Mon cinéma d'août 2020
Publié le 3 Septembre 2020
The King of Staten Island de Judd Apatow
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Un coup de coeur pour ce film. J'ai beaucoup ri et eu beaucoup d'émotions.
Pete Davidson m'a scotchée par son interprétation et même s'il joue sa propre histoire il le fait à merveille. Il porte le film sur ses épaules de grand gamin avec un humour et une franchise dont il ne se départit jamais. On est dans un film de Judd Apatow, normal qu'on se bidonne mais il y a beaucoup plus que ça.
Le film prend le temps de s'attarder sur Scott et tous les personnages qui gravitent autour de lui et on ne voit pas passer les 2h17 tellement on est tout de suite à fond.
Scott est touchant dans ses relations avec les autres et souvent désarmant à tel point qu'il est difficile de lui en vouloir. On a quand même envie de le secouer parce qu'il a un potentiel de fou.
Le film est inspiré de sa vie mais néanmoins romancé pour le cinéma et ça donne un feel good d'un autre genre. Pete Davidson s'appelle Scott dans le film, le prénom de son père...
J'ai adoré tout simplement ! Mon film du mois !
Tenet de Christopher Nolan
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J'étais contente d'aller voir le dernier film de Christopher Nolan et un blockbuster américain pour mettre de la diversité dans tout ce que j'ai vu depuis le debut de l'été !
Well, well, well... j'ai bien aimé le duo John David Washington (le fils de Denzel !) et Robert Pattinson, c'est ce qui a fait mon intérêt tout du long. Après, le scénario du sauvetage du monde et la menace qui vient du futur... pas super original...
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Le film joue sur les faux semblants et sur la réalité temporelle, il faut suivre, on peut facilement se perdre dans les actions simultanées qui se jouent dans le même lieu mais pas dans la même temporalité, se perdre dans les explications aussi... J'ai compris l'histoire et le film (en tout cas je crois 😊) ça demande un effort de concentration c'est vrai. Au début du film il y a cette phrase "you don't have to understand it, you have to feel it..." De mon côté je n'ai pas ressenti grand chose, j'ai moyen accroché à l'inversion du temps en fait, j'adore les histoires où le temps est non linéaire au cinéma mais le procédé utilisé ici ne m'a pas passionnée plus que ça, virtuose oui mais...
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Par contre il y a de sacrées scènes d'action qui tiennent en haleine. Il paraît qu'il faut revoir le film pour apprécier toutes les subtilités... je le reverrai probablement plus tard...
En attendant, j'ai passé un bon moment au ciné devant un bon film d'espionnage bien réalisé mais qui ne m'a pas fait plus tripé que ça...
Mignonnes de Maïmouna Doucouré
"Amy, 11 ans, découvre dans son nouveau collège un groupe de danseuses appelé : Les Mignonnes. Fascinée, elle s'initie à une danse sexy, le twerk, dans l'espoir d'intégrer leur bande et de fuir un bouleversement familial."
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11 ans, l'entrée au collège, les débuts de l'adolescence, l'âge où on se construit, où les influences de l'entourage peuvent être déterminantes...
Amy est en colère, son père va se marier avec une deuxième femme. Elle voit sa mère souffrir de cette situation en silence. Et personne ne lui parle, en tant qu'enfant on estime qu'elle doit suivre le mouvement sans poser de questions.
Alors cette bande de gamines qui dansent avec l'objectif de gagner un concours va être sa bouée. Elles ne prennent pas de cours et regardent internet pour trouver des chorégraphies.
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Tout est vu à travers les yeux d'Amy et rien ne porte à confusion. Les scènes de danse ne sont malaisantes qu'à travers nos yeux d'adulte, ce n'est pas sexy du tout. Les filles ont beau se contorsionner, elles sont toujours des petites filles qui n'ont pas conscience de ce qu'elles font. Qui imitent ce qu'elles voient sur les réseaux à longueur de temps. [Et sachez, chers parents que vous avez beau surveiller et interdire, vous ne savez jamais ce qui se passe vraiment à l'école avec les potes...]
Amy est sans cesse en train de se tester, chercher ses limites, de franchir les interdits de sa culture, de sa religion. Comme une ado...
Un magnifique portrait d'une jeune fille entre deux...passage de l'enfance à l'adolescence... Fathia Youssouf crève l'écran mais les autres jeunes comédiennes ne sont pas en reste.
Les racines, l'identité, l'entrée dans l'adolescence, l'hypersexualisation des petites filles, l'influence pourrie des réseaux sociaux, le culte des likes, l'intégration sociale, la polygamie... autant de sujets filmés à travers le doux regard d'Amy. Un film qui m'a touchée et je ne comprends pas les accusations infondées qui tombent sur la réalisatrice...
Never Rarely Sometimes Always de Eliza Hittman
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"Deux adolescentes, Autumn et sa cousine Skylar, résident au sein d'une zone rurale de Pennsylvanie. Autumn doit faire face à une grossesse non désirée. Ne bénéficiant d'aucun soutien et ne voulant pas associer sa famille, les deux jeunes femmes se lancent dans un périple jusqu'à New York."
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Autumn est mutique, jamais un sourire, ni un mot gentil... on comprendra son comportement au fur et à mesure de l'avancée de l'histoire mais j'ai quand même eu du mal à m'attacher à elle. Elle est déterminée...
Il en faut du courage à 17 ans pour tout assumer seule, pour entreprendre une démarche d'avortement sans ciller, sans en parler à sa mère... là aussi on pourra imaginer pourquoi...
Elle part avec sa cousine et peu d'argent. Les deux filles doivent se débrouiller dans une grande ville inconnue, les choses ne se passent pas comme prévu, elles doivent improviser...
Le moment le plus bouleversant du film vient de son titre qui sont des réponses au questionnaire de sexualité que subissent les femmes qui vont avorter...
Un parcours raconté avec finesse et humanisme qui montre les jugements, les bassesses des anti avortements et ce que subissent au quotidien les jeunes filles de la part des hommes : au travail, dans les transports, en famille... ces gestes, ces pressions, ces mots...
Un film sombre qui remue par la banalité de ce qu'il raconte et l'acceptation de situations dans lesquelles les femmes se retrouvent comme si c'était une fatalité... Un film qui rappelle (et ce n'est pas du luxe) que l'avortement est un droit et un choix personnel...
L'infirmière de Koji Fukuda
"Une infirmière à domicile se retrouve suspectée de complicité après des violences commises sur la plus jeune fille de la famille où elle officie. En retraçant la chaîne des événements, une question émerge : est-elle vraiment coupable ?"
Une immersion dans la vie d'une employée totalement dévouée, trop même. Elle s'occupe de la grand-mère mais aussi des révisions scolaires des deux jeunes filles quitte à empiéter sur son temps libre et sa vie privée.
On sent le rapport de force entre les deux mondes, il est discret mais présent. Une domination sourde, non dite mais terriblement utilisée quand les choses ne vont pas dans le bon sens.
C'est l'histoire d'une relation amicale trouble entre deux femmes de milieux différents qui va renverser une vie plutôt bien rangée.
J'ai trouvé la narration parfois un peu compliquée mais j'ai plutôt aimé le film pour la description des deux mondes et la violence sociale qui découle des actions des uns et des autres. On se pose aussi des questions sur la culpabilité et en même temps je n'ai pas réussi à trouver de motifs valables... quelques scènes portent à confusion mais au final cette histoire de coupable ou non n'est pas l'intrigue du film à mon sens...
La troisième femme de Ash Mayfair
"Dans le Vietnam rural du XIXème siècle, May, 14 ans, devient la troisième épouse du riche propriétaire Hung. Elle comprend rapidement qu’elle ne peut obtenir un statut social plus prestigieux qu’en s’imposant comme étant une femme capable de donner naissance à un fils. L’espoir de May de changer de position sociale devient réel lorsqu’elle est enceinte…
C'est étrange de voir un film comme ça avec le regard et la société d'aujourd'hui. Encore plus quand on est maman d'une fille de 14 ans..."
Cela eut beau avoir été les coutumes de l'époque, ça n'en reste pas moins de la pédophilie acceptée par tous et à laquelle les jeunes filles sont préparées par leur famille dès qu'elles sont réglées.
Difficile donc de ne pas juger ces comportements mais ça n'empêche que c'est un film que j'ai aimé. Le rapport entre les 3 femmes dont le but ultime est d'avoir des fils pour en faire des héritiers légitimes est tantôt dans la rivalité, tantôt dans la solidarité et donne lieu à belles ou dures scènes. La conclusion est la même, il est difficile d'être une femme et la petite fille de 9 ans qui observe son monde a bien saisi qu'être un homme c'est avoir une bien plus belle vie.
Quelques scènes que j'ai trouvées de trop, toujours rapport au fait qu'il m'a été impossible de ne pas juger que je regardais une fille de 14 ans ( ma fille quoi !) dans des scènes lascives avec son mari...
Les images et la mise en scène sont sublimes, une oeuvre d'art visuelle magnifique.
La femme des steppes, le flic et l’œuf de Wang Quanan
"Le corps d’une femme est retrouvé au milieu de la steppe mongole. Un policier novice est désigné pour monter la garde sur les lieux du crime. Dans cette région sauvage, une jeune bergère, malicieuse et indépendante, vient l’aider à se protéger du froid et des loups. Le lendemain matin, l’enquête suit son cours, la bergère retourne à sa vie libre mais quelque chose aura changé. "
Un film encensé par la critique, je suis passée à côté. C'est beau, c'est quasi documentaire sur la vie d'une femme seule, dans les steppes mongoliennes, qui doit travailler comme une brute pour s'en sortir, qui lutte contre les éléments météo difficiles... Mais après, le film mélange les genres et ça ne marche pas. Je me suis ennuyée avec l'impression d'avoir déjà vu ces images...