Mal de pierres, Captain Fantastic, Le Teckel / Revue de films
Publié le 29 Octobre 2016
Mal de pierres de Nicole Garcia
"Gabrielle a grandi dans la petite bourgeoisie agricole où son rêve d’une passion absolue fait scandale. A une époque où l’on destine d’abord les femmes au mariage, elle dérange, on la croit folle. Ses parents la donnent à José, un ouvrier saisonnier, chargé de faire d’elle une femme respectable. Gabrielle dit ne pas l’aimer, se voit enterrée vivante.
Lorsqu’on l’envoie en cure thermale pour soigner ses calculs rénaux, son mal de pierres, un lieutenant blessé dans la guerre d’Indochine, André Sauvage, fait renaître en elle cette urgence d’aimer. Ils fuiront ensemble, elle se le jure, et il semble répondre à son désir. Cette fois on ne lui prendra pas ce qu’elle nomme « la chose principale ». Gabrielle veut aller au bout de son rêve."
Gabrielle semble étouffer dans sa vie rangée auprès de ses parents propriétaires d'une exploitation de lavande. Elle rêve du grand amour passionnel, celui qu'on lit dans les romans. Elle a des envies, des pulsions qui l'entrainent loin. Dans la folie disent certains dont ses parents, à demi-mots...
On ne sait pas vraiment ce qu'elle a, elle est "borderline" comme on dit mais est-ce vraiment la vérité ? Elle ne rentre pas dans les cases et ne fait pas ce qu'on attend d'elle. Comme elle gène, on la marie à José, un ouvrier espagnol saisonnier. Entre eux, c'est la cohabitation choisie mais forcée. Gabrielle n'arrive pas à être bienveillante avec son mari qui lui, continue à souffrir en silence et à prendre le peu qu'elle veut bien donner. José est un taiseux, on aurait envie qu'il explose, qu'il n'accepte pas, mais non...
Gabrielle souffre de calculs, le fameux mal de pierres, et part faire une cure. Elle s'y ennuie profondément et va s'attacher à une jeune employée (jouée par Aloïse Sauvage, prometteuse actrice que j'ai découverte dans l'univers du cirque) ainsi qu'au mystérieux André Sauvage qui va lui apporter son lot de romanesque et d'aventures. Elle va vivre une histoire inaboutie qui la marquera à jamais. Elle est comme une enfant qui reçoit enfin le cadeau tant attendu... Elle se jette sur cet amour comme sur une bouée de sauvetage et éprouve enfin ce qu'on peut ressentir quand on a trouvé ce qu'on cherchait... Mais les choses ne sont pas aussi simples...
Gabrielle retourne à sa vie de femme et de mère et continue du mieux qu'elle peut en n'abandonnant jamais l'espoir de partir retrouver André... Combien de vies gâchées ou entre parenthèses ? La fin inattendue donne une autre vision de l'histoire...
Les acteurs sont sublimés à travers la caméra de Nicole Garcia. Marion Cotillard n'a jamais été aussi belle et intense. Elle crève l'écran. Quand à Louis Garrel, son meilleur rôle depuis longtemps pour moi.
Un film magnifique qui m'a emportée jusqu'au bout...
Pourquoi j'y suis allée : j'aime la Nicole Garcia réalisatrice et pour le casting. Je dois faire partie des rares personnes qui ne crachent pas sur Marion Cotillard, cette haine française est totalement injustifiée...
Captain Fantastic de Matt Ross
"Dans les forêts reculées du nord-ouest des Etats-Unis, vivant isolé de la société, un père dévoué a consacré sa vie toute entière à faire de ses six jeunes enfants d’extraordinaires adultes. Mais quand le destin frappe sa famille, ils doivent abandonner ce paradis qu’il avait créé pour eux. La découverte du monde extérieur va l’obliger à questionner ses méthodes d’éducation et remettre en cause tout ce qu’il leur a appris. "
La première scène est un peu hard, celle d'un rite initiatique où l'homme prend le pouvoir sur l'animal. Il y a du sang, de la violence et quand on se rend compte de ce que c'est on se dit "ah oui quand même, elle va loin l'éducation dans la nature..."
Cette famille pas comme les autres vit dans la nature, coupée du monde mais pas de tout le confort matériel, si on excepte l'électricité. Les enfants sont très cultivés, bien plus qu'en ayant suivi un cursus scolaire, ils n'utilisent juste pas la technologie moderne dans leur vie de tous les jours et bien évidemment n'ont ni tablettes, ni portables, ni télé...
C'est une éducation où on répond à toutes les questions des enfants quel que soit leur âge, même les plus embarrassantes sur le sexe ou la mort.
Le retour à la civilisation s'impose parfois, il faut bien gagner de quoi vivre, la nature ne fournit pas tout pour une famille avec 6 enfants.
Mais quand le retour à la civilisation devient impératif, ça n'est pas toujours facile pour les enfants qui hallucinent devant ce qu'ils trouvent "anormal" ainsi que pour le père qui doit faire face aux regards accusateurs des autres adultes.
Les concepts appris dans la nature ne sont pas tous valables dans la société et les contradictions sautent aux yeux : vol, mensonge, armes...
Confrontation de deux mondes, la vérité à tout prix, les mensonges pour soi disant protéger les enfants, la franchise et l'hypocrisie en général.
Quelques facilités car on s'attend à ce que les enfants soient confrontés aux jeux vidéo, à la vacuité de la possession des marques etc... les gamins élevés au portable et à la console qui ne semblent avoir aucune autre activité dans leur vie et une capacité d'analyse niveau zéro.
Parfois je me suis demandée "C'est quoi le but du film ?" Montrer que l'éducation alternative est mauvaise ? Que c'est dangereux pour les enfants ?...Ils sont temporairement inadaptés mais ils ont une richesse intérieure qui leur permettra de s'en sortir dans toutes les situations.
En conclusion, il y a une alternative à trouver entre ces deux mondes, il y a un moyen de concilier les deux...
Viggo Mortensen incarne à la perfection cet homme et ce père fidèle à ses principes qui va devoir se remettre sacrément en question et c'est forcément l'amour qui va le guider. Son amour indéfectible pour ses petits... Un film touchant qu'on vit comme une belle aventure et qui nous fait réfléchir sur le sens de notre quotidien...
Pourquoi j'y suis allée : Viggo, c'est suffisant comme réponse ?
Le Teckel de Todd Solondz
"Le portrait d’un teckel et de tous ceux auxquels il apporte un bref instant de bonheur au cours de son voyage. "
On offre un chien à un enfant en rémission d'un cancer. les parents ne sont pas d'accord sur ce cadeau et l'ambiance à la maison est d'une froideur sans nom chez ces riches bourgeois, leur relation sinistre... On se dit que l'enfant aurait plus besoin de la chaleur de ses parents et le chien bouscule le petit confort bourgeois, on ne lui fait pas de place...
Ils se débarrassent du chien qui atterrit chez une jeune femme solitaire en mal d'amour et de tendresse. Elle tombe par hasard sur Brandon, un ancien camarade de collège. Ils vont prendre la route avec le chien... En fait la fille c'est Dawn de "Bienvenue dans l'âge ingrat" le film qui a fait connaître Todd Solondz. Du coup cette histoire là devient un des moments forts du film, c'est celle que j'ai préféré.
Après, on ne sait pas pourquoi et comment, on retrouve le chien chez un professeur de cinéma. L'occasion d'un come back remarquable de Danny de Vito en prof aigri et désabusé dont la vision archaïque du cinéma se trouve confrontée à celle, plus moderne, de ses jeunes élèves. Le teckel est finalement très absent de cette partie, on le retrouve pour un final explosif...
Puis nous voilà chez une vieille dame qui reçoit la visite de sa nièce. Il y une scène géniale ou la vielle dame voit tous ses doubles, qui représentent chacun la vie qu'elle aurait pu avoir en fonction de ses choix...
J'ai été décontenancée par l'utilisation du chien. Cela fonctionne très bien dans les deux premières histoires mais ensuite ça tombe à plat. J'ai été perdue parce que le chien sort de nulle part dans les deux dernières histoires, si c'est le même, ça ne colle pas... la narration n'est plus la même, le film est vraiment divisé en deux parties et ça donne une suite de sketches aléatoire... Déçue donc au final même si j'ai aimé le début.
Sinon il est trop chou ce petit teckel, cette petite saucisse !
Pourquoi j'y suis allée : je trouvais l'idée de base intéressante. Todd Solondz est inégal pour moi mais je reste toujours curieuse.