Un vrai shot de chaleur humaine !
L'ascenseur social, l'intégration, la discrimination, sortir de son quartier, la gentrification, les sans papiers... tous les aspects sociaux et politiques sont abordés.
Le destin de ces jeunes balance entre leurs rêves et ce qu'on attend d'eux. Pourtant les rêves peuvent être bien plus proches de nous qu'on l'imagine...
Inventif, pêchu, ultra visuel et urbain, D'où l'on vient est un hommage vibrant à la communauté latino. Le film feel good de l'été pour moi.
Annette de Leos Carax
Henry McHenry est un comédien de stand-up à l’humour féroce. Ann Desfranoux, une cantatrice de renommée internationale. Ensemble, sous le feu des projecteurs, ils forment un couple épanoui et glamour. La naissance d'Annette, leur premier enfant, va bouleverser leur vie.
J'avais détesté Holy Motors, j'ai adoré Annette. Leos Carax ne laisse pas indifférent dans un sens ou dans l'autre.
Une magnifique première scène d'introduction dans la lignée des grandes comédies musicales accompagnée par la musique des Sparks.
J'ai aimé la mise est scène et le mélange musique et textes qui apporte une dimension nouvelle avec l'impression que toutes les sensations sont décuplées. Une belle narration musicale et décalée servie par un bon casting.
Annette est un film vraiment beau à regarder, c'est esthétiquement sublime, la photo, les couleurs, tout. Une œuvre d'art plastique à part entière.
A l'arrivée de bébé Annette on change encore de dimension pour passer dans le domaine du fantastique ancré dans la réalité. On voit Annette de la façon dont ses parents la voient et la traitent.
Puis on commence à avoir peur de Henry, on ne sait pas s'il se fait des films et mélange tout, ses spectacles, la réalité, son imagination... il est de plus en plus borderline. Après la naissance de sa fille il n'arrive plus à performer et sa relation aux autres s'en ressent.
Une descente aux enfers accompagnée par un petit ange qui s'adapte sans broncher. Le film met aussi l'accent sur la mise en scène de la célébrité, l'exploitation des enfants, la violence conjugale, le besoin de reconnaissance pour exister...
Annette est un conte, une comédie musicale, un opéra, une tragédie, une histoire traversée par l'Amour... que l'on aime ou que l'on soit aimé, qu'est ce qu'une vie sans amour à donner ou à recevoir ?
Kuessipan de Myriam Verreault
Deux amies inséparables grandissent dans une communauté innue. Mikuan vit au sein d'une famille aimante, tandis que Shaniss recolle les morceaux d'une enfance bafouée. Leur amitié se fragilise lorsque Mikuan tombe amoureuse d'un Blanc et se met à rêver de sortir de cette réserve trop petite pour ses ambitions.
Mikuan et Shaniss sont deux amies d’enfance fusionnelles. Elles restent unies malgré les aléas de leurs vies respectives. Shaniss quitte très vite l'école et se retrouve maman très jeune tandis que Mikuan veut autre chose, faire des études, sortir du carcan communautaire et familial. Elle est critiquée pour ses ambitions d'autant plus que son petit ami n'est pas Innu, pourtant Mikuan ne se sent pas supérieure elle veut juste autre chose.
Shaniss qui fait face à des difficultés personnelles, est très dure avec son amie. On assiste au choc de 2 mondes, y-a t'il impossibilité de mixité ? Les Innus sont-ils "destinés" à ne jamais se mélanger pour perpétuer leur peuple ?
On parle beaucoup des indiens du Canada récemment mais on connaît mal ces communautés. Le film leur donne une vraie parole.
Il est question de territoires, d’exploitation et de transmission culturelle, du racisme ordinaire duquel elles sont victimes. La question du mélange est cruciale, comment garder ses traditions tout en évoluant ? La vie dans la réserve est riche mais peut sembler étriquée.
On assiste à la naissance d’une écrivaine mais surtout à la naissance d’une jeune femme qui s’émancipe, qui sort de sa réserve au sens propre comme au sens figuré.
Kuessipan raconte aussi l’évolution de deux amies sur la durée, les amitiés indéstructibles qui se forgent sur la dureté de la vie tout comme les bons moments partagés.
Le film délivre un message universel sur la légitimité de ce qu'on est. On peut et on doit se sentir légitime dans ce qu'on a envie de faire, quelle que soit notre origine, quel que soit notre milieu.
Un très beau film qui m'a profondément touchée et duquel j'ai encore appris sur notre monde.
La loi de Téhéran de Saeed Roustayi
En Iran, la sanction pour possession de drogue est la même que l’on ait 30 g ou 50 kg sur soi : la peine de mort. Dans ces conditions, les narcotrafiquants n’ont aucun scrupule à jouer gros et la vente de crack a explosé. Bilan : 6,5 millions de personnes ont plongé. Au terme d'une traque de plusieurs années, Samad, flic obstiné aux méthodes expéditives, met enfin la main sur le parrain de la drogue Nasser K. Alors qu’il pensait l'affaire classée, la confrontation avec le cerveau du réseau va prendre une toute autre tournure...
Le film démarre sur une scène haletante de poursuite qui laisse sans voix. Puis on plonge dans le Téhéran des accrocs au crack toutes générations confondues, des bidonvilles hallucinants, de la misère et des laissés pour compte. On ne sait plus si on est dans une fiction ou dans une réalité contemporaine terrifiante.
Plus qu'une enquête menée tambour battant sans respirations, c'est tout ce que le film montre en toile de fond qui scotche : les combines, le jeu du chat et de la souris entre policiers et trafiquants, les rapports compliqués avec le système judiciaire, les conditions de détention, les rapports familiaux dans lesquels les enfants sont entrainés dans un engrenage sans issue, les conditions de vie...
L'affrontement entre le dealer Nasser et l'enquêteur Samad vire au duel psychologique et jeu de bluff. Samad est acharné et déterminé à stopper Nasser mais il sait que le combat ne sera jamais gagné.
Un très bon polar terrifiant dans ses propos et sa peinture d'une société ravagée par le crack et la misère.
Présidents de Anne Fontaine
Nicolas, un ancien Président de la République, supporte mal l’arrêt de sa vie politique. Les circonstances lui permettent d’espérer un retour sur le devant de la scène. Il tente de convaincre François, un autre ancien Président, de faire équipe avec lui.
On retrouve un Sarkozy en pleine crise existentielle. Se retirer de la vie politique du jour au lendemain, est ce vraiment possible de tout laisser et d'entamer une "retraite" ?
Les deux anciens présidents se redécouvrent et découvrent les femmes de chacun, celles qui les soutiennent dans leur nouvelle vie. On fera les rapprochements qu'on veut...
Beaucoup de piques et d'allusions, notre Président actuel n'es pas épargné.
Mais peuvent ils réussir à s'entendre ces deux là ? Peuvent ils réussir à ne pas retomber dans leurs travers ? Quand on sait l'hypocrisie des politiques.
Impossible de ne pas garder un air amusé tout du long.
C'est vraiment drôle et parfois j'ai éclaté de rire. Il faut quand même un minimum de références politiques pour que ça fonctionne.
Le film pose un regard tendre sur ces anciens présidents et j'ai trouvé Jean Dujardin excellent.
Une comédie légère, sympathique, originale qui ausculte les rapports humains au travers des magouilles politiciennes.
Cruella de Craig Gillepsie
Londres, années 70. Estella est résolue à se faire un nom dans le milieu de la mode. Elle se lie d'amitié avec deux jeunes vauriens qui apprécient ses compétences d'arnaqueuse et mène avec eux une existence criminelle dans les rues de Londres. Un jour, ses créations se font remarquer par la baronne von Hellman, une grande figure de la mode. Mais leur relation va amener Estella à se laisser envahir par sa part sombre, au point de donner naissance à l'impitoyable Cruella.
Un film pur divertissement qui regorge de couleurs, d'extravagances, de fashion et d'une BO 70's démente. Emma Stone est pétillante, ça virevolte dans tous les sens.
On se balade dans le Londres des années 70 et dans le monde de la mode.
Le swinging london passe au punk comme Estella devient Cruella, j'ai bien aimé cette métaphore.
Cruella c'est la dualité qui est en nous, oui je sais c'est facile !
J'ai préféré ce film au film d'animation, Les 101 Dalmatiens, il y a d'ailleurs plein de clins d'œil au dessin animé dans le film.
Fast and Furious 9 de Justin Lin
Dominic Toretto et son équipe unissent leurs forces pour combattre l'assassin le plus habile et le conducteur le plus performant qu'ils aient jamais rencontré : son frère abandonné.
Bon je suis fan de la saga depuis le début (2001 !) et je n'en loupe aucun au cinéma pour le spectacle sur grand écran. Même si j'ai pris du plaisir à les retrouver et avec les scènes d'action de fou, ce dernier épisode est bof. Le scénario est vraiment tiré par les cheveux avec ce frère qui surgit de nulle part et d'autres surprises... Je les aime quand même mais ce numéro 9 est très décevant.