Pupille, Les veuves, Amanda, Diamantino, Les chatouilles, Yomeddine, Crazy Rich Asians/ Revue de films
Publié le 10 Décembre 2018
Des semaines de retard sur ma revue de films, voici les films vus entre le 7 novembre et le 8 décembre ! De l’éclectisme toujours...
Pupille de Jeanne Herry
"Théo est remis à l'adoption par sa mère biologique le jour de sa naissance. C'est un accouchement sous X. La mère à deux mois pour revenir sur sa décision...ou pas. Les services de l'aide sociale à l'enfance et le service adoption se mettent en mouvement. Les uns doivent s'occuper du bébé, le porter (au sens plein du terme) dans ce temps suspendu, cette phase d'incertitude. Les autres doivent trouver celle qui deviendra sa mère adoptante. Elle s'appelle Alice et cela fait dix ans qu'elle se bat pour avoir un enfant. PUPILLE est l'histoire de la rencontre entre Alice, 41 ans, et Théo, trois mois."
Le personnage principal est un bébé mais c'est toute l'enfance qui est représentée ici à travers des portraits de travailleurs sociaux. C'est un film qui pourrait faire office de documentaire tellement il est précis sur tout ce processus (des amis adoptants s'y sont totalement retrouvés...). Pourtant c'est un vrai film de cinéma avec une histoire, un déroulement des faits précis, des émotions, des larmes, de la joie, un dénouement...
Une histoire magnifique d'amour d'une mère pour son enfant racontée ici avec pudeur et simplicité.
Assistant(e) social(e), un métier pas toujours facile qui se heurte aux enfants en détresse, aux parents à la ramasse et même si le film se concentre sur l'histoire de Théo, on sent bien que derrière il y aussi tout le reste, ces enfants ballotés qui ne peuvent pas être adoptés, ces assistants sociaux qui rament et qui sont aussi déçus que les enfants quand le parent fait défaut...
Le parcours de l'adoption est bien retracé, ça peut être très long et les situations personnelles changent comme celle d'Alice qui doit tout recommencer à zéro après son divorce. Le désir d'enfant peut transcender tout comme il peut faire perdre la raison. Il y a une scène dure dans laquelle (toujours géniale Olivia Côte) tente d'expliquer à un couple qu'elle n'est pas là pour satisfaire leur désir d'enfant mais pour trouver à un enfant la meilleure famille pour lui...
Elodie Bouchez, toujours juste dans son jeu, en future maman motivée et maman rayonnante, Gilles Lellouche, tendre et touchant en assistant maternel investi, Sandrine Kiberlain, intègre et attentive travailleuse sociale à la vie privée malheureuse, Olivia Côte, qui doit rester impartiale et de marbre devant des parents désemparés ou en colère, Stefi Celma, une infirmière douce et empathique... et tous les autres qui incarnent avec justesse et sincérité tous les maillons de la chaine de l'aide sociale à l'enfance et des services adoptifs... Un casting parfait du plus petit au plus grand rôle, un régal à tous les niveaux...
J'ai pleuré comme beaucoup de ceux qui l'ont vu mais on pleure aussi de joie ! Un film magnifique !
Pourquoi j'y suis allée : pour le sujet, le casting et parce que j'avais bien aimé le premier de la réalisatrice "Elle l'adore".
Les veuves de Steve McQueen
Une histoire de braquage par nécessité, parce qu'il faut survivre, parce que dans le vie rien n'est jamais figé. Ces veuves se retrouvent du jour au lendemain face à des difficultés qu'elles ne soupçonnaient pas leur tomber dessus aussi vite. Elles se retrouvent face au monde sur lequel elles fermaient plus ou moins les yeux du vivant de leur conjoint.
Le film ne nous épargne pas quelques scènes violentes, c'est un monde qui ne rigole pas et surtout pas avec l'argent. Les actrices qui incarnent ces veuves sont magnifiques. Veronica Rawlins (Viola Davis) complètement désemparée face à son monde qui s'écroule, se montre dure et froide, dépassée par une lutte qui n'est pas la sienne tout en étant ravagée par le chagrin. Son manque d'empathie pour les autres ne la rend pas sympathique au premier abord mais elle ne sait pas exprimer autre chose trop absorbée par ses ressentis. Alice (géniale Elizabeth Debicki) a beaucoup plus de force en elle que son état de perpétuelle victime des autres, sa mère puis son mari, ne laissait pas soupçonner. Linda (Michelle Rodriguez) est en colère tandis que Belle (Cynthia Erivo) se greffe au trio pour s'en sortir et nourrir ses enfants. Ces quatre tempéraments vont s'accorder tant bien que mal pour rembourser des dettes et voir l'avenir sous un jour meilleur.
On a envie qu'elles réussissent mais on sait bien que dans ce monde de pourris, les obstacles vont s'accumuler. Sur fond de campagne politique, de politiciens véreux, de racisme, de machisme, de dealers cruels, ces femmes vont relever la tête sans l'aide de personne et vont décider pour elles-mêmes...
J'ai trouvé le début un peu long à démarrer, mais j'ai beaucoup aimé suivre la rencontre et le cheminement de ces veuves courageuses et résignées...
Pourquoi j'y suis allée : pour le réalisateur et le sujet
Amanda de Mikhaël Hers
"Paris, de nos jours. David, 24 ans, vit au présent. Il jongle entre différents petits boulots et recule, pour un temps encore, l’heure des choix plus engageants. Le cours tranquille des choses vole en éclats quand sa sœur aînée meurt brutalement. Il se retrouve alors en charge de sa nièce de 7 ans, Amanda."
David est proche de sa grande soeur Sandrine et de sa nièce Amanda qu'il va souvent chercher à l'école. C'est une fratrie complice qui se soutient, Sandrine est maman solo, et qui partage une vie sociale avec des amis communs. Un seul sujet de discorde entre eux. Leur mère qui les a quittés lorsqu'ils étaient enfants. Sandrine s'apprête à renouer des liens tandis que David ne veut rien entendre. Il rencontre Léna de laquelle il devient proche et la présente à sa soeur.
Un soir parisien dans la douceur de l'été, tout bascule... Le drame, l'horreur, Sandrine est morte, Léna est blessée... David est sonné mais il n'a pas le temps de faire son deuil, une petite fille de 7 ans a besoin de lui. Il doit faire face à sa tristesse infinie et annoncer l'impensable à sa nièce...
Pour lui qui a toujours mené sa vie comme elle venait, la responsabilité d'Amanda n'est pas évidente à assumer. Il est un oncle mais il va devoir assurer un rôle de parent tout en essayant de faire face à l'immense vide laissé par sa soeur...
Ce n'est pas facile tous les jours et Amanda souffre de son côté tandis que David souffre du sien. Ces deux là vont devoir réapprendre à vivre, ensemble... Sans compter Léna qui a besoin de temps après le traumatisme de l'horreur...
Le deuil, le traumatisme, la famille... Le réalisateur réussit à parler d'un sujet douloureux, qui réveillera tant de choses enfouies ou à peine digérées, avec justesse et émotion retenue. Même si je n'ai pas réussi à retenir mes larmes souvent c'est justement parce que rien n'est forcé, le réel comme on le vit et le ressent...
Pourquoi j'y suis allée : pour Vincent Lacoste (qui décidément est toujours parfait), je connaissais à peine le sujet avant d'aller voir le film...
Diamantino de Gabriel Abrantes, Daniel Schmidt
"Magnifique, candide et attachant, Diamantino est l’icône planétaire du football, un héros flamboyant touché par la grâce. Quand soudain, en pleine Coupe du Monde, son génie s’envole dans les vapeurs roses de ses visions magiques, sa carrière est stoppée net. Problème : il ne connaît rien d’autre.
La star déchue, devenue objet de risée nationale, découvre alors le monde – les autres... Cela ne va pas se faire sans accrocs..."
Diamantino après avoir été touché par la grâce du football, se retrouve touché par le sort des migrants. Il est vraiment gentil malgré sa naïveté d'enfant et ses soeurs cupides et horripilantes vont s'en prendre à lui, cible facile et consentante. Il va servir de cobaye pour des expériences de manipulations génétiques sur fond de complot de prise de pouvoir par l'extrême droite. Pendant ce temps, il recueille un réfugié dont il fait son fils adoptif mais en réalité c'est une jeune flic chargée d'enquêter sur une fraude fiscale.
On suit Diamantino, désarmant de générosité, de gentillesse et de simplicité. Il est un grand enfant qui a besoin d'amour, surtout après la mort de son père... Le film joue évidemment sur l'image des footballeurs sans cervelle et physiquement, on ne peut s'empêcher de penser à Ronaldo et sa popularité de dieu vivant au Portugal. Le football, opium du peuple et pouvant servir de vecteur à des idées extrêmes ça parait crédible...
"Diamantino" est un véritable ovni à tous les niveaux mais le fond est intéressant. Le film part dans tous les sens et aborde beaucoup de sujets, ça fait un peu trop pour un seul film. Certains effets de mise en scène sont volontairement désuets comme si on regardait une mauvaise série B mais le tout donne au film un certain charme et le personnage de Diamantino est carrément attachant...
Pourquoi j'y suis allée : l'affiche m'a attirée
Les chatouilles de Andréa Bescond et Eric Métayer
"Odette a huit ans, elle aime danser et dessiner. Pourquoi se méfierait-elle d’un ami de ses parents qui lui propose de « jouer aux chatouilles » ? Adulte, Odette danse sa colère, libère sa parole et embrasse la vie..."
Après avoir subi des violences sexuelles de la part du meilleur ami de ses parents, Odette grandit tant bien que mal avec un "monstre" à l'intérieur qui lui aussi grandit... Elle mettra du temps à se construire et à se reconstruire avec l'aide d'une psy durant des années.
Mettre des mots sur un crime, avouer enfin à ses parents, réussir une vie affective apaisée, tout un parcours qu'Odette va faire tout en nous faisant revivre son enfance en flashback... La manipulation psychologique exercée par le pédophile est glaçante de réalité...
C'est violent évidemment tout comme la réaction de sa mère ne voulant pas y croire. Cette même mère qui n'a rien vu et qui a toujours entretenu une relation conflictuelle avec sa fille comme si elle était jalouse de son enfant... De cette mère on comprendra qu'il y a eu un passé compliqué mais on ne saura pas lequel. En tout cas, rien ne peut justifier son comportement à mes yeux... Karine Viard incarne à merveille cette mère froide et horrible même, détestable...
Andréa Bescond joue son propre rôle dans sa propre histoire... Un film fort et bouleversant sur un sujet qui malheureusement continue à faire les gros titres des journaux...
Pourquoi j'y suis allée : pour le sujet
Yomeddine de A.B Shawky
"Beshay, lépreux aujourd’hui guéri, n’avait jamais quitté depuis l’enfance sa léproserie, dans le désert égyptien. Après la disparition de son épouse, il décide pour la première fois de partir à la recherche de ses racines, ses pauvres possessions entassées sur une charrette tirée par son âne.
Vite rejoint par Obama, un orphelin nubien qu’il a pris sous son aile, il va traverser l’Egypte et affronter ainsi le Monde avec ses maux et ses instants de grâce dans la quête d’une famille, d’un foyer, d’un peu d’humanité…"
Un duo très attachant formé par deux être rejetés de partout. Beshay est lépreux et même s'il n'est plus contagieux, son physique fait fuir au premier abord. Obama est un orphelin trimbalé de foyer en foyer depuis son plus jeune âge. On sent qu'Obama aime bien la compagnie de Beshay qu'il considère comme ce qu'il y a de plus proche d'un père.
C'est un road movie à travers une Egypte qu'on n'a pas l'habitude voir au cinéma. Obama, un enfant qui cherche ses origines, Beshay, un adulte qui recherche ses parents et tous les deux sont nourris par l'espoir infime d'écrire leur propre histoire en sachant qui ils sont, enfin... Sur leur route ils vont rencontrer des gens pas très sympathiques mais vont aussi se faire des amis...
C'est une histoire de famille, celle qu'on cherche, celle qu'on trouve et surtout celle qu'on se crée... Une histoire émouvante mais sans pathos et la candeur des deux comédiens amateurs rend leur duo encore plus sincère.
Pourquoi j'y suis allée : Le personnage de Beshay m'a touchée quand j'ai vu la bande annonce...
Crazy Rich Asians de John M. Chu
"Née à New York, Rachel Chu n'est jamais allée en Asie. En accompagnant son fiancé Nick Young au mariage de son meilleur ami à Singapour, Rachel est donc enchantée de découvrir le continent de ses ancêtres…même si elle redoute un peu de rencontrer la famille de son fiancé. Il faut dire que Nick a omis quelques détails d'importance. Car il est non seulement l'héritier d'une des familles les plus riches du pays, mais aussi l'un de ses célibataires les plus recherchés. Rachel devient alors la cible de toutes les jeunes femmes de la bonne société singapourienne en mal de maris et, pire encore, de sa future belle-mère. Si l'amour ne s'achète pas, l'argent rend les situations parfois bien complexes…"
L'histoire classique du couple qui n'est pas du même milieu et dont la famille ne voit pas d'un bon oeil l'alliance avec une "roturière". Il y a aussi le poids des traditions qu'elles soient familiales, sociales et culturelles.
Une plongée dans le Singapour des ultras riches et j'ai halluciné des décors, des soirées, des tenues... Une sorte de voyage féérique dans un monde ultra kitsch où l'argent domine tout. C'est drôle et j'ai pris un grand plaisir à voyager dans un milieu que je connais pas. Parce qu'il y a une énorme différence entre des gens très à l'aise et des millionnaires ! Un vrai monde à part !
Nick et Rachel sont tellement choux, leur amour crève l'écran et même si le film n'est pas si percutant, ça reste une jolie comédie romantique !
Pourquoi j'y suis allée : j'aime les comédies romantiques