Mon cinéma de décembre 2019

Publié le 8 Janvier 2020

Une vie cachée de Terrence Malick


"En 1938, après l'arrivée des troupes d'Hitler en Autriche, Franz Jägerstätter est le seul de son village, St. Radegund, à voter contre l'Anschluss. Il refuse ensuite catégoriquement de combattre pour le Reich. En conséquence, cet objecteur de conscience est emprisonné".

Un film de Terrence Malick est plus qu'un film, c'est une expérience sensorielle cinématographique. Les images, les sons, les couleurs, l'histoire forment un tout qui ne ressemble qu'au cinéma de Malick.
Franz est un paysan. Sa famille, sa femme et ses trois petites filles, sa terre et son église sont ses piliers. Après avoir fait ses classes militaires, il se pose des questions sur le but des nazis, sur la légitimité de la guerre, questions qu'il ne peut garder pour lui. Franz est conscient qu'en devenant le mouton noir du village, c'est aussi sa famille qu'il isole mais sa femme le soutient malgré la dureté de la vie qui l'attend.
Malick raconte une histoire vraie, l'histoire inconnue d'un héros de guerre qui n'a pas pris les armes, une vie cachée mais extraordinaire. Un héros de l'humanité.
D'un côté la vie du village rythmée par les saisons et les lettres appelant les hommes à rejoindre la guerre nazie, de l'autre la détention et l'humiliation permanente de Franz qui se rebelle à sa manière contre un régime déshumanisé. Il se bat avec les seules armes qu'il connaisse : sa foi, son amour de l'humain et de sa famille... Tout le monde lui demande à quoi ça sert puisque personne n'est au courant de ce qu'il fait ni de ce qui lui arrive... Une question centrale qui traverse le film, vivre une vie cachée plutôt que de vivre une vie à laquelle on ne croit pas.
On est immergé dans le travail de la terre, Terrence Malick a filmé ces paysans et surtout ces femmes qui maintiennent l'activité sans les hommes, avec une puissance et un réalisme qui prennent le coeur et l'âme.
L'attachement à la terre, l'importance de la religion, la famille, une vie simple et heureuse magnifiée par les images de Malick.
Un film magnifique sur la fidélité à soi même, un grand film sur cette partie de l'histoire dont on parlera jamais assez... Un film qui laisse une trace... Un de mes meilleurs films de 2019...

Le lac aux oies sauvages de Diao Yinan

Un chef de gang en quête de rédemption et une prostituée prête à tout pour recouvrer sa liberté se retrouvent au cœur d'une chasse à l'homme. Ensemble, ils décident de jouer une dernière fois avec leur destin.

Un bon polar qui joue sur les faux semblants. Un voyou qui cherche à se racheter mais qui est quand même un vrai meurtrier. Une prostituée qui cache bien son jeu. Les images sont belles, la fin m'a émue mais même si j'ai vraiment aimé le film j'ai le sentiment de l'avoir déjà vu...

 

La vérité de Hirozaku Kore-Eda

Fabienne, icône du cinéma, est la mère de Lumir, scénariste à New York. La publication des mémoires de cette grande actrice incite Lumir et sa famille à revenir dans la maison de son enfance. Fabienne est en plein tournage d’un film de science-fiction où elle incarne la fille âgée d’une mère éternellement jeune. Réalité et fiction se confondent obligeant mère et fille à se retrouver...

Une confrontation mère fille qui prend toute sa saveur grâce aux deux immenses comédiennes que sont Catherine Deneuve et Juliette Binoche.
L'occasion pour les deux femmes de régler leurs comptes, de donner chacune leur version de l'histoire familiale et même de se mettre à la place de l'autre. Pas facile de grandir à l'ombre d'une immense actrice qui privilégie toujours sa carrière à sa famille, Lumir a d'ailleurs un océan entre elle et sa mère.
J'ai aimé le film pour le jeu des actrices et la savoureuse composition de Deneuve en star égoïste qui le vit bien. Mais tout le reste m'a laissé sur ma faim. L'intérêt du role d'Ethan Hawke le mari de Lumir ? le tournage du film dans le film, les hommes dans la vie de Fabienne... Je n'ai pas du tout accroché à Manon Clavel qui joue la relève du cinéma français...
Un avis en demi-teinte pour moi. Je préfère le réalisateur dans ses films japonais plus subtils et émouvants.

Proxima de Alice Winocour

"Sarah est une astronaute française qui s'entraîne avec acharnement au Centre spatial de Cologne, unique femme au milieu des astronautes. Quand Sarah est choisie pour partir à bord d'une mission spatiale d'un an, baptisée Proxima, sa vie et celle de Stella, sa petite fille, sont bouleversées."

Je suis archi fan de Eva Green. Et encore plus depuis que j'ai vu la série Penny Dreadful où elle est magistrale. Elle est le film. Femme astronaute qui doit s'imposer dans un monde très masculin, mère séparée qui doit mener de front une carrière très prenante avec une petite fille de 8 ans et mère qui doit sciemment laisser sa fille durant des mois pour partir dans l'espace. Elle tente de réussir sa préparation physique très éprouvante tout en essayant de préserver et préparer sa fille à la séparation.
Je pensais pleurer beaucoup vu le sujet mais Eva Green réussit à être bouleversante sans en faire trop.
Même si j'ai trouvé la fin magnifique mais peu crédible j'ai voulu y croire !
Un beau film sur la maternité et le désir d'une carrière qui demande de gros sacrifices. J'ai beaucoup aimé.

Last Christmas de Paul Feig

"Kate est une jeune femme qui enchaîne les mauvaises décisions tout en se servant des autres sans rien donner en retour. Elle travaille comme vendeuse dans une boutique spécialisée en articles de Noël. Elle va y faire la rencontre de Tom, une rencontre qui va changer sa vie. Mais le trop mystérieux et parfait Tom semble cacher des secrets..."

Exactement le film dont j'avais besoin après les 15 premiers jours de grève et de galères... Toute la BO c'est du Wham et du George Michael le bonheur !
Emilia Clarke se révèle excellente dans la comédie à mille lieux de Games of Throne. Elle est craquante en jeune femme paumée et égoïste qui va devoir faire un sacré travail pour changer et se retrouver après une mauvaise passe.
Amours, amitiés, la famille, tout va passer à la moulinette des sentiments exacerbés à l'approche de Noël.
Un film drôle et touchant dont la surprise finale m'a carrément bouleversée... bon ok je suis une grande sensible en matière de cinéma ! .

 

Lola vers la mer de Laurent Micheli

"Lola, jeune fille transgenre de 18 ans, habite en foyer depuis que son père l'a foutue à la porte. Sa mère vient de mourir, elle se rend à la cérémonie et revoit son père avec qui c'est très tendu... Lola et son père vont partir ensemble sur la côte pour disperser les cendres de la défunte..."
Un road-movie tendre et brutal dans lequel un père et son enfant essaient de se comprendre et s'accepter l'un l'autre.
Lola est une adolescente en colère. Tout au long du film on va comprendre d'où vient cette colère. Celle d'un enfant qui aurait voulu avoir l'affection d'un père, celle d'un enfant qui a manqué les dernières années de sa mère, celle d'une jeune fille transgenre qui subit le mépris où l'ostracisme des gens qui la croisent.
La mort de la mère va réunir le père et la fille. Ils vont se dire des choses dures mais nécessaires, vont se parler comme jamais. D'un côté on a le ressenti de Lola (très naturelle et intense Mya Bollaers) et de l'autre celui du père (Benoit Magimel toujours excellent). J'ai aimé que le film ne juge pas cet homme qui quelque part doit faire le deuil de son fils. Un parent doit aussi vivre une transition et elle peut se faire dans la douleur et la colère. Les mots du père sont durs mais pas définitifs. On sent que leur histoire peut évoluer dans le bon sens. Lola ne demande qu'à être aimée comme Lola. On n'est pas dans le schéma classique ou tout se finit bien dans le meilleur des mondes mais dans un cheminement qui va prendre du temps... et c'est encore plus crédible.
Un film qui m'a beaucoup touchée.

Notre dame de Valérie Donzelli

"Maud Crayon, architecte, mère de deux enfants, et remporte sur un énorme malentendu le grand concours lancé par la mairie de Paris pour réaménager le parvis de Notre-Dame…
Entre cette nouvelle responsabilité, un amour de jeunesse qui resurgit subitement et le père de ses enfants qu’elle n’arrive pas à quitter complètement, Maud Crayon va vivre une tempête..."

Une gentille comédie que j'ai trouvé agréable. Maud Crayon n'arrive pas à dire non, que ce soit à ses collègues ou son patron qui l'exploite ou encore à son ex et père de ses enfants qui abuse de sa générosité. Elle est naturelle, simple et semble accepter tout ce qui lui tombe dessus sans trop réagir. Mais le retour dans sa vie de son amour de jeunesse va réveiller sa conscience et sa vie. Comment ne pas craquer sur la façon dont Pierre Deladonchamps la regarde. Il est tellement charmant, une des raisons pour lesquelles j'ai passé un bon moment 😊
Le projet architectural est ridicule, une manière de faire une satire de la politique urbaine en matière de mobilier urbain et de dépenses inutiles mais aussi celle des polémiques liées à l'art urbain.
La ville de Paris est confrontée au réchauffement climatique ce qui donne quelques scènes drôles, qu'on espère pas prémonitoires...
Un duo hilarant Mairie de Paris formé par la maire Isabelle Candelier et son bras droit Philippe Katerine (toujours génial même quand il joue 5 minutes dans un film). Une comédie loufoque que je ne vais pas forcément garder longtemps en mémoire mais qui m'a fait sourire et c'est déjà une bonne chose dans ce mois de décembre pourri...
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Valerie Donzelli a filmé Notre Dame de Paris juste avant l'incendie...

Rédigé par Carole Nipette

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Commenter cet article
S
Notre Dame me tente bien, j'avais vu l'interview sur le Petit Quotidien, en effet elle est la dernière à avoir eu l'accès pour filmer Notre Dame
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C
un vrai signe du destin !
J
Je voualis aller voir last christmas mais eu le temps. Notre dame me fait bien envie !
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C
tu te rattrapera en VOD !
M
Je t'avoue qu'il n'y en a aucun qui me tente vraiment parmi tous ces films. Même si je regarderai sans doute un jour Last Christmas.
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C
:) pour ma part je le reverrai avec plaisir !
G
de jolis films et de belles sorties en décembre<br /> on devait aller voir la famille addams et star wars mais au final on est pas sortis, c'est trop intense les vacances de noel
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C
et moi j'ai pas vu autant de films que prévu car pas de transport !