The square, L'Atelier, Numéro une / Revue de films
Publié le 24 Octobre 2017
The Square de Ruben Östlund
"Christian est le conservateur apprécié d’un musée d’art contemporain, il fait aussi partie de ces gens qui roulent en voiture électrique et soutiennent les grandes causes humanitaires. Il prépare sa prochaine exposition, intitulée « The Square », autour d’une installation incitant les visiteurs à l’altruisme et leur rappelant leur devoir à l’égard de leurs prochains. Mais il est parfois difficile de vivre en accord avec ses valeurs : quand Christian se fait voler son téléphone portable, sa réaction ne l’honore guère…"
Je n'avais vu que la bande annonce et je pensais voir un film dans lequel un directeur de musée lance une sorte de jeu de rôle comme une oeuvre d'art contemporain pour dénoncer les comportements égoïstes de ses contemporains... C'est bien la première fois qu'une bande annonce me trompe autant car j'ai vu un film assez différent de celui auquel je m'attendais !
Un gros effet de miroir quand on bosse comme moi dans le secteur de la culture, on s'y croirait ! Beaucoup de situations décalées, un effet très scandinave finalement... Le film est très bavard et étire les scènes parfois jusqu'au malaise quand ce n'est pas de l'agacement. Les situations sont poussées jusqu'à l'absurdité. Il y a un décalage constant entre les univers et les situations.
Dans la vie de Christian, tout dérape petit à petit suite au vol de son portable. Comme un petit grain de sable dans un monde totalement bien huilé, grain de sable qui va tout faire exploser.
C'est un film totalement barré qui met à mal l'art contemporain et son petit milieu élitiste ainsi que la tolérance de la société suédoise. J'ai plutôt aimé mais avec un goût de trop peu et j'avoue ne pas saisir le pourquoi de la Palme d'Or. Claes Bang dégage quelque chose de magnétique mais je n'ai pas compris l'intérêt d'avoir pris des acteurs étrangers comme Elisabeth Moss (grosse déception) et Dominic West (on le voit 5 minutes dans un rôle copié collé de celui qu'il joue dans The Affair).
Pourquoi j'y suis allée : pour voir cette palme d'or si controversée !
L'Atelier de Laurent Cantet
"La Ciotat, été 2016. Antoine a accepté de suivre un atelier d’écriture où quelques jeunes en insertion doivent écrire un roman noir avec l’aide d’Olivia, une romancière connue. Le travail d’écriture va faire resurgir le passé ouvrier de la ville, son chantier naval fermé depuis 25 ans, toute une nostalgie qui n'intéresse pas Antoine. Davantage connecté à l'anxiété du monde actuel, il va s’opposer rapidement au groupe et à Olivia, que la violence du jeune homme va alarmer autant que séduire. "
On pourrait se dire que c'est facile comme sujet, un atelier d'écriture pour des jeunes plutôt défavorisés, sur lesquels on a forcément des à priori. Et il va jaillir des trucs incroyables etc... Oui mais Laurent Cantet a évité tous les écueils liés à son sujet.
Ces jeunes n'ont clairement pas l'habitude de se livrer devant les autres et Olivia les encourage à donner des idées. Pas facile d'exprimer en face d'un auditoire, les critiques fusent aussi vite que les idées sortent. On pense que ce n'est pas gagné parce qu'ils sont trop différents mais on va vite se rendre compte qu'un passé commun tout comme l'amour d'une ville et d'un quartier sont rassembleurs... Chacun a des choses à partager et l'atelier révèle des caractères aussi bien que des talents. L'écrit n'est pas forcément le reflet d'une parole pas toujours bien maitrisée, au contraire...
Qui dit groupe, dit tensions, les jeunes réagissent à l'actualité avec leurs origines et leurs clichés ancrés comme dans toute la société. On sent bien l'ambivalence et le cheminement d'un jeune comme Antoine qui se cherche, qui explore diverses voies avant de trouver la sienne. L'écriture est une forme d'introspection qui fait jaillir des choses magnifiques et profondément enfouies. Son parcours est vraiment intéressant, pas étonnant qu'il fascine Olivia.
L'atelier fait du bien aux jeunes mais aussi à Olivia qui s'interroge sur son inspiration d'écrivain, sur son processus de création et sur la création en général.
On ressort de la salle heureux d'avoir vu un beau film intelligent et intéressant. J'ai beaucoup aimé. Un film sincère qui fait du bien !
Pourquoi j'y suis allée : pour le sujet et Marina Foïs
Numéro une de Tonie Marshall
"Emmanuelle Blachey est une ingénieure brillante et volontaire, qui a gravi les échelons de son entreprise, le géant français de l'énergie, jusqu'au comité exécutif. Un jour, un réseau de femmes d'influence lui propose de l'aider à prendre la tête d'une entreprise du CAC 40. Elle serait la première femme à occuper une telle fonction. Mais dans des sphères encore largement dominées par les hommes, les obstacles d'ordre professionnel et intime se multiplient. La conquête s'annonçait exaltante, mais c'est d'une guerre qu'il s'agit. "
Malgré ses capacités, ses collègues masculins ne lui font aucun cadeau, elle doit toujours prouver deux fois plus... Et parce qu'elle fait de l'ombre, on lui propose une promotion aux ressources humaines, un poste plus élevé mais moins valorisant. Pas facile d'être une successfull woman dans un monde de dirigeants très masculins.
Elle ne recherche pas le pouvoir à tout prix mais va accepter le défi parce que non seulement ce serait un message fort mais aussi parce que 10 000 emplois sont en jeu. Elle va devoir supporter des réflexions misogynes incessantes et la guerre va rejaillir jusque dans sa vie privée.
Le film est une chronique sociale menée comme un polar avec du suspense et des sales coups. Emmanuelle doit lutter contre une société machiste tout en luttant contre ses propres démons et c'est là où le film vise juste. On nous montre une femme comme les autres qui tente de mener de front sa vie pro et sa vie privée tout en essayant de colmater les brèches d'un passé familial qui a laissé des traces... Un peu comme beaucoup d'entre nous...
Pourquoi j'y suis allée : parce que j'aime bien Tonie Marshall et pour le sujet